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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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que Trumpington Gore attendait toujours une réponse. Il y avait une explication très simple à cela : l'accumulation de travail en retard.
    Comme dans toutes les grandes salles des ventes, plus de quatre-vingt-dix pour cent des peintures, porcelaines, bijoux, grands millésimes, fusils de chasse et pièces d'ameublement proposés par Darcy avaient une origine connue et facilement véri-fiable. quelques informations sur leur provenance figuraient souvent dans le catalogue de présentation. Une belle pièce était fréquemment présentée comme áppartenant à un gentleman ª, ou à ´ la succession de monsieur Untel, récemment décédé ª.
    Le service d'expertise gratuite que Darcy offrait au public mécontentait certaines personnes, sous prétexte qu'on gaspillait un temps considérable pour des rogatons, alors que les pièces susceptibles d'être vendues étaient extrêmement rares. Cependant, ce service avait été mis en place par le fondateur, George Darcy, et on avait perpétué la tradition. Une fois de temps en temps, il arrivait qu'un quidam aussi chanceux qu'optimiste découvre que la vieille tabatière en argent de grand-père était en 92
    fait une rareté très prisée de l'époque géorgienne. Mais ces cas restaient exceptionnels.
    Au département des peintures de la Renaissance, une commission d'experts se réunissait tous les quinze jours, présidée par le directeur et son éternel noud papillon. Le pointilleux Sébastian Mortlake était assisté de deux collègues. Pendant les dix jours de cohue qui précédaient NoÎl, il décida de rattraper l'intégralité du travail en retard. Cette remise à jour nécessita une session quasiment ininterrompue qui dura cinq jours - jusqu'à
    ce que Mortlake et ses collaborateurs en aient assez.
    Mr Mortlake comptait sur l'aide de l'épaisse liasse de formulaires remplis au moment du dépôt. H appréciait particulièrement ceux qui mentionnaient clairement l'identité de l'artiste. Ils fournissaient au moins un nom aux rédacteurs du futur catalogue, ainsi qu'une date approximative. Et pour connaître le sujet de l'ouvre, il suffisait de jeter un coup d'ceil.
    Il mit à part les lots qu'il avait sélectionnés pour une éventuelle vente.
    Une des secrétaires enverrait un courrier aux propriétaires pour savoir s'ils acceptaient de vendre, en tenant compte de l'estimation proposée. Si la réponse était positive, une clause figurant sur le formulaire de dépôt stipulait que la pièce ne pouvait être vendue ailleurs que chez Darcy. En cas de réponse négative, le propriétaire serait prié de récupérer son bien dans les plus brefs délais. En effet, le stockage des ouvres occasionne des frais.
    Une fois qu'on avait procédé à la sélection et que le propriétaire avait donné son accord, Mortlake pouvait choisir la vente dans laquelle il souhaitait inclure le tableau. Il était temps alors de préparer le catalogue. Pour les ouvres peu connues d'artistes mineurs - celles qui n'avaient fait qu'effleurer le regard clair de Sébastian Mortlake -, la notice employait des termes comme ćharmant ª, sous-entendu ´ quand on aime ce genre de choses ª, ou óriginal ª, ce qui signifiait ´ le peintre a d˚ b‚cler ça après un bon gueuleton ª.
    Lorsqu'ils eurent examiné près de trois cents toiles, Mortlake et ses deux assesseurs étaient venus à bout des pièces confiées par les anonymes. Us n'en avaient retenu que dix, parmi lesquelles un tableau étonnant de l'école de Van Ostade. Pas de la main d'Adriaen, malheureusement. Seulement d'un élève, mais tout à fait respectable.
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    Sébastian Mortlake répugnait à sélectionner pour Darcy des ouvres dont la mise à prix était inférieure à cinq mille livres. De vastes locaux à
    Knightsbridge ne vont pas sans dépenses et en dessous de cette somme, la commission du vendeur ne risque guère de peser beaucoup sur les frais généraux. Des maisons moins prestigieuses pouvaient accepter des toiles évaluées à mille livres, mais chez Darcy c'était hors de question. En outre, la vente de la fin janvier promettait d'être importante.
    Le cinquième jour, un peu avant midi, Sébastian Mortlake s'étira et se frotta les yeux. H avait examiné deux cent quatre-vingt-dix cro˚tes, essayant vainement de débusquer le trésor caché. Mais il n'avait trouvé que dix pièces acceptables. Comme il le répétait à ses subordonnés, ńous devons faire notre travail avec plaisir, mais nous ne sommes pas une

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