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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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nez avant toute chose.
    Le curé qui se tenait accroupi se leva
lentement et découvrit de plus près les quatre hommes.
    Ils demeuraient immobiles, et lui firent
grande impression. Ainsi des loups-garous, hommes tous de haute stature, auxquels
les têtes de loup aux oreilles dressées et yeux inquiétants de fixité donnaient
aspect terrifiant.
    Puis soudain on entendit petit rire méchant se
répercutant sous la voûte tandis que le moine baissait son capuchon, révélant
visage de cauchemar.
    Le moine s’approcha du prêtre qui regardait en
grande fascination cette face mutilée où manquaient le nez, les lèvres, une
joue et un œil.
    Le moine parla avec accents du prêche et
paroles d’apparence anodines – le sens, lui, ne l’était point –, sur ce ton si
particulier qu’on ne peut entendre qu’en les églises :
    — Comme tu peux le voir, j’ai servi de
goûter à un de mes gentils loups-garous mais toi, brebis de Dieu, serviras-tu
de dîner ?
    Le curé tomba à genoux en priant.
    Le moine s’approcha de l’autel et balaya d’un
geste violent ciboire, crucifix et tous objets religieux qu’il jugea sans
intérêt.
    Puis, montant le ton :
    — Ah çà, où caches-tu objets de valeur ?
    Le prêtre sentit qu’il lui fallait réfléchir
rapidement. Qu’étaient ces gens, outre leur qualité de loups-garous et de
profanateurs, sinon des voleurs ?
    Il les fallait donc contenter.
    Aussi, d’une voix défaillante en son assurance,
le prêtre répondit-il :
    — Il n’est point de valeurs ici, seigneur,
mais j’en connais, tout près de cette église.
    Le moine, qui observait un calice, le jeta
avec violence sur le sol et l’objet résonna sur les dalles. Puis, d’une voix lente :
    — Voilà qui est fort bien. Je remarque
tes bonnes dispositions envers les loups-garous et, pour toutes récentes qu’elles
soient, elles sont douces à mon cœur qu’on fléchit facilement. Puis-je espérer
que tu nous aimes, brebis de Dieu ?
    — Oui, monseigneur.
    — Qui aimes-tu ?
    — Les loups-garous.
    — Et ?…
    — Et celui qui les mène.
    — C’est fort bien, brebis de Dieu. Mais
ne demeure point ainsi à genoux devant moi car il me viendrait dès lors des
idées et je ne pense pas qu’en ce saint lieu il soit de bon goût d’ajouter le
péché de lubricité aux peccadilles dont mon âme s’est déjà rendue coupable en
ce gracieux village où l’on sait si bien s’amuser. Tiens, jouons de nouveau :
prosterne-toi devant moi.
    Le curé se coucha sur le sol.
    Alors, d’une voix dure s’adressant aux
loups-garous, le moine ordonna :
    — Relevez cette folle brebis qui broute
le sol de l’église !
    Le prêtre fut relevé par deux puissantes
paires de bras, les loups-garous n’y mettant cependant point trop de douceur.
    Le moine défiguré lui fit face :
    — Tu parlais de richesses ?… Je t’écoute.
    Conscient qu’il rendait bon service à celui
qui menait loups-garous, le curé se montra prolixe :
    — À une demi-lieue d’ici se trouve
château qui n’est point en bon entretien mais contient nombreuses richesses. Il
appartient à vieille comtesse ayant peu de domesticité, celle-ci étant par
ailleurs âgée. Vous pourriez en grande facilité vous rendre maître de l’endroit.
    — Décris-moi cela, douce brebis de Dieu.
    — Eh bien je n’ai point tout vu, il s’en
faut de beaucoup mais la vieille se trouvant fort mal voici un an, je fus
appelé à son chevet. La chambre contient grandes richesses, et peut-être alors
est-ce semblable chose en le reste du château.
    Le moine enlaça familièrement le curé, lui
serrant de près la taille, et l’entraîna à faire quelques pas, l’ecclésiastique
se forçant à ne point regarder ce profil et par exemple ces dents que l’on
voyait jusqu’à la naissance de la gorge en raison de l’absence de joue. Le
moine prit ton amical :
    — Marchons brebis !… Voilà qui est
bien… Maintenant, dis-moi telle qu’en ton souvenir était cette chambre.
    — Au début, mon impression n’était point
bonne, seigneur… Comme en tous les châteaux, en celui-ci circulaient les
courants d’air et froid glacé dès que l’on s’éloigne des cheminées. La chambre,
elle, était bien chauffée. J’arrivais donc juste après que par saignée, on eut
tiré une bonne pinte de sang à la vieille comtesse qui du coup somnolait si
bien que j’eus tout loisir pour observer les lieux.
    — Ah, je vois que ma gentille

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