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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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qu'il faisait et il m'a dit que tu l'avais chargé d'examiner la quarantaine de pièces qui restaient.
    - C'est exact.
    - A son avis, l'une d'entre elles méritait d'être mise en vente. Je l'ai emportée pour y jeter un coup d'ceil, mais j'ai été pris par autre chose et je l'ai laissée dans mon bureau sans plus y penser.
    Il soumit à Mortlake la modeste estimation censément établie par Benny Evans, et qui portait indiscutablement sa signature, puis il récupéra le document dès que le directeur du département l'eut regardé.
    - Mais est-ce qu'on a une autorisation ?
    - Oui. Hier, j'ai appelé le propriétaire quand j'ai retrouvé ce fichu tableau dans mon bureau. Il était littéralement enchanté. H m'a faxé son accord hier soir.
    Ce matin-là, Seb Mortlake avait des choses plus sérieuses à traiter que cette cro˚te anonyme qu'on ne savait à qui attribuer, et qui dépassait à
    peine le prix plancher, qu'il fixait à cinq mille livres. Les pièces maîtresses de la vente étaient un Véronèse, un Michèle Rodolfo et un Sano di Pietro. Marmonnant qu'il était d'accord, il fila vers la salle des ventes pour veiller au bon dérou-106
    lement des opérations. ¿ dix heures, Slade monta sur l'estrade et s'empara de son marteau. La vente pouvait commencer.
    H aimait se charger des plus importantes. Il avait une position dominante, lui conférant l'autorité et le contrôle. H pouvait adresser des signes entendus à ses connaissances : les marchands, les clients et les amis qui formaient la petite coterie du monde de l'art londonien. Sans le montrer, il identifiait également les représentants attendus des gros joueurs qui souhaitaient entrer en lice sans se déplacer en personne.
    La journée se révéla intéressante, les enchères montèrent très haut. Le Véronèse fut adjugé à une grande galerie américaine pour le double de sa mise à prix.
    Alors qu'il ne restait plus que vingt minutes, il vit Reggie Fan-shawe se faufiler vers un fauteuil au fond de la salle et s'asseoir comme convenu en bout de rangée. Alors que le dernier lot mentionné par le catalogue venait d'être vendu, Slade annonça à une assistance réduite :
    - Nous vous présentons un lot supplémentaire, qui n'est pas cité dans vos catalogues. Ajouté tardivement, après qu'on a mis sous presse.
    Un manutentionnaire s'avança solennellement pour placer sur le chevalet un tableau d'une grande saleté, dans un cadre doré tout ébréché.
    Plusieurs têtes se penchèrent en avant pour essayer de distinguer les figures dissimulées sous la crasse.
    - Nous avons là une énigme. Détrempe sur bois, probablement florentine, une scène à caractère religieux. Artiste inconnu. quelqu'un dit mille livres ?
    Après un silence, Fanshawe haussa les épaules et hocha la tête.
    - Mille livres. qui dit mieux ?
    Balayant la salle du regard, il vit, du côté opposé de Fanshawe, quelqu'un lui faire signe. Personne d'autre ne le remarqua, pour la bonne raison que ce quelqu'un n'existait pas. Cependant, vu qu'on peut enchérir d'un simple clin d'ceil, nul ne songea à s'étonner.
    - Mille cinq cents, contre vous, monsieur sur la gauche. Fanshawe hocha de nouveau la tête.
    - Deux mille livres. qui dit mieux ? Deux mille cinq cents-trois mille...
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    Fanshawe surenchérit après l'offre de son concurrent imaginaire et remporta le lot pour la somme de six mille livres. En tant que galeriste connu, il jouissait d'un certain crédit et on le laissa repartir avec le tableau.
    Trois jours plus tard, on envoya avec une rapidité exceptionnelle un chèque à l'ordre de Trum-pington Gore, d'un montant de cinq mille livres : le prix de la vente moins la commission et la TVA. H en fut tout à fait ravi. Fin janvier, Benny Evans rentra à Londres, bien content d'échapper à l'austère retraite d'un glacial ch‚teau de Caithness, en plein mois de janvier. Il ne toucha jamais un mot du tableau crasseux à Seb Mortlake, supposant que son supérieur n'avait pas été d'accord avec lui et que son silence équivalait à
    des remontrances.
    Avril
    Au tout début du mois d'avril, la nouvelle fit sensation dans les milieux de l'art. Toute la vitrine de la galerie Fanshawe était tendue de velours noir. Seul derrière la vitre, un tableau de petites dimensions était exposé
    sur un chevalet, éclairé par la lumière discrète mais efficace de deux spots, et gardé jour et nuit par deux vigiles grands et musclés. On lui avait enlevé son cadre
    doré tout

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