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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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demanda-t-elle
comme s’adressant au ciel bas et morne, et sur un ton de tel accablement que le
baron Fey des Étangs en fut ému, comme Valenty, La Tomlaye et les deux
survivants de l’infanterie d’assaut. Les moines eux-mêmes, déguisés en marins
pour le service de l’Église, ressentirent profonde commisération envers cette
jeune femme au désespoir.
    Fey des Étangs, qui de tous ceux là était
celui qui connaissait le comte depuis le plus longtemps, entraîna la baronne à
l’écart :
    — Madame, l’amiral-comte de Nissac que
nous aimons tant et respectons est un bretteur d’exception qui n’a jamais connu
la défaite. Il vous faut lui faire confiance et ne vous point mettre en
pareille inquiétude qui vous procure grande souffrance.
    — Ah, monsieur, j’entends bien cela mais
toutes choses ont leurs limites et le comte de Nissac ne peut point triompher
de centaines de paysans.
    Martin Fey des Étangs ne fut point en
approbation de ces paroles :
    — Ah çà, madame, les cervelles vides de
tous ces vilains ne se peuvent comparer à la science du combat de l’amiral qui
sait prendre la mesure des événements en quelques secondes.
    — Peut-être, baron, mais rien n’empêchera
que je sois marrie de ne le point voir déjà parmi nous comme il se devrait.
    Le baron de Valenty, qui s’était approché, intervint
à son tour :
    — Souvenez-vous pour l’avoir vu il y a si
peu, madame la baronne, comme le comte, sitôt qu’il rompt sa garde, tue son
adversaire !
    — Oui-da, monsieur, mais point à trois
contre cinq cents ! répondit la baronne en brisant là.
    D’un pas décidé, elle approcha de l’avant-poste
tenu par un des hommes du Dragon Vert, arquebuse en position, prêt à
abattre tout intrus.
    Mais comme elle l’avait rejoint, ils
entendirent bruit léger et l’homme se dressa en criant :
    — Qui vive ?
    — Nissac !
    La baronne, reconnaissant cette voix grave, fut
transportée d’allégresse mais le comte, se trouvant derrière escarpement, mit
quelques secondes à lui apparaître.
    Longtemps après, la baronne se souviendrait de
la sombre gravité de la scène…
    Sur fond de château de Cadillac dont une aile
était en feu, et tandis qu’arrivaient hommes nombreux brandissant fourches, apparurent
tour à tour le seigneur Yasatsuna, portant plusieurs têtes coupées à la
ceinture, puis, chacun un cadavre de fantassin du Dragon Vert sur les
épaules, le capitaine de Sousseyrac et l’amiral de Nissac qui fermait la marche.
    Le comte de La Tomlaye, jeune homme sensible
incommodé par le spectacle des têtes coupées, prit à partie le seigneur
Yasatsuna :
    — Ah çà, monsieur, ne pourriez-vous
cesser vos turqueries ?
    Le fils du pays du Soleil Levant, vexé, répondit :
    — Turcs peu comparables à samouraï !
    La baronne, qui n’entendit point, se précipita
vers le comte qui se laissa décharger par ses compagnons de son macabre fardeau.
    — Ah çà, monsieur, que faisiez-vous donc ?
    — Étiez-vous inquiète, madame ?… répondit
le comte en souriant car en grand bonheur à cette idée.
    — Assurément, que je l’étais !… répliqua
la baronne qui ne savait point si elle devait rire, pleurer, ou sauter au cou
de l’amiral.
    Elle s’efforça cependant au calme :
    — Me répondrez-vous, monsieur ?
    Le comte observa Yasatsuna qui, cédant aux
prières de La Tomlaye, jetait les têtes des spadassins en la Garonne non sans
préciser :
    — Il faut nourrir poissons, grands amis
des hommes !
    Enfin, Nissac expliqua :
    — Madame, chez les Nissac, on n’abandonne
point les corps des siens à l’ennemi. Jamais !…
    — Vous pourriez donc mourir pour un
cadavre ? demanda Isabelle, stupéfaite.
    Nissac sembla très surpris par cette question.
    — Sans aucun doute !
    Ils furent les derniers à embarquer et il
était plus que temps car les poursuivants arrivaient mais, accueillis par forte
mousqueterie tirée du bateau et redoutables flèches du seigneur Yasatsuna, l’ardeur
des nouveaux arrivés fut émoussée, leur rage impuissante décuplée par le fait
qu’en raison des foulards rouges ils n’avaient point vu les traits de ceux qui
composaient cette redoutable petite troupe.
    Il venait au moine
défiguré, à mesure qu’il le répandait, plaisir immodéré à verser le sang et
mœurs d’Attila rasant village sur village pour satisfaire son goût immodéré de
la puissance.
    Et toujours l’affaire se déroulait

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