Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
réputation, se
trouvaient si grandes qu’il avait quitté sa belle maison forte de Revigny pour
venir à Paris à la demande du roi.
    Il n’était, et faut-il dire hélas ?, pas
que riche mais jeune, fin et beau si bien que, dès que son regard croisa celui
de Constance, il eût fallu n’y point voir pour ne pas comprendre l’irrésistible
attirance que les jeunes gens ressentaient l’un pour l’autre.
    Les choses eussent pu demeurer à jamais en cet
état d’inachèvement, le jeune homme reprenant sa route dès le lendemain. Pourtant,
il n’en fut point ainsi car le père de « Rouge », auquel rien n’avait
échappé, cultivait goût du malheur, pouvant ainsi pour sa bonne satisfaction
souffrir et faire souffrir. Ainsi, en manière artificieuse, proposa-t-il au
jeune homme, chaque jour nouveau, de rester encore.
    Et ce qu’il cherchait avec frénésie dissimulée
finit par arriver puisqu’il les surprit, nus, sur les rives de la rivière
Ornain, et occupés en choses de l’amour. Alors, fou de douleur mais aussi d’une
joie perverse, il rendit ce qu’il appelait la justice.
    Le jeune homme eut la queue coupée et fut
pendu par les pieds, le père de « Rouge » espérant en grande naïveté
qu’il se viderait ainsi de son sang par endroit où il avait péché mais le
malheureux mit des jours à mourir et beaucoup furent soulagés lorsqu’il
trépassa enfin par une étrange nuit d’orage.
    Constance, devant la population rassemblée, eut
la tête tranchée et afin que nul n’oublie, cette tête fut clouée au-dessus de
la porte du château où elle demeura dix ans.
    « Rouge » se souvint. Il aimait
Constance, espérant devenir son époux lorsqu’il serait plus âgé, quitte à tuer
son propre père pour réussir en cette entreprise. Elle était pour lui la beauté
la plus éclatante qui fût au monde et il perdit en partie la raison en voyant
ainsi cette tête superbe clouée, livrée aux mouches et aux oiseaux, devenant
charogne puis crâne aux orbites vides.
    Dès lors, tout effarait « Rouge » et
son père, rageant de voir en telles dispositions son fils unique, ne ménageait
point sa peine pour l’endurcir. Un jour qu’il l’obligeait à regarder saigner
mouton dont on ôtait la peau, et comme l’enfant pleurait, son père, au comble
de l’agacement, lui jeta la peau sanglante sur le dos en disant :
    — Si tu ne supportes point la vue de
mouton qu’on écorche, c’est que tu es des leurs. Tant que tu seras mouton, reste
avec les tiens et porte cette peau sur le dos.
    Ainsi en était-il. Il grandissait au long des
années avec cette peau puante sur les épaules puis, une nuit, son père rendit
son âme au diable.
    Alors on lui ôta la peau tannée par les années,
on lui dit qu’il était libre et marquis, maître du château, des terres et des
forêts.
    Le nouveau marquis fit aussitôt enterrer le
crâne de Constance avec le reste du corps et mêler en cette tombe les os du
jeune homme qu’elle avait aimé. Mais cette vengeance, pourtant cruelle, ne lui
suffit point car il ordonna qu’on cessât de nourrir les cochons et lorsqu’après
quatre jours ceux-ci furent affamés, il leur fit livrer le cadavre de son père
en disant :
    — Tu es des leurs, sois dévoré par les
tiens !
    Puis, ayant donné ses biens aux prêtres afin
qu’ils accueillent toujours les voyageurs de passage, il était parti sans rien
emporter et pour ne plus jamais revenir…
    « Rouge » sentit sur lui le regard
de « Bleu » et celui des petites filles qui observaient cet homme à
belle tête de loup en grande fascination.
    Il hésita.
    Puis « Bleu » vint tout près, gueule
contre gueule, cherchant à lire en son regard.
    On ne sait ce qu’il y découvrit de terrible, quelles
souffrances et douleurs il devina mais il hocha gravement sa tête de loup à
plusieurs reprises, en disant avec ton d’étrange douceur et gentillesse :
    — Hon !… Hon !…
    Et, prenant affectueusement « Rouge »
par l’épaule, il l’entraîna dehors, renonçant lui-même aux petites filles.
    Quelques minutes plus tard, l’ambrosien qui ne
soupçonnait rien chevauchait vers le château des chimères, encadré par sa garde
de loups-garous.

63
    L’amiral de Nissac semblait préoccupé.
    Ainsi, pendant deux jours, tandis qu’il
ordonnait travaux étranges sur la proue, on le vit observer les vents, lire et
relire ses cartes marines en effectuant longs calculs, manier le compas, suivre
avec

Weitere Kostenlose Bücher