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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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d’où l’on ressortait certes toujours, mais bien souvent en l’état de
cadavre.
    Le colonel regarda autour de lui. Quelques
femmes, au reste jolies, s’étaient reculées vers l’entrée de la cave.
    Déjà, deux hommes s’étaient levés et placés
devant l’entrée, interdisant toute sortie à l’Espagnol mais il n’en fut point
surpris car c’est bien ainsi qu’il s’attendait au déroulement des choses.
    En sa carrière militaire, José de Sotomayor
avait commandé à des milliers d’hommes et il croyait les bien connaître, aussi
créa-t-il la surprise en se plaçant devant une table où se trouvait assis
vieillard qui ne payait point de mine, mal vêtu, les cheveux blancs en désordre
et un anneau d’or passé en l’oreille. Il se trouvait pourtant qu’il s’agissait
du chef incontesté de la redoutable bande de « L’âne mort », qui
avait nom Dieulefit mais fut jadis, ce que tous ignoraient ici, marquis sous un
autre nom, le sien véritable.
    — Que me veux-tu ?… demanda-t-il d’une
voix de grande froideur.
    L’Espagnol, avant que d’ouvrir la bouche, répandit
contenu d’une bourse d’or sur la table. Dieulefit mordit en l’une des pièces et
eut air de bonne satisfaction.
    C’est à peine radouci, cependant, qu’il
questionna :
    — Eh bien ?
    — Eh bien ?… Deux choses. La
première est tuer un homme, et tu auras cinq fois plus d’or.
    — Il est déjà mort. La seconde ?…
    L’Espagnol posa la main sur le pommeau de son
épée et répondit :
    — Il faut que tu saches qui je suis, puisque
nous voilà en affaires. Je ne te dirai point mon nom, pourtant, mais te
montrerai volontiers qui je suis l’épée à la main, et qu’il n’est point bon de
me faire injure, par exemple en prenant mon or sans accomplir la besogne. Aussi,
désigne-moi le meilleur de tes hommes et qu’il se mesure à moi.
    Dieulefit le regarda d’un air soupçonneux, puis
sembla s’amuser.
    — J’aimerais voir le reste de ton or
avant qu’un des miens ne t’envoie en enfer. Mais si tu le souhaites vraiment, Levrault
t’affrontera.
    Un homme grand et mince se leva, ne quittant
point Sotomayor des yeux.
    Ils sortirent épée du fourreau au même instant
et le combat s’engagea aussitôt.
    Il dura plusieurs minutes, fut de haut niveau
et belle facture, ravissant la canaille qui y assistait.
    Ainsi, le nommé Levrault, en la première
partie, tenta toutes les feintes apprises en les ruelles mais le colonel s’adapta
immédiatement à cette manière, ayant appris sensiblement les mêmes mauvais
coups sur les nombreux champs de bataille où la cause de la Sainte Espagne l’avait
conduit.
    Se voyant ainsi paralysé en son entreprise, car
il ne pouvait espérer progresser, Levrault, homme intelligent, changea de
manière pour une façon à présent très classique, où il excellait encore. Malheureusement
pour lui, en les casernes espagnoles, Sotomayor fut familiarisé de longue main
avec ce style et il tint la dragée haute à son adversaire qui eut le rare
mérite de ne se point énerver et toujours conserver son sang-froid.
    Enfin, Juan de Sotomayor, en le silence, tapa
le parquet de bois du talon de sa botte à trois reprises et aussitôt toucha
Levrault à la poitrine, déchirant chemise et faisant apparaître premier sang.
    Blessure des plus légères, certes, mais tous
savaient que le colonel l’avait voulu ainsi, ne souhaitant point tuer
adversaire de valeur qui demain, sans doute, serait en sa cause auxiliaire
précieux contre l’amiral de Nissac.
    Dieulefit, le chef de bande, se leva et
Sotomayor constata qu’il avait jambe de bois. D’où lui venait, alors, son
autorité ?… Il apprit plus tard qu’huguenot, lors de la Saint-Barthélemy, Dieulefit
avait égorgé tour à tour quatre arquebusiers royaux, caché en endroit sûr
dizaine de seigneurs de la religion réformée, s’était trouvé la jambe
déchiquetée par tir d’arquebuse alors qu’il tentait de briser les chaînes des
embarcations toutes rassemblées en la rive droite de la rivière de Seine, et
surveillées sur ordre de Charles neuvième. Cerné de tous côtés, perdant son
sang, il s’était alors jeté en la Seine et avait échappé à la fureur populaire
qui se donnait libre cours en la ville de Paris.
    En cette époque, il ne s’appelait point
Dieulefit, se trouvait marquis de bonne noblesse et promis à très bel avenir eu
égard à son très grand courage et à la reconnaissance de hauts

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