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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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grimace lorsque le roi lui dit :
    — Il faudra desserrer les cordons de la
bourse si nécessaire car j’ai en vue de servir cause de première importance.
    En l’esprit de Sully, il ne pouvait s’agir une
fois encore que d’affaires de femmes. Maris complaisants, pères maquereaux :
combien en avait-il acheté au roi, de ces jolies créatures qui, assurant
ascendant sur Henri quatrième par leurs bonnes dispositions au lit, exigeaient
ensuite châteaux domaines, rentes…
    — Comment s’appelle-t-elle, Sire ?… demanda
Sully d’une voix lasse.
    — Il n’est point question de femmes !…
La cause qui m’importe est militaire et s’appelle Nissac, qui va mettre le feu
à l’Espagne.
    Sully tressaillit à double titre. Tout d’abord,
il aimait le nom de Nissac bien qu’il n’ait jamais rencontré cet homme mais
comment ne pas aimer un nom toujours accolé à la victoire ?… Ensuite, il
pensait le roi en détestation de l’amiral et s’étonnait qu’Henri quatrième ait
pu confier mission au comte comme il fut surpris, en le passé, par l’attitude
de Nissac. En effet, il ignorait pour quelle raison le comte se montrait malgré
tout aussi fidèle, et à quel impérieux sens du devoir il devait d’en agir ainsi.
    — Je suis surpris d’entendre le nom du
comte de Nissac, Sire.
    — Eh bien il faudra s’y habituer. Nissac
est le meilleur de mes sujets. Je ne vous parlerai point de ces missions, mais
elles sont de la plus haute importance. En toutes choses et en tous points du
royaume, je veux que le comte soit aidé et assisté s’il en fait la demande. Est-ce
compris ?…
    — Parfaitement, Sire. Et s’il contribue à
détruire l’Espagne, je servirai fort belle rente à monsieur de Nissac.
    Henri quatrième s’immobilisa et regarda son
vieux compagnon avec gravité.
    — Tu lui ferais injure… Il est d’un autre
temps où servir loyalement est chose naturelle qui n’exige point récompense. On
dit qu’il vole le vent aux autres capitaines, mais point l’or !… Un voleur
de vent, c’est bien jolie chose que cela.
    Il resta songeur.
    Il ne savait point même où joindre l’amiral et
s’était donc trouvé en l’obligation de faire partir pour Toulon messager
porteur d’une lettre.
    En celle-ci, scellée par simple queue de cire
jaune, était écrit :
    Au Louvre, le 27 e jour de Février Henri par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à notre
cher et bien aimé comte de Nissac, amiral des mers du Levant, Salut :
    Nous étant dès
longtemps en connaissance de votre fidélité (et de votre discrétion comme nous
venons de le constater tout maintenant) nous avons eu agréable de vous
rencontrer et vous confirmons qu’en toutes choses, le royaume de France sera
votre appui sans réserve.
    Comptez, cher
Nissac, que vous êtes à présent de mes amis. Et, afin qu’elle ne garde point
mauvaise impression de moi, présentez mon souvenir à votre très excellente
madame la baronne de Guinzan.
    Henri.
    L’An
de grâce mille six cent dix,
    et de
notre règne vingt et unième.
    Henri quatrième fut
tiré de sa songerie par ton de grande conviction de Sully :
    — Il réussira !… Je sais qu’il
réussira !… lui demanderiez-vous de vous ramener le diable revêtu de la
pourpre des cardinaux.
    — Le diable, je n’en saurais que faire. Mais
l’Espagne blessée en son prestige, la chose serait de bon calcul.
    — Saurais-je un jour le détail de cette
affaire ?… demanda Sully, dévoré de curiosité.
    — S’il réussit, l’Europe entière le saura.
Et toi, quelques jours avant elle. Mais garde la tête froide, il a à peine une
chance sur mille.
    — S’agissant de l’amiral, quelle
importance ?… Avec son seul Dragon Vert, il est presque une armée. Ah,
quel homme terrible ! Après sa mort, et s’il se trouve quelque chirurgien
du talent de feu Ambroise Paré, il faudrait faire étudier son cerveau.
    — C’est plutôt ses couilles qu’il
faudrait étudier !… lança Bassompierre qui s’était approché.
    Les trois hommes se regardèrent, frappés par
ce propos, puis éclatèrent de rire.

53
    Réfugié derrière le maître-autel, le jeune
curé tremblait de tout son corps.
    Transi de peur, il entendit des pas, les
éperons de plusieurs cavaliers frappant les dalles.
    Puis une voix. Une vilaine petite voix
agaçante et cruelle qui disait :
    — Sors de ta cache, curé, car si nous te
devons chercher, nous commencerons par te couper le

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