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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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merveilleuses années à vivre.
    Elle devina, par instinct, qu’il ne lui
mentait pas. Elle décida de prendre les choses ainsi qu’il le disait. Mais ces
dix années, elle comptait bien les organiser avec le plus grand soin, seconde
après seconde…
    Henri quatrième, pour
ne point changer ses habitudes, se trouvait au lit, cette fois avec fort jolie
femme de trente ans, épouse d’un membre du Parlement, lorsque François de
Bassompierre, qui seul avait accès à cette secrète alcôve – uniquement en cas
de circonstances de première importance – parut.
    — Ah, Sire, comme vous allez être en
grande joie !…
    Entendant ces paroles et voyant l’éclatant
sourire de Bassompierre le roi donna claque sonore sur les fesses rebondies de
l’épouse infidèle qui, nue, se trouvait en cet instant assise sur la virilité
du roi, lui-même allongé.
    La jolie femme se coucha sur le côté, décidant
de prendre compensation en écoutant les nouvelles qu’apportait ce fort beau
gentilhomme tout en prenant soin de ne rien tenter pour dissimuler ses appas.
    Bassompierre parla sans gêne :
    — Sire, il a réussi !… Ambassade d’Espagne
à Paris est en très grand affolement, et messagers envoyés en moult endroits
pour qu’on donne version de grande fausseté sur l’importance de l’événement car
en vérité, le Fort du Feu n’existe plus.
    Henri quatrième s’assit en la couche.
    — Qu’entends-tu par là ?
    — Il n’y a plus pierre sur pierre au Fort
du Feu.
    — Ah çà, Bassompierre, je ne veux point
être déçu, alors réponds-moi : la source de tout cela est-elle sérieuse ?
    — La plus sérieuse du monde, Majesté :
il s’agit de messager espagnol de l’ambassade chargé d’aller porter la nouvelle
en Flandres. Mais contre belle bourse d’or, il a fait comme à son habitude
détour chez votre lieutenant de police.
    Le roi, encore à demi convaincu, se leva pour
s’habiller.
    — Dis-m’en davantage : que sait-on
qui soit certain ?
    — Groupe de trente à quarante Français, dont
une femme et un chef militaire portant chapeau à plumes vertes, bleues et
blanches…
    — Nissac et sa jolie épouse !… coupa
le roi, se prenant à espérer que tout cela fût authentique.
    Bassompierre répondit :
    — Qui d’autre, Sire ?
    — Ah, poursuis, Bassompierre : comment
a procédé ce diable de Nissac ?
    — Il a ménagé avec intelligence
nombreuses complicités religieuses sur place, mais l’audace est qu’ils ont
traversé la Bidassoa à la nage, poudre sur les épaules et sabre entre les dents,
en pleine nuit et sous la pluie.
    — Comme j’aime à rêver que j’eusse pu en
être !… Eh bien, Bassompierre, poursuis, je meurs de t’entendre !
    En semblable excitation que son roi, Bassompierre
reprit :
    — Or donc, Sire, après avoir traversé la
Bidassoa à la nage, ils ont investi le Fort du Feu mais par l’arrière, là où l’Espagnol
ne redoutant nulle attaque montrait quelque négligence.
    — Par l’arrière !… Ruse digne de
Grec contre les Troyens !…
    — Ils ont fait ainsi, Votre Majesté. Il y
aurait eu violente bataille à l’intérieur du fort où Espagnols opposèrent très
vive résistance. On dit que finalement, Nissac se serait enfermé seul en la
poudrière qu’il aurait fait sauter avec lui, tuant les deux cents Espagnols de
la garnison.
    Le roi s’approcha de Bassompierre à le toucher
et, soudain livide :
    — Quoi, Nissac est mort ?
    — Attendez, Sire !… J’étais déjà en
route pour vous porter cette consternante nouvelle lorsque message arriva par
pigeon du Dragon Vert, et qui disait le contraire.
    — Que disait-il ?… demanda Henri
quatrième en grande agitation.
    — Le message, de la main de l’amiral de
Nissac, disait ceci, Sire : «  Omelette aux champignons espagnols
réussie mais certains convives déçus par ce festin m’attendent en grand nombre
à Gibraltar. Priez pour nous, car ils seront très difficiles à convaincre. Nissac,
amiral. »
    — Pourquoi repasse-t-il Gibraltar ?
    — C’est là tout Nissac, Sire, il est
ainsi fait et c’est pour cela que nous l’aimons.
    — Quelles sont leurs chances, Bassompierre ?
    — Leur situation est désespérée, Sire.
    — Qu’en savons-nous ?
    — De partout, navires de guerre espagnols
brûlent les étapes pour rallier Gibraltar. Des navires de renfort ont mis à la
voile à Saint-Sebastien, Santander, La Corogne, Lisbonne, Cadix et

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