Le vétéran

marchand qui voulait en décorer sa maison. Malgré
    les taches et la
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    crasse qui l'ont obscurci au fil des siècles, il présente certaines similitudes avec un... ª
    En voyant le nom, Peregrine Slade s'étrangla violemment et recracha une gorgée de thé sur sa cravate en soie.
    ´J'estime que malgré les frais induits, il serait opportun de faire nettoyer et restaurer ce tableau et, si les ressemblances se trouvent confirmées, de demander au professeur Colenso de l'expertiser en vue d'une éventuelle authentification. ª
    Slade relut trois fois la lettre. Dans les locaux de Knights-bridge, seule la lumière de son bureau trouait l'obscurité pendant qu'il réfléchissait à
    la marche à suivre. Sur son ordinateur, il consulta la liste des vendeurs pour savoir qui avait déposé cette pièce. T. Gore. Ni fax, ni téléphone, ni adresse e-mail. Domicilié dans un quartier déshérité de meublés bas de gamme. Probablement un nécessiteux doublé d'un inculte. H restait Benjamin Evans. Hum... La lettre s'achevait par un post-scriptum : Ún double a été
    envoyé à Sébastian Mortlake. ª Peregrine Slade se leva.
    Dix minutes plus tard, il revint du département des peintures de la Renaissance avec le paquet de toile de jute et le double de la lettre. Il s'occuperait de la br˚ler un peu plus tard. Il appartenait sans conteste au vice-président de régler cette affaire. C'est à cet instant que son téléphone portable se mit à sonner.
    - Perry ?
    Il identifia la voix immédiatement. ¿ la fois rauque et guindée... Sa bouche devint toute sèche.
    - Oui?
    - Tu sais qui je suis, n'est-ce pas ?
    - Oui, Marina.
    - qu'est-ce que j'ai entendu ?
    - Pardon. Oui, Miss Marina.
    - Voilà qui est mieux, Perry. Je n'aime pas qu'on omette mon titre. Il te faudra payer pour cet oubli.
    - Je suis sincèrement désolé, Miss Marina.
    - «a fait plus d'une semaine que tu n'es pas venu me voir.
    Mmmm ?
    - J'ai été bousculé avant les vacances de NoÎl.
    - Et dans l'intervalle, tu t'es conduit comme un très vilain garçon, je me trompe, Perry ?
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    - Non, Miss Marina.
    H avait l'impression que ses entrailles se liquéfiaient, comme la paume de ses mains.
    - Dans ce cas, je crois bien qu'il va falloir faire quelque chose, n'est-ce pas, Perry ?
    - Si vous voulez, Miss Marina.
    - Oh, mais oui, Perry, je le veux ! Sept heures précises, mon garçon ! Et sois ponctuel ! Tu sais combien je déteste attendre quand mes petites épreuves sont prêtes.
    Elle raccrocha. Les mains de Slade tremblaient. Elle avait l'art de lui flanquer une peur bleue, même par téléphone. Mais c'était justement ce qui lui plaisait, ainsi que ce qui allait se passer devant la ´ maîtresse ª.
    Janvier
    - Mon cher Perry, je suis aussi impressionné qu'intrigué. Pourquoi ce repas de luxe si tôt dans l'année ? Remarque que je ne m'en plains pas.
    Us étaient installés au club de Peregrine Slade, non loin de St James's Street. On était le 4 janvier et une population repue se remettait péniblement au travail. C'était Slade qui invitait, et Reggie Fanshawe, propriétaire de la galerie Fanshawe sur Pont Street, couvait d'un regard approbateur le Beychevelle que son hôte avait commandé.
    Slade secoua la tête en souriant, signalant que la proximité des autres convives empêchait toute conversation intime. Fanshawe n'eut pas de mal à
    capter le message.
    - Je n'en suis que plus intrigué. Est-ce que je dois attendre jusqu'au café, dévoré par la curiosité ?
    Us prirent le café en privé, dans la bibliothèque de l'étage. Slade expliqua brièvement que six semaines auparavant, un parfait inconnu avait débarqué chez Darcy avec un vieux tableau dans un état de saleté
    indescriptible, mais qui avait d'après lui une certaine valeur. La chance s'alliant au surmenage du personnel, une seule personne avait eu l'occasion de poser les yeux dessus : un assistant du service des expertises, très jeune mais apparemment brillant.
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    H fit passer au galeriste le rapport rédigé par Evans. Fanshawe le parcourut, reposant son verre de porto ´réserve spécialeª pour ne pas le renverser.
    - Seigneur !
    Craignant que le Tout-Puissant n'ait pas entendu son appel, il le réitéra.
    - Tu dois faire ce qu'il suggère, ça me paraît évident.
    - Pas tout à fait, répliqua Slade.
    H exposa précisément le plan qu'il avait en tête. Fanshawe laissa son café
    refroidir et ne toucha même pas à son porto.
    - H semblerait qu'il y ait un double de la