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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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d’autres
ports du Ponant pour couper toute retraite au Dragon Vert s’il changeait
d’avis… Une puissante flotte de secours est déjà en route depuis Carthagène
pour intercepter Nissac si par miracle il passait Gibraltar.
    — Que peut-on faire pour eux ?
    — Il n’est hélas rien à tenter, Votre
Majesté : notre marine est inexistante et l’armée n’est pas encore prête. Nous
ne devons pas bouger.
    — Alors à quoi bon être roi si je laisse
massacrer ceux que j’aime par toute cette meute ?… répondit Henri
quatrième en profonde amertume.

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    Il fallait juger très vite de la situation
sauf à ne le plus pouvoir faire jamais, étant mort.
    Nissac estima le dispositif espagnol. Il le
trouva intelligent, mais sans surprise.
    Il prit petit avantage en cette très inégale
bataille navale, comprenant qu’elle serait violent duel d’artillerie, et rien d’autre ;
ce qui n’était point exactement l’entendement qu’en avait l’amiral espagnol. En
effet, celui-ci massait troupes nombreuses sur les ponts quand Nissac envoyait
le plus d’hommes qu’il fut possible en renfort aux canonniers du Dragon Vert.
    Première différence.
    La seconde, qu’on voudra bien comprendre comme
un avantage qui n’était point négligeable, tenait au fait que l’amiral de
Nissac avait une fois encore réussi à voler le vent à ses adversaires. Ceux-ci
n’en étaient pour une fois pas responsables, se trouvant contraints d’attendre
le comte de Nissac sans trop bouger quand le Français choisit de doubler le
détroit au meilleur moment, alors que ses voiles se trouvaient gonflées d’un
vent puissant qui ne faiblissait pas.
    Seconde différence, donc.
    Le troisième atout se trouvait en l’artillerie
du Dragon Vert surclassant de loin toutes celles existant en la planète.
Puissance, vitesse, modernité la caractérisaient. À quoi s’ajoutait un nombre
supérieur de canons, dont plusieurs pièces lourdes, toutes sortant, neuves, des
arsenaux de monsieur de Sully.
    Troisième différence, à l’évidence.
    Enfin, quatrième carte de l’amiral français
qui devait stupéfier ses adversaires, avait été jouée quelques jours plus tôt
même si ses effets ne devaient se faire sentir qu’en la bataille. En effet, à
la grande surprise de ses canonniers, le comte de Nissac avait fait avancer ses
pièces plus près du bord et profondément modifier les affûts. Ainsi, au lieu
que les canons, en certaine fixité, forment angle de quatre-vingt-dix degrés
avec le vaisseau, les pièces sur affûts roulant en balayaient cent quatre-vingts,
permettant de tirer sur navire adverse bien avant d’être à sa hauteur puis de
le poursuivre de ses boulets. Un changement si brutal en la conception de l’artillerie
que nul n’osera le reprendre d’avant longtemps. Pour couronner tout cela, on
avait installé deux canons vers l’arrière balayant angle de cent trente-cinq
degrés.
    Quatrième différence, enfin.
    Debout sur la dunette, l’amiral français
compta quinze galions espagnols, ce qui annonçait combat désespéré. Une fois en
l’histoire maritime assez récente, soit dix-neuf ans plus tôt, semblable cas s’était
présenté lors de la guerre anglo-espagnole. En effet, en 1591, au large de
Flores, dans les Açores, le Revenge avait affronté seul quinze galions
espagnols, mais fut capturé après lutte acharnée.
    Navires de Philippe III d’Espagne, aussitôt
aperçue la voile du Dragon Vert, avaient adopté formation de trois
groupes de cinq galions en file, chaque groupe ne se trouvant point à la
hauteur d’un autre afin d’éviter de se tirer dessus. En outre, tel quel au
débouché du détroit, navires espagnols, en ces trois axes, ne laissaient aucune
chance d’évasion au bâtiment français.
    Nissac, sur la dunette, observait les quinze
navires de ses indéchiffrables yeux gris, son visage demeurant comme toujours
inexpressif. Seul le second, Charles Paray des Ormeaux, avait été admis à ses
côtés. Plissant les paupières en raison de sa mauvaise vue, il lança un regard
au pavillon fleurdelisé du royaume de France. Pensant sa dernière heure venue, il
murmura :
    — Que Dieu aie pitié de nous et veille
sur cet engagement.
    À quoi l’amiral de Nissac, toujours immobile
mais doté d’une très fine oreille, répondit :
    — Cette bataille est sans doute une des
plus complexes que j’aie connue, monsieur des Ormeaux. De grâce, n’y mêlons point
Dieu qui n’a guère

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