Le vétéran

peuvent appartenir aussi bien au propriétaire qu'à Cornish.
    Assis au fond du prétoire, Jack Burns sentit son estomac se retourner. Miss Verity Armitage. Elle avait ramassé le portefeuille dans sa boutique.
    - Mr Adams, le portefeuille a été dérobé dans la poche du défunt vers deux heures de l'après-midi, mardi il y a quinze jours. ¿ peu près à la même heure le mercredi, Mr Cornish était en garde à vue. Il a donc forcément laissé ses empreintes dans cet intervalle de vingt-quatre heures.
    - Oui.
    - Cependant, le portefeuille n'a été retrouvé que le dimanche matin. H a d˚
    passer entre quatre jours et demi et cinq jours et demi dans l'herbe.
    Malgré ça, les empreintes étaient encore très distinctes.
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    - H n'avait pas été détérioré par l'humidité. Si l'objet reste bien au sec, il n'y a pas de problème.
    - Pouvez-vous dire avec précision si Mr Cornish a laissé ses empreintes sur le plastique le mardi après-midi, ou plutôt le mercredi matin ?
    - Non, maître.
    - Mercredi matin, deux jeunes gens qui descendent Mandela Road aperçoivent un portefeuille dans le caniveau. M˚ par une curiosité toute naturelle, l'un des deux s'arrête pour le ramasser et inspecte son contenu. H n'y a rien à l'intérieur, ni argent ni papiers. C'est un portefeuille bon marché, qui ne vaut pas un sou. Il le lance en l'air, par-dessus la clôture qui sépare Mandela Road d'un terrain vague. Il atterrit à une dizaine de mètres derrière et reste là jusqu'à ce qu'un chien le découvre le dimanche. C'est vraisemblable ?
    - Je suppose que oui.
    - Je veux une réponse claire, Mr Adams. Dans ces conditions, est-ce que les empreintes correspondraient à ce que vous avez trouvé ?
    - Oui.
    Encore un message destiné à Jonathan Stein : voilà la version des faits que va donner Harry Cornish, et elle constitue une justification satisfaisante des empreintes retrouvées sur le portefeuille. Mr Jonathan Stein prenait des notes, baissant les yeux d'un air pensif.
    Il restait encore Mr Veejay Patel. Ses identifications et sa déposition ne laissaient aucune place au doute. Miss Sundaran le guida étape par étape dans ses déclarations. Au fond de la salle, Burns commençait à se détendre.
    Il l'aurait, sa mise en accusation. Vansittart se leva.
    - Mr Patel, vous êtes quelqu'un d'honnête.
    - Je l'espère.
    - Un homme qui, s'il craignait tant soit peu d'avoir commis une erreur, ne serait pas assez orgueilleux pour en rejeter l'idée.
    - J'espère que non.
    - Vous dites dans votre déposition que vous avez très bien vu Mr Priée parce qu'il était tourné vers vous.
    - Oui, il était placé à droite par rapport à ma vitrine, tourné vers moi de trois quarts.
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    - Mais il faisait également face à la victime, si bien que celle-ci vous tournait le dos. C'est même la raison pour laquelle vous n'avez pas pu aider la police à l'identifier.
    - C'est vrai.
    - Vous dites aussi que le deuxième agresseur, que vous pensez être Mr Cornish, se tenait derrière la victime. Dans ce cas, il devait lui aussi vous tourner le dos ?
    - Oui.
    - Dans ces conditions, comment avez-vous pu distinguer ses traits ? Mr Patel eut l'air inquiet.
    - Je ne les ai pas vus à ce moment-là, mais plus tard, quand ils se sont approchés de l'homme couché sur le trottoir, pour lui donner des coups de pied.
    - Mr Patel, si vous étiez en train de bourrer de coups de pied un homme allongé au sol, dans quelle direction regarderiez-vous ?
    - Eh bien, vers l'homme en question.
    - C'est-à-dire par terre ?
    - Oui.

    - Si la cour veut bien m'accorder cette faveur, je demande à Harry Cornish de se lever.
    Sur le banc des accusés, Harry Cornish se mit debout, en même temps que le gardien de prison auquel il était menotte. Mr Stein eut l'air surpris, mais Vansittart n'en poursuivit pas moins :
    - Mr Cornish, auriez-vous l'obligeance de regarder un point à vos pieds ?
    Cornish obéit. Ses cheveux filasse retombèrent sur son visage, masquant ses traits à la cour. Il y eut alors un silence abasourdi.
    - Vous pouvez vous rasseoir, Mr Cornish, fit Vansittart. H s'adressa au commerçant ougandais sans la moindre agressivité :
    - Mr Patel, je pense que vous avez vu un jeune homme mince, au teint blême et aux cheveux longs, à une distance de trente mètres. Le lendemain, quand on vous a montré la photo d'une personne répondant à ce signalement, vous avez supposé qu'il s'agissait du même homme. Est-ce que ça a pu se passer ainsi ?
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