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Le vétéran

Le vétéran

Titel: Le vétéran Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frederick Forsyth
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autour t‚chait d'apercevoir le début du Comparse, le défilé en costumes médiévaux des dix-sept grandes corporations siennoises qui autrefois administraient et gouvernaient la cité. En accord avec la tradition, dix des dix-sept contracte disputeraient une course de chevaux pour avoir peut-être l'honneur d'emporter vers la maison de leur corporation la bannière décorée, le fameux Palio. Mais d'abord, la procession.
    La veille, l'Américain avait fait la lecture à sa femme dans leur chambre d'hôtel.
    - Les contracte de Sienne ont été créées entre la fin du XEf siècle et le début du xme.
    - Mais c'était avant Christophe Colomb ! avait protesté son épouse, comme si rien ne s'était passé avant que le grand Cristô-bal quitte l'estuaire du Tage pour voguer vers la gloire ou le néant.
    - C'est vrai, Colomb, c'était en 1492. Là, nous sommes trois siècles avant.
    H paraît qu'ils ont commencé avec quarante-deux contrade, réduites à vingt-trois trois cents ans plus tard, puis, en 1675, aux dix-sept que nous verrons défiler demain.
    Cependant, ils ne pouvaient pas voir les premiers groupes de tambours, musiciens et porte-étendards de la procession médiévale faire leur apparition sur la place dans leurs somptueux costumes bariolés. Les seize palais de la Piazza del Campo étaient
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    pavoises de bannières et d'étendards. Les privilégiés se bousculaient aux fenêtres et aux balcons, pendant que le gros de la foule - quarante mille personnes - vociférait sur la piste.
    - Dépêche-toi, ma chérie, répéta l'Américain alors que le tumulte commençait à enfler. On a fait un long chemin pour voir ça. Voici enfin cette fichue tour.
    En effet, on distinguait la pointe de la tour Mangia par-dessus les toits.
    C'est à ce moment-là que la femme trébucha et tomba : entre ses chaussures à talons et les pavés de la rue, elle avait fini par se tordre la cheville.
    Elle s'écroula par terre avec un léger cri. Son mari se retourna alors et courut la rejoindre.
    - Ma chérie, qu'est-ce qui t'est arrivé ? Il se pencha vers elle, le front plissé par l'inquiétude, tandis qu'elle serrait sa cheville entre ses mains.
    - Je crois que j'ai la cheville foulée, répondit-elle en fondant en larmes.
    Elle finissait bien mal, cette journée qui avait si bien commencé !
    L'Américain scruta la ruelle des deux côtés, mais toutes les portes étaient fermées et barricadées. ¿ quelques mètres de là, une arcade s'ouvrait dans le mur élevé qui délimitait la rue sur un côté. D'après la lumière qui filtrait, un espace dégagé se cachait là-derrière.
    - Je vais t'emmener là-dedans, pour voir s'il n'y a pas un endroit o˘
    s'asseoir.
    Il l'aida à se relever et ils passèrent en clopinant sous l'arcade. Elle donnait accès à une cour dallée fleurie de rosiers, o˘ ils trouvèrent par bonheur un banc de pierre installé à l'ombre du mur. L'Américain soutint son épouse jusqu'au banc, o˘ elle s'effondra avec un profond soulagement.
    Loin de là, la queue de la procession quittait la Piazza del Duomo tandis que les premiers concurrents entraient sur le Campo, sous le regard aiguisé
    des juges qui évaluaient leur élégance, leur gestuelle et leur adresse à
    brandir les étendards. quel que soit le gagnant de la course de chevaux, la contracta la mieux costumée remporterait le masgalano, une coupe en argent finement ciselé. Nul n'en ignorait l'importance.
    Le touriste se pencha pour examiner la cheville de sa femme.
    - Je peux vous aider ? demanda calmement une voix. L'Américain se retourna en sursautant. L'inconnu se tenait
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    debout devant lui, auréolé de lumière. Le touriste se redressa. L'homme qui lui parlait était grand et svelte, avec un visage serein aux traits fortement marqués. Ils avaient le même ‚ge - cinquante-cinq ans environ -
    et l'étranger avait des cheveux grisonnants. Avec son pantalon de toile délavé et sa chemise en denim, il faisait penser à un routard, une espèce de hippie sur le retour. Il s'exprimait dans un anglais ch‚tié, mais avec une pointe d'accent, italien probablement.
    - Je ne sais pas, répondit l'Américain d'un air légèrement soupçonneux.
    - Votre femme est tombée, elle s'est fait mal à la cheville ?
    - C'est ça.

    L'inconnu s'agenouilla sur les dalles de la cour, enleva la sandale avec précaution et massa doucement la cheville blessée, avec des mouvements délicats et expérimentés. L'Américain du Kan-sas le surveillait,

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