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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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premier, mais avec panache, passant
de l’héroïque au sublime.
    Deux heures plus tard, épuisé, alourdi et
légèrement titubant, bouteilles de Champagne en les mains, d’autres sous le
bras et précédé de trois violons, le baron de Sousseyrac quitta l’hôtel
particulier de la princesse en la rue des Chartreux, y laissant souvenir
impérissable et vague promesse de mariage avec un des plus riches partis de
toute la Flandre et Pays-Bas.
    Son arrivée au Louvre fut très remarquée et la
garde lui interdisait de plus en plus fermement l’entrée lorsque cinq officiers,
dûment chapitrés, accoururent en grande vitesse, criant du plus loin qu’ils
pouvaient :
    — Halte à la Garde !… Halte à la
Garde !… Officiers du Dragon Vert vont et viennent au Louvre selon
leur bon plaisir : ordre du roi !
    Sousseyrac, très flatté, poussa son avantage :
    — Tel qu’en l’esprit du roi, la mesure
vaut aussi pour mes violoneux.
    Les cinq officiers, dont rien moins qu’un
colonel, échangèrent regards anxieux. Ils prenaient les mesures de sécurité
très au sérieux mais savaient également que les ordres du roi avaient été
répétés, chose assez rare.
    On se mit d’accord pour fouiller les musiciens
puis Sousseyrac entra et se fit jouer aubade en les jardins des Tuileries.
    Les visages étaient durs, éclairés par les
reflets des torches. Les ordres brefs semblaient aboyés, et comme hachés par
les coups de fouet infligés aux chevaux.
    En la nuit, long convoi de charrettes quitta l’Arsenal
en grand secret, emportant armes et canons flambant neufs.
    Monsieur de Sully regarda le comte de Nissac
comme homme qu’on s’apprête à ne plus revoir.
    — Faites-leur grand mal, amiral, et ne
regardez point à la dépense : je couvre tout.
    Car ainsi était-il fait que sa haine de l’Espagne
catholique était plus forte que sa légendaire avarice au sujet des fonds de l’État.
    Le comte de Nissac répondit, davantage pour
lui-même que pour Sully :
    — Leur faire mal ?… La guerre fait
toujours mal.

68
    Le voyage de Paris à Rouen avec les canons
flambant neufs se déroula sous un ciel maussade et dura de longs jours.
    Puis une vague de froid telle qu’on en voit
peu souvent s’abattit sur le nord de l’Europe, n’épargnant point le royaume de
France. Si bien qu’il neigeait lorsque Le Dragon Vert mit à la voile
pour sortir de Rouen.
    Le temps si grandement inclément rendait toute
manœuvre épuisante, durcissant toile des voiles et transformant cordages en
lourds câbles de fer.
    L’équipage grelottait dès qu’il se trouvait
sur le pont, exposé au vent polaire, et goûtait tel rare bonheur de se
retrouver en les ponts inférieurs où régnait bien meilleure température, le
navire ayant été parfaitement calfaté.
    Occupation fut cependant donnée au large de
Bruges où l’amiral de Nissac surprit brigantin à drapeau noir tirant une proie
capturée, qui se trouvait navire de commerce turc.
    En raison de vieille alliance existant entre
marines française et turque, l’amiral décida d’intervenir.
    Se plaçant lui-même derrière un canon, il
réussit du premier coup à couper amarre reliant brigantin à sa proie mais
malgré ce coup d’une diabolique précision, qui aurait dû l’inciter à la
prudence, le barbaresque se prépara au combat.
    Le comte de Nissac n’en parut point ému et, bien
qu’il eût semblé jusqu’ici assez désinvolte, il donna sèchement ses ordres.
    Une première salve éradiqua les deux mâts du
brigantin, la seconde ravagea les ponts, la dernière décima l’artillerie du
barbaresque.
    Puis, ayant volé le vent à son bon avantage, Le
Dragon Vert fondit sur le navire pirate.
    Lorsqu’on fut pont à pont, on lança
chausse-trappe sur le brigantin car, si l’infanterie du Dragon Vert montait
toujours à l’assaut bottée, les barbaresques allaient souvent pieds nus et, cette
fois encore, des malheureux eurent les pieds transpercés par ces hérissons de
métal.
    Puis, voyant peu de monde en le pont et
craignant tireurs embusqués, on jeta les pots-à-feu-puants pour chasser l’ennemi
de ses cachettes par l’odeur nauséabonde, et l’obliger à se montrer.
    De combat, il n’y eut pas car contrairement à
l’usage, barbaresques, qui tous parlaient anglais, se rendirent massivement.
    Puis le capitaine, tenant à la main drapeau
anglais – faute de mât où le hisser – parut enfin, cachant mal sa confusion
mais le comte de Nissac avait

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