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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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déjà compris.
    Il lança du ton insincère de l’étonnement
profond :
    — Tiens, nos amis anglais… Ah çà, monsieur,
est-ce pour la mi-carême bien proche qu’un capitaine de la marine royale de
Jacques I er d’Angleterre joue au barbaresque ?
    Pendant ce temps, sur le pont, marins « barbaresques »
se trouvaient un peu rudoyés à coups de pied en le derrière tant est ancienne
hostilité entre marins anglais et français.
    Le capitaine anglais, gêné, expliqua :
    — C’est que, monsieur l’amiral, ce gros
Turc était bien tentant.
    Nissac le regarda sévèrement.
    — Ainsi, vous sortez le drapeau noir de
temps à autre pour arrondir votre bourse ?… Curieuse manière qui vous
vaudra d’être pendu à l’instant.
    L’Anglais baissa la tête.
    — Monsieur l’amiral, plaida le capitaine
vaincu, nos pays ne sont point en guerre…
    Bien que sa décision fût arrêtée depuis le
premier instant, le comte de Nissac fit mine de réfléchir, mettant ainsi le
capitaine anglais au supplice. Enfin, il lança :
    — Soit, je vous laisse à votre destin, monsieur.
Mais vous regretterez peut-être que je ne vous aie point pendu car dériver
pendant des jours par ce froid est sort cruel quand d’autre part, verriez-vous
à nouveau les falaises d’Angleterre, il vous faudra justifier de l’état de
votre navire. Je ne vous envie point.
    Bientôt, Le Dragon Vert se détacha de l’anglo-barbaresque
mais l’équipage de celui-ci criant comme putois et insultant la France et les
Français à mesure que ceux-ci s’éloignaient, le comte de Nissac, se plaçant
derrière un canon, fracassa d’un seul boulet le gouvernail des transfuges qui
se turent tout soudainement, en grande consternation.
    Croisant le regard du second, l’amiral dit simplement :
    — La route plein nord, monsieur des
Ormeaux.
    — Nissac !…
Thomas de Pomonne, comte de Nissac, amiral des mers du Levant !… Et vous
lui avez parlé, sombre idiot, mais si peu, occupé que vous étiez par votre
petite cour ridicule !
    D’Épernon n’en croyait pas ses oreilles, regardant
l’ambrosien avec incrédulité :
    — Mais comment la chose serait-elle
possible ?… Ce Nissac est excellent officier, de très haute noblesse et
considéré avec respect par l’hérétique qui nous sert de roi…
    L’ambrosien secoua sa tête mutilée.
    — Et alors, toutes ces raisons ne
vont-elles point aussi dans mon sens ?… De « très haute noblesse »,
dites-vous ?… Justement, les comtes de Nissac, quoi qu’ils en aient pensé,
ont toujours servi en absolue fidélité les rois de France tel que l’exigeait
sans doute l’idée qu’ils se font de l’honneur. « Considéré avec respect de
l’hérétique », avez-vous ajouté ?… Et comment en serait-il autrement,
allant toujours au-delà, et avec quelle adresse, lui, des ordres reçus ?…
« Excellent officier », précisez-vous ?… Ne l’a-t-il point
montré par ses très audacieuses attaques de vos châteaux de Cadillac et
Beychevelle ?… Et c’est même cela qui a éveillé ma curiosité, à défaut de
la vôtre qui somnole : seul l’amiral de Nissac pouvait réussir pareil coup.
    D’Épernon ne put s’empêcher de piétiner de
rage :
    — Mais il faut le tuer !… Le tuer en
l’instant !…
    La petite voix désagréable du moine rappela le
duc d’Épernon à davantage de retenue :
    — Calmez-vous !… Vous n’êtes plus
archimignon fardé ayant le mal de nerfs devant Henri troisième. Le tuer ?…
Il est en mer, nul ne sait où ni pour quelle mission secrète. Le tuer ?… La
chose est facile à dire, mais c’est la meilleure lame de France et, face à lui,
vous ne tiendriez que quelques secondes.
    Il réfléchit et ajouta :
    — Bien entendu, il faudra le tuer. Et
nous le tuerons, la chose est certaine.
    — Je vous en remercie !… répondit
imprudemment d’Épernon.
    L’ambrosien tourna vivement vers lui sa face
mutilée et, d’une voix sifflante :
    — Vous m’en remerciez ?… Mais que vous
imaginez-vous, à la fin ?… S’il n’était question que de vous, je ne
bougerais pas un doigt car ce Nissac vous vaut mille fois.
    Le duc baissa la tête mais l’ambrosien ne s’en
aperçut point car la colère le menait à se parler à lui-même :
    — J’ai organisé magnifiquement ce complot,
en chacun des détails où tout est prévu, où partout il existe solution de repli,
où les spadassins auront ordres si précis que

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