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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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brebis est
fort curieuse !
    — Je le suis, seigneur.
    — Curieuse et observatrice. Bonne brebis !…
Dis-moi, tu n’es plus brebis de Dieu, n’est-ce pas ?… Tu es ma petite
brebis à moi seul ?
    — Je le suis, seigneur.
    — Tu es quoi ?… Sois précise, brebis !
    — Je suis votre brebis, pour vous seul, seigneur.
    Le moine mit la main aux fesses du curé en
disant :
    — Et tu m’es toute dévouée, n’est-ce pas ?
    Le curé, ayant avalé sa salive, ferma les yeux
puis, en un abandon qu’il crut sublime :
    — Je suis à vous de la tête aux pieds, seigneur.
    — Ah mais non, tu ne peux point dire
ainsi !… Voyons, tu es à moi de la tête aux sabots puisque tu es brebis. Voilà
les bonnes paroles.
    — À vous comme il vous plaira, seigneur.
    — Nous verrons cela, brebis, mais ne fais
pas ta tête folle à me parler de « pieds »… sauf s’ils sont fourchus !
    Il y eut un long silence et le moine reprit :
    — Ici, brebis, tu aurais dû rire.
    Le prêtre rit faussement. Le moine ne parut
point convaincu :
    — C’est bien tard, brebis !… Mais
parle-moi de cette chambre où reposait vieille carcasse de comtesse.
    — Ah, seigneur, un fort bel endroit. Le
ciel de lit et les rideaux étaient de velours tanné. Chaises de noyer à dossier
de cuir vert, ces chaises elles-mêmes recouvertes de toiles d’argent et de soie
couleur aurore. Le lit était de velours cramoisi, qui est la couleur des reines.
On s’éclaire à la lampe à huile mais pour éviter mauvaises odeurs, telles qu’en
les riches demeures, on parfume l’huile avec mélange de camphre et d’encens.
    Le moine défiguré leva la main pour interrompre
le curé et, d’une voix où perçait déception :
    — Brebis, tu juges fort mal de la
situation. Vois-tu, mes loups-garous et moi-même ne faisons point commerce de
lampes à huile, lit, chaises… Nous ne sommes pas marchands de meubles anciens :
en avons-nous l’aspect ?…
    — Seigneur, j’ai vu aussi coupe d’agate
et de cristal, paniers de vermeil mais plus que tout, pièce magnifique et
unique : un reliquaire tout pavé d’émeraudes de bon poids.
    — C’est fort bien, brebis, nous irons en
ce château de ta part. Mais à présent, vois-tu, tu vas nous servir de repas
puisque tu as osé faire goûter la chair de mon loup-garou à tes drôles !…
    « Vert »
surveillait le curé, « Rouge » s’activait à entretenir grand foyer de
braises tandis que « Bleu », qui connaissait la forge, fabriquait
pièce de fer qui ne devait assurément servir qu’une fois en pareil usage.
    Pendant ce temps, le moine défiguré, Vittorio
Aldomontano, inspectait non sans dédain la maison du forgeron. Il trouva la
cave bien garnie de deux muids de clairet de Bourgogne, deux feuillettes de
Beaune et un petit tonneau de vin blanc de Guérard.
    Il jeta un regard froid aux tapis de Turquie
et à la chambre tendue de tapisseries des Flandres.
    En la salle, il ouvrit buffet et en inspection
aussi hâtive que brutale jeta au sol mouchoirs de lin puis, par amusement
mauvais, renversa table montée sur châssis à sept colonnes couverte d’un tapis
vert avant de précipiter avec violence chandelier de potin contre tableau
représentant scène pieuse.
    Enfin, tout fut prêt et le moine annonça :
    — Aucune cruauté que tu n’aies toi-même
infligée à mon pauvre « Jaune », curé. La justice !… Pour une
fois, la justice !…
    Les loups-garous, malgré leur force, ne furent
point trop de trois pour maintenir le curé tandis que l’ambrosien, qui connaissait
chirurgie depuis l’Italie, passait longue tige de fer chauffée à blanc en le
pied du curé. De là, le métal traversa toute la jambe, sortit du corps par la
hanche, y replongea en le gras de la poitrine et acheva sa course à l’articulation
de l’épaule.
    Sans doute les deux objectifs du moine
étaient-ils atteints : passer tige de fer en le corps du curé et ne le
point tuer.
    Transporté ainsi sur sa tige, le curé hurlait
de douleur.
    Il fut cependant porté jusqu’aux braises et
les deux extrémités de la tige posées sur deux fourches profondément plantées
en le sol.
    Le lit de braises dégageait une insupportable
chaleur.
    L’ambrosien semblait en grande insensibilité
des cris du curé souffrant et de la tige de fer en son corps, et de la braise
qui le brûlait par sa forte température.
    Tandis que les loups-garous tournaient la tige
pour que chair du curé

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