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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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la ville, comme en ses quatre-vingt-deux hostelleries
et ses innombrables bouges constitués de quelques planches.
    En les locaux de la Milice, on entretenait
très vaguement conversation. On se tenait prêts, en cas de troubles soudains, à
tendre des chaînes en les rues à l’aide de rouets, utilisant grosses bornes
blanches destinées à pareil usage.
    Prêts, également, à crier : « Aux
armes ! »
    Bientôt, en une aube glacée, le Louvre allait
surgir des brumes de la rivière de Seine avec ses tours, son pont dormant, son
pont-levis, ses douves où stagnait une eau gelée.
    Le roi, lui, venait de s’éveiller en sursaut. Et,
peut-être parce qu’il était roi, il eut le pressentiment que Nissac allait
passer à l’action pour assurer grand renom à son règne.
    Alors il sourit et se rendormit en convoquant
mille images de combats magnifiques et glorieux mais, peut-être parce qu’il
était roi, il ne songea point aux larmes, au sang, aux tripes fumantes et aux
cadavres pourrissants…

72
    La nuit était profonde, mais lueur lunaire et
épaisse chute de neige se reflétant sur la surface de la mer du Texel prise en
les glaces donnait belle et étrange lumière.
    La chose ne faisait pas l’affaire de l’amiral-comte
de Nissac, qui eût préféré de beaucoup nuit sombre et profondes ténèbres.
    Il donna ordre aux trente-neuf qui l’accompagnaient
de se plaquer sur la glace afin qu’il puisse observer ce qu’il venait chercher
après épuisante marche d’une lieue sur la mer gelée, s’étant constamment guidé
aux étoiles.
    Cinq !… Il venait d’en compter cinq !…
    C’était bien le nombre que lui avaient indiqué
marins des Pays-Bas, dits « Gueux des mers », irréductibles ennemis
de l’Espagne catholique qui tant les persécutait, parfois férocement comme, voici
peu, le duc d’Albe.
    Cinq !…
    Cinq magnifiques galions de la flotte de
guerre espagnole qui, ayant été surpris par l’arrivée de l’hiver, se trouvaient
prisonniers en les glaces comme mouches en toile d’araignée. Car les vaillants
capitaines de Philippe III ignoraient sans doute, ou ne voulaient point
croire, que la mer puisse geler telle une malheureuse flaque de pluie en l’ornière
d’un mauvais chemin.
    Si l’instant était mal approprié en raison de
la luminosité, la date paraissait judicieuse. En effet, le printemps assez
proche allait bientôt libérer les navires espagnols et, après cette longue
captivité, équipage sur le qui-vive se laissait gagner par engourdissement d’une
très prochaine libération, si bien que la vigilance se relâchait.
    Nissac savait qu’il ne pouvait différer cette
affaire car bien vite espions à la solde de l’Espagne ne manqueraient pas de
signaler à leurs maîtres présence du tant redouté Dragon Vert croisant
en les environs.
    Par chance, les navires ennemis se trouvaient
proches les uns des autres, ce qui évitait grand déploiement et dispersion des
maigres troupes françaises sur la mer gelée.
    L’amiral avait entraîné chacun à le comprendre
lorsqu’il s’exprimait par gestes et ainsi fut-il fait car, par ce froid intense,
assaillants ne pouvaient longtemps rester couchés sur la glace.
    Les Français se formèrent donc en cinq groupes
de six hommes ayant chacun à investir un vaisseau par surprise quand un ultime
groupe de dix, sous les ordres de l’amiral de Nissac, se tenait en échelon de
réserve au cas où les choses tourneraient mal sur l’un des galions espagnols.
    Le visage indéchiffrable, le comte de Nissac
regarda les cinq groupes qui s’élançaient.
    Les trente hommes se dispersèrent bientôt, chaque
groupe vers sa proie, et premier instant pénible surgit lorsqu’il fallut lancer
les grappins qu’on avait pourtant astucieusement pensé à envelopper de chiffons
pour atténuer le bruit du métal contre le bois.
    Les chefs de groupe, Sousseyrac, Fey des
Étangs, Valenty, La Tomlaye et Yasatsuna grimpèrent les premiers aux flancs des
navires, équipements sur le dos, sabre entre les dents, pistolets à la ceinture,
poignards de lancer en la tige des bottes, tel que l’avait ordonné le comte de
Nissac.
    Sans doute, placés plus près, ceux de l’échelon
de réserve eussent pu entendre cris étouffés des sentinelles poignardées mais, en
réalité, silence relatif était le garant de la bonne marche de l’attaque.
    Le temps sembla fort long à l’amiral, la baronne
et les hommes qui les accompagnaient.
    Puis le groupe

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