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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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courut en l’assemblée,
tranquillisée à l’idée que, silencieuse et efficace, la sécurité était assurée
par des hommes de l’ombre.
    L’ambrosien reprit de sa petite voix irritante
plus aiguisée encore qu’à l’ordinaire :
    — Son châtiment sera exemplaire !… Exemplaire !…
Il en ira de même, sans considération de rang ou de services passés, pour tous
ceux qui sciemment ou par négligence mettront notre cause sacrée en péril.
    Tous approuvèrent mais l’ambrosien sembla les
repousser d’un geste de la main signifiant profond mépris.
    — Appartenir à cette conjuration qui
aboutira à la libération du royaume des lys est un privilège qui se mérite par
la vigilance et l’ardeur à servir, fût-ce en bravant les plus grands dangers.
    Il baissa légèrement la voix :
    — C’est à présent une affaire de jours, m’entendez-vous,
de jours !… Patience et prudence !… Henri quatrième, ce bouc puant, va
mourir, j’en ai la conviction profonde et de la manière dont le vent chasse les
nuées, nous jetterons en les fosses de l’oubli ceux qui le servirent avec trop
de zèle !…
    Les têtes encagoulées se tournèrent les unes
vers les autres en un impressionnant spectacle et un instant, on n’entendit
plus que le vent qui hurlait en les rues désertes de Paris. Tous les conjurés
ou presque s’étonnaient de se trouver ainsi si près du but sans qu’il soit
possible de reculer, condamnés à avancer en le sang d’un roi de France.
    L’air, en la grande salle, se glaça d’un coup.
    L’ambrosien, toujours habile et prompt à
saisir semblable phénomène, fit en sorte, par ses paroles, que ses auditeurs se
persuadent en effet que toute retraite était coupée :
    — Pour nous, ce sera la gloire. Ou l’infamie !…
Tout le pouvoir. Ou le plus honteux des châtiments : la mort en place de
Grève !
    En cette même nuit
sombre et venteuse, où la clarté de la lune se trouvait souvente fois masquée
par le passage de gros nuages d’un gris foncé presque violet, les rues de Paris
étaient vides.
    Ainsi semblait-il impossible de ne pas
remarquer la femme qui allait seule sur le pont Notre-Dame garni de petites
échoppes.
    Elle marchait à pas menus mais rapides, sans
doute apeurée de se trouver dehors en cette heure tardive. Cependant, elle eût
été plus avisée d’avancer en le centre de la rue au lieu de quoi elle longeait
les échoppes construites sur le pont.
    Brusquement, surgissant de l’encoignure d’une
porte, une silhouette massive, haute d’une toise, se dressa devant la femme de
petite taille. L’homme, qui portait chapeau à plumes noires, lui soufflait au
visage haleine qui empestait l’oignon.
    Et cet homme aux yeux agrandis par le désir
regardait avidement la femme qu’il dominait de plus de deux têtes. Il pressa
violemment sa bouche contre la sienne afin d’y faire pénétrer sa langue mais sa
menue victime, quoique semblant amollie par la force de l’étreinte, parvint
cependant à ne point desserrer les dents.
    Exaspéré, le « tâteur », puisque c’était
lui, souleva la robe et glissa sa main en l’entrecuisse de la femme, cherchant
l’orifice qu’il voulait déchirer de sa main gantée de fer.
    Soudain, ses traits durs changèrent du tout au
tout, marquant totale incrédulité tandis que la femme, brusquement souriante en
son visage énigmatique, lui disait d’une voix virile et saccadée :
    — C’est pour vous très désagréable
surprise, honorable « tâteur », de trouver ce que vous venez de
trouver et qui est chose à la fois de certaine taille et bonne circonférence
qui dorme généralement excellent contentement aux dames !
    — Tu… Tu serais un homme, maudite chienne ?…
murmura le « tâteur » sans dissimuler profond dégoût.
    — Tu es très fin observateur, monsieur le
« tâteur » !
    — Un pédéraste !… souffla le « tâteur »,
atterré.
    — C’est que les rues ne sont point sûres,
vous savoir cela mieux que quiconque.
    Sous les effets conjugués de la stupeur et de
l’horreur, les acides, en l’estomac du « tâteur », s’intensifièrent
en un abondant débit si bien qu’au parfum d’oignon de l’haleine se mêlait à
présent fragrance de fosse commune et nul n’aurait pu résister à semblable arme
secrète.
    Nul, si ce n’est justement le seigneur Yasatsuna
dont la grande consommation qu’il faisait de poissons pourris avait en quelque
sorte insensibilisé,

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