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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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se tut un instant, réfléchit, et reprit :
    — Certains penseront peut-être, eu égard
aux nombreux morts…
    Il hésita un instant et poursuivit :
    — N’ayez point de regrets de la
destruction du Fort du Feu car c’était là redoutable invention, architectes
espagnols ayant grand talent. En effet, en la conception des souterrains, garnison
pouvait attaquer par surprise assaillant sur ses arrières, lui infliger lourdes
pertes et regagner l’abri de sa forteresse.
    — Mais n’avez-vous point manqué de temps ?…
demanda Valenty.
    — Il s’en est fallu certainement de bien
peu que je ne disparaisse dans l’effondrement général. Je courais et la voûte s’écroulait
à mesure derrière moi, parfois à moins d’une toise.
    Bientôt, ils retrouvèrent ceux qui gardaient
les chevaux et qui tressaillirent en voyant hommes du Dragon Vert placer
leurs morts en travers des selles de leurs montures.
    Puis, à vive allure, la petite troupe gagna l’endroit
où attendaient les barques.
    On leur fit fête sur Le Dragon Vert car,
comme toujours en ces affaires, ceux qui ne sont point directement en l’action,
qui a pour avantage de distraire de la peur, ceux-là sont davantage portés à l’angoisse.
    Cependant, cette fois encore, la joie se
trouva ternie par le fait que les survivants ramenaient avec eux sept cadavres,
l’un s’étant noyé en le passage de la Bidassoa, deux ayant été tués lors de l’attaque
du dortoir, deux autres sur la barricade et les deux derniers ayant succombé à
leurs nombreuses blessures.
    Nissac prit alors décision qui lui coûtait
mais, dépassant sa personne, engageait chose importante : ne pas céder à
la peur, aller droit au sud.
    En effet, il avait réussi la double mission
dont il s’était trouvé chargé par le roi et que beaucoup considéraient encore
voici peu comme des plus délicates, sinon impossible : en temps très court,
la double destruction de la Flotte du Nord au sud du Danemark et celle du Fort
du Feu sur les Pyrénées. Ainsi, l’Espagne paraissait attaquée partout et
toujours battue.
    Mais l’amiral connaissait suffisamment les
hommes en général, les Espagnols en particulier et Philippe III tout spécialement
pour ne point ignorer que pareil affront ne lui serait jamais pardonné.
    Déjà, à bride abattue, des messagers devaient
galoper vers l’Escurial où la première des mesures prises consisterait à
édifier infranchissable barrage en le détroit de Gibraltar. Quitte à aligner
dizaines de vaisseaux, l’Espagne, humiliation pour humiliation, allait
interdire la Méditerranée au Dragon Vert qui n’y pourrait jamais
retourner.
    Et au fond, rien n’obligeait le comte de
Nissac à mettre le cap sur Toulon. Rien, si ce n’est l’honneur. Le sien, certainement,
mais aussi celui de la marine de guerre et du royaume des lys.
    Il tenait pour certain qu’obligé de contourner
l’Espagne, il laissait le temps à ses ennemis de s’organiser mais savait
également que plus il ferait diligence, moins les Espagnols pourraient aligner
de vaisseaux pour lui barrer le détroit et le couler.
    Bien qu’il fît encore nuit, mais profitant de
la pleine lune et de vents favorables, il fit hisser toutes les voiles et
ordonna la route au sud.

79
    Philippe III d’Espagne regarda avec
incrédulité le jeune général encore gris de poussière qui lui faisait face.
    Puis, le saisissant violemment au col et le
secouant :
    — Répétez !…
    Le général connaissait le monarque. Il parla
donc d’un ton uni, tentant de lui donner, au moins sur ce chapitre, bonne
satisfaction sur ce qu’il pouvait exiger compte tenu de la gravité de la
nouvelle :
    — Des Français ont franchi la Bidassoa de
nuit, à la nage, et ont investi le Fort du Feu par l’arrière. Ils étaient
environ une trentaine commandés par un homme grand et mince coiffé d’un chapeau
à plumes vertes, blanches et bleues. Les deux cents hommes de la garnison sont
morts dans l’explosion du fort. L’unique survivant, celui auquel j’ai parlé, gravement
brûlé, n’est point en l’état d’être transporté.
    Philippe III hocha la tête, retrouvant
peu à peu son calme en grand monarque toujours capable de cacher ses sentiments
et dissimuler ses émotions.
    Il savait trop bien qui était l’homme au
chapeau à plumes et n’avait point besoin de ce détail pour l’identifier : l’audace
de l’opération en indiquait l’auteur.
    Nissac !…
    Oh, comme il

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