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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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au canon ?
    — Au canon, Sire.
    — Mais c’est là arquebuse pour tuer
moustique !
    — Moustiques sont assez désagréables, Sire.
    Le roi hocha la tête puis, regardant la
baronne sans jamais se tout à fait départir de son désir pour elle, il demanda :
    — Et vous, madame, commandiez ceux qui
mirent le feu au château de Cadillac ?
    — C’est là grand honneur que me fit
monsieur l’amiral, Sire.
    Le roi sourit, les regarda tour à tour puis, à
Nissac :
    — J’envie celui qui partagera la vie de
madame de Guinzan. Pas vous, Nissac ?
    L’amiral rougit, ce qui émut le roi et la
baronne, puis il balbutia :
    — Sans doute, Sire, sans doute.
    C’est peu après qu’arriva en grand tapage le
duc d’Épernon, entouré de courtisans.
    Aussitôt, le roi murmura à Nissac :
    — Il va vous vouloir parler, je me retire.
Mais je ne serai pas loin.
    D’Épernon se fit présenter Nissac et l’amiral
dut marquer certaine forme de respect au Grand Amiral de France… dont il avait
incendié les châteaux.
    Très entouré, d’Épernon disait sottises et
idioties en un grand débit de paroles, s’écoutant lui-même et les courtisans
étaient si avides d’apparaître attentifs que le comte et la baronne se
trouvèrent relégués au second, puis au troisième rang du cercle formé autour du
Grand Amiral de France.
    Isabelle murmura :
    — Quel idiot !
    — Saeculi Felicitas [20]  ! répondit Nissac avec humour en chuchotant des « Miserere »,
ce qui fit rire le roi qui se trouvait derrière eux.
    Nissac, revenu de sa surprise, interrogea
Henri quatrième :
    — Sire, Monsieur le Grand Amiral de
France est-il jamais monté sur un navire ?

67
    Nissac donna des ordres pour qu’on se
préoccupât de fournir poissons frais au seigneur Yasatsuna et nourrît les
barons Fey des Étangs et Sousseyrac si toutefois on les retrouvait et, comme on
proposait pour ceux-ci potage aux asperges, perdreaux et fricandeaux, l’amiral
répondit que la chose importait peu pourvu qu’elle fût en abondance, ajoutant :
    — Ce me semble qu’ils auront très faim.
    Pendant ce temps, Henri quatrième serrait de
près jolie baronne car chez lui, l’état de nature l’emportait toujours, dès qu’il
s’agissait des femmes, sur ses plus fortes résolutions.
    En cet instant, le roi semblait vieux faune à
barbe grise dégageant odeur forte, et n’étant point très conscient de son
haleine alliacée. Se souvenant de la fermeté des fesses de madame de Guinzan, qu’il
n’eut pourtant que quelques secondes pour éprouver, n’ayant point oublié « la
délicieuse » gifle que lui valut son geste, il murmura, tout vibrant de
désir, à la baronne :
    — Madame, si vous vous trouviez libre
quelque jour prochain, sachez que pour vous, je saurais l’être à mon tour.
    — Majesté, j’aime ailleurs et si fort que
je ne puis aimer nul autre fût-il comme vous très grand et très bon roi de
France ou bien encore roi des rois.
    Henri quatrième ne fut point dupe. Le
compliment était des plus flatteurs mais il avait assez l’habitude des femmes
pour comprendre que celle-ci ne lui donnerait pas ce qu’il espérait avec ardeur.
    Le roi attendit Nissac, puis lui souffla :
    — Nissac, ne me montrez point trop la
baronne car beauté qui n’est point destinée à ma couche me donne toujours
grande douleur.
    Nissac ne sut que répondre mais cela fut sans
importance car, rejoignant la baronne qui les attendait, Henri quatrième
changeait déjà de sujet :
    — Amiral, on me dit que votre second, Monsieur
Paray des Ormeaux, ne serait point catholique ?
    — À mon bord, Sire, il n’est de
catholiques ni huguenots mais des marins, les miens, qui ont ma confiance et
mon estime et auxquels il ne sera point fait mauvais parti tant que je serai en
vie.
    Le roi, qui avait été contraint de changer
plusieurs fois de religion en sa vie, aima cette réponse ferme.
    Puis il ouvrit porte d’une petite pièce
chauffée par grand feu en la cheminée qui contrastait avec la froidure du
dehors.
    Une table était dressée, mais qui ne
comportait que deux couverts. Une expression de regrets sur le visage, Henri
quatrième expliqua :
    — J’eusse aimé ce repas en votre
compagnie mais mes obligations m’appellent ailleurs. Vous serez mieux ici qu’à
côtoyer gens de Cour que vous appréciez peu et j’ai veillé à choisir chaque
plat qui vous sera servi.
    Il leva la main pour qu’on ne le remercie
point

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