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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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celles des autres loups-garous étant de moindre
importance.
    Un délai des plus raisonnables qu’il faudra
respecter car lassitude et mélancolie risquaient de venir à ses loups-garous en
raison de trop fréquent commerce avec les massacres.
    « Rouge », le plus sanguinaire de
tous, celui qui le défigura, « Rouge » lui-même avait semblé manquer
de goût pour le sang frais.
    Un peu de patience serait bon calcul. Le temps
d’entreposer nouveaux trésors en les souterrains du château des chimères et de
soigner les blessures avant de recommencer.
    Recommencer jusqu’à quand ?… Le moine
défiguré ne chercha point à répondre à cette question.
    En le soir tombant, les ruines du château des
chimères paraissaient encore plus désolantes.
    Par une nuit claire,
ils avançaient courbés sous le vent polaire qui les pénétrait jusqu’aux os.
    Le Dragon Vert s’était
beaucoup avancé, trop, peut-être, allant à l’extrême limite des glaces, la où
la mer du Texel devenait surface gelée. Aussitôt, trois barques avaient
transporté sur très courte distance allant du navire à la banquise les quarante
de la troupe d’assaut, fine fleur des officiers, soldats et marins du galion
royal.
    Très lourdement chargés d’armes et de poudre, ils
marchaient vers l’aventure.
    Certains allaient mourir, chacun se demandait
si ce ne serait point lui, mais nul pourtant n’aurait voulu céder sa place tant
cette mission secrète en la mer du Texel était chose nouvelle en l’histoire des
opérations de guerre. Tous pensaient qu’une gloire éternelle ruissellerait sur
pareille action et donc sur eux-mêmes et cela, en les siècles des siècles.
    Illusions de soldats qui servent sans songer
aux trahisons…
    Nissac, lui, se doutait, sans le savoir
formellement, que mission secrète un jour peut le demeurer toujours, au moins
quant aux noms de ceux qui l’entreprirent.
    Au reste, l’amiral ne se battait point pour la
gloire mais par sens du devoir, car ainsi était sa raideur morale contre
laquelle il ne pouvait rien. Un devoir, cependant, sur lequel il s’interrogeait
en voyant tant peiner ses hommes et ses amis Fey des Étangs, Sousseyrac, Valenty,
La Tomlaye et Yasatsuna.
    Sans parler de la ravissante baronne qui
allait à ses côtés, cheveux blonds collés par le gel, regard à la fois farouche
et tendre. Sur les cils des beaux yeux verts, des cristaux de neige glacée
scintillaient à la lumière de la lune.
    La troupe des quarante avançait, glissant
parfois sur la glace, marchant par trois de front pour affaire d’une audace
inouïe qui allait marquer le temps avant que d’autres hommes, étriqués ceux-là,
ne passent pareille action sous silence faute de l’oser recommencer, la
jalousie exigeant finalement moins de qualité que l’héroïsme.
    Car en l’art des peintres et des sculpteurs, la
musique, le théâtre, la littérature, il en est comme pour la guerre : le
silence tue plus certainement que l’adversaire.
    Mais n’est-ce point le destin des hommes de
valeur que d’être persécutés par des nains fiancés à la médiocrité ?… Nissac
le savait, les braves qui survivraient à cette grande aventure le
découvriraient avec amertume.
    Tandis que l’amiral-comte
de Nissac et les siens allaient vers leur destin en épouvantables conditions de
vent, de neige et de froid, Paris, plongé en une nuit glacée, dormait.
    Quelques pendus se balançaient au gibet de
Montfaucon. Sur la place de Grève, toutes premières charrettes commençaient à
amener marchandises arrivées en les ports de la rivière de Seine et destinées
aux marchés aux grains, aux fourrages, au bois ; aux grandes halles de la
paroisse Saint-Eustache, au marché neuf de l’île de la Cité, au marché du
cimetière Saint-Jean derrière l’hôtel de ville, au marché dit « de la
vallée de la misère », à ceux de Maubert, Saint-Médard ou Saint-Germain.
    Paris dormait, légèrement dérangé en son
sommeil par bruit des roues cerclées de fer des premières charrettes cahotant
sur les pavés de grès.
    Quelques tardifs carrosses avec laquais
portant flambeaux ramenaient riches débauchés en leurs belles demeures tandis
que les fols qui parlent seuls erraient en la ville sombre à peine éclairée, de
loin en loin, par quelques lanternes fumeuses.
    On dormait, souffrait ou gémissait de plaisir
en les quelque seize mille huit cent dix-neuf maisons, hôtels particuliers, couvents,
académies et hôpitaux de

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