Le vétéran
s'installait...
H jeta un coup d'ceil autour de lui. Plusieurs sièges s'alignaient contre le mur.
- Il se mettait là-bas avec Nobby Clarke. «a vous dit quelque chose ?
Les bureaux de la Sécu ne se prêtent pas tellement à la conversation, du moins entre le personnel retranché derrière les guichets vitrés et les demandeurs qui font la queue. Une des employées finit par se souvenir de la personne en question. Peter Benson, peut-être ? L'ordinateur se chargea du reste. Le chef de service tapa le nom de Peter Benson. En raison des nombreuses fraudes aux allocations au cours des dernières années, la Sécurité sociale exige une photo de chaque bénéficiaire. Celle de Benson n'était qu'une petite photo d'identité, mais ça suffisait largement.
- Domicile ? demanda Burns, tandis que Skinner prenait des notes.
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- «a fait environ trois semaines qu'il ne s'est pas présenté, déclara l'employée. Il doit être en vacances.
- Non, répliqua Burns, il est mort. Vous pouvez annuler son dossier. Il ne reviendra plus.
- Vous en êtes certain ? demanda le chef, alarmé par le côté irrégulier de l'affaire. H faudrait qu'on nous le signale officiellement.
- H n'est pas en mesure de le faire. H ne fait vraiment rien pour vous faciliter les choses.
Les deux inspecteurs trouvèrent l'adresse en consultant la liste des rues de Londres et en interrogeant quelques voisins. L'immeuble se trouvait dans une cité et le petit deux pièces était situé au quatrième étage. Ils durent monter à pied, l'ascenseur ne fonctionnant pas. Ils s'introduisirent à
l'intérieur. L'appartement était modeste mais bien tenu. Une poussière de trois semaines et quelques mouches mortes tapissaient le rebord de la fenêtre, mais il n'y avait pas trace de nourriture moisie. Des assiettes et des tasses propres étaient posées sur l'égouttoir près de l'évier. Le tiroir d'une table de chevet leur livra des souvenirs de l'armée et cinq décorations militaires, parmi lesquelles la Mili-tary Medal, qui récompense le courage au combat. L'étagère était garnie de livres de poche défraîchis, et les murs s'ornaient de gravures. Burns finit par s'arrêter devant une photographie encadrée accrochée au mur du salon. quatre jeunes gens souriants braquaient leur regard vers l'objectif. ¿ l'arrière-plan, une étendue désertique et le devant d'un fort de pierre. Sous la photographie, on pouvait lire ´ Mirbat, 1972 ª.
- Mirbat, qu'est-ce que c'est ? demanda Skinner qui s'était approché.
- C'est le nom d'un endroit. Un petit village. Dans la province de Dhofar, à l'est du sultanat d'Oman, au bout de la péninsule Saoudienne.
Tous les jeunes gens portaient des tenues de camouflage adaptées au désert.
L'un d'eux était coiffé d'un keffieh arabe à petits carreaux, fixé par une double cordelette noire. Les trois autres arboraient des bérets beiges à
écusson. Burns savait qu'une loupe lui aurait permis de distinguer un insigne : une dague ailée surmontée de trois lettres, et trois mots brefs en dessous.
- Comment vous le savez ? demanda Skinner.
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- Un jour, la reine est venue en visite dans le Devon, et je faisais partie du service d'ordre. Parmi nous, il y avait deux types issus de ce régiment.
Le travail de garde du corps implique pas mal d'attente, et on a commencé à
échanger des souvenirs. Us nous ont parlé de Mirbat.
- qu'est-ce qui s'est passé là-bas ?
- Une bataille. C'était une période de guerre. Une guerre secrète. On avait envoyé du Yémen des terroristes communistes pour renverser le sultan.
L'Angleterre a expédié le BATT, ou British Army Training Team. Un jour, une armée de deux à trois cents terroristes a attaqué le village et la garnison de Mirbat. D y avait là dix hommes de ce régiment et un groupe de conscrits du
cru.
- Et qui a gagné ?
Burns tapota du doigt la photographie.
- C'est eux qui ont gagné. De justesse. Ils ont perdu deux de leurs hommes, mais ils ont abattu plus de cent terroristes, et les autres ont pris la fuite.
Trois des hommes étaient debout, et le quatrième se tenait devant eux, un genou appuyé à terre. La scène remontait à vingt-quatre ans, dans un village oublié du désert. Le jeune homme placé devant était un soldat.
Derrière lui se tenaient un sergent, un caporal, et un jeune officier ou ´
Rupert ª.
Skinner se pencha et posa un doigt sur le soldat accroupi.
- C'est lui, Peter Benson. Le pauvre diable. Se sortir de tout ça pour
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