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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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les difficultés dues au roulis et au fait que le pont du Dragon
Vert se trouvait plus haut que celui des navires de commerce, on n’eut à
déplorer qu’un blessé léger et la perte en la mer d’un tonneau de poudre qui se
trouvait mal arrimé.
    D’après un officier du Dragon Vert, le
lieutenant d’Orville, homme très pieux et très occupé de religion, l’un des
navires était sous la surveillance, rien moins, d’un général des jésuites quand
sur le pont de l’autre, il reconnut un frère de l’Ordre fondé par saint
François d’Assise mais en ces ordres différents, tous feignaient de ne se point
connaître, s’ignorant superbement.
    On ne pouvait le nier : une fois encore, le
Père Joseph et le Père Coton avaient fort bien travaillé, cumulant qualités d’efficacité
et de discrétion.
    Le navire des jésuites s’écarta le premier du
bord du Dragon Vert et sa voile s’éloigna rapidement.
    Comme ils en étaient convenus, Nissac confia
alors Le Dragon Vert au second, Charles Paray des Ormeaux, malgré sa
mauvaise vue, avec pour consigne de rallier Rouen et de mettre à profit cette
courte période pour envoyer le galion en bassin de radoub afin qu’on nettoie sa
coque alourdie de coquillages. L’amiral savait que le bassin était réservé en priorité
absolue et qu’on travaillerait jour et nuit sur Le Dragon Vert.
    Nissac n’en parla point mais se trouvait
impressionné par les moyens que monsieur de Sully mettait en œuvre pour la
bonne réussite de l’opération. Ainsi, on n’avait point repris sabres, arquebuses,
pistolets et autres matériels en échange de ceux qui arrivaient flambant neufs,
mais reçu consigne du général des jésuites de jeter ces armes encore récentes à
la mer, par dessus bord, sans plus de façons.
    Oui, décidément, du côté des caisses royales, et
comme le voulaient le roi et Sully, l’or coulait à flots en cette affaire.
    Les frères de l’Ordre de Saint-François
embarquèrent comme prévu l’amiral de Nissac, la baronne de Guinzan ainsi que
les barons Fey des Étangs et Sousseyrac.
    Sans oublier le seigneur Yasatsuna.
    Par tradition, les
Nissac proposaient soins du château et office de cuisine à couple âgé et démuni
du village voisin, leur offrant en revanche gîte, couvert et davantage d’or que
ces vies austères n’en avaient connu à l’époque de leur plus grande force.
    Arrivés à marée haute sous jolie pleine lune, on
quitta la plage pour ce château dont la superbe et massive silhouette médiévale
– il fut bâti en 1111 – offrait grand contraste avec les récents châteaux de
Cadillac et de Beychevelle, appartenant au duc d’Épernon et qu’on venait de
mettre à mal eux qui, contrairement au berceau des Nissac, ne se riaient point
des boulets.
    En la grande salle, sur longue table de chêne
éclairée par très anciens chandeliers à seize branches, le comte de Nissac
offrit repas de venaison : perdrix, faisans et lièvres ainsi que, pour
achever, poires confites et confiture de roses. La nourriture était en quantité
raisonnable sauf peut-être en le point de vue de monsieur de Sousseyrac qui
avait fort appétit pour soutenir sa grande carcasse, mais la qualité des mets, comme
du vin récolté en Anjou, était indiscutable. Enfin, à la grande stupéfaction du
couple de vieux serviteurs qui officiaient en le château, le seigneur Yasatsuna
se jeta sur poisson cru que le comte de Nissac avait fait apprêter à son usage :
soles, maquereaux et bars ainsi que chevrettes [19] dont il raffola aussitôt.
    La baronne remarqua combien « Flamberge »,
grand chien noir de race indéterminée, ne quittait point son maître, se collant
à sa cuisse à la manière d’un chat tant il se trouvait en grande émotion de ces
retrouvailles. Au reste, la chose était en partage car souvente fois la main du
comte caressait cette grosse tête où déjà le poil noir grisonnait sur le museau
et au-dessus des yeux.
    On s’en alla coucher peu après et le comte, embarrassé,
mena la baronne en la chambre qu’il lui avait fait préparer, après avoir
ordonné travaux mais le pigeon voyageur parti du Dragon Vert ayant
musardé en chemin, il s’en était fallu de peu que tout ne fût point prêt à
temps. Au reste, il flottait encore sur l’endroit odeur légère de peinture.
    La baronne fut émerveillée, tant par le goût
du comte que par l’intuition qu’il avait eue. Elle remarqua au plafond
peintures azurines et, sur les

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