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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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sinon perverti, l’odorat.
    — Je vais te broyer ta maudite queue !…
gronda le « tâteur ».
    — Vous êtes un très présomptueux tâteur !…
répondit le seigneur Yasatsuna dans un sourire.
    Puis, l’air toujours aimable, il saisit en les
siennes les mains – dont celle gantée de fer – du « tâteur » et les
broya lentement jusqu’à ce que l’on entendît distinctement craquer les os en la
nuit sombre.
    Le « tâteur » poussa un hurlement de
douleur puis, tel en un cauchemar, il vit des cavaliers qui, depuis les deux
extrémités du pont, arrivaient au galop, l’épée à la main.
    Sousseyrac et ses compagnons hissèrent le « tâteur »
en selle, puis il fut entraîné par le groupe de cavaliers.
    Il était seul en son
cachot.
    Une peur telle qu’il n’en avait jamais connu
lui serrait la poitrine et le bas-ventre.
    Enfermé en les caves d’ancienne auberge, on ne
l’avait ni interrogé, ni rudoyé, le laissant seul dans le noir.
    Puis il entendit long hurlement, auquel d’autres
répondirent mais ils n’avaient rien d’humain, évoquant irrésistiblement des
loups.
    Enfin, suscitant angoisse plus grande encore, ce
fut le silence. Un silence total, absolu.
    Vinrent alors bruits légers qui se
rapprochaient…
    Chaque chose semblait ainsi graduée pour
augmenter la terreur : hurlements de loups, silence, bruits légers et
proches en ce noir total où il ne distinguait rien.
    Il entendit bruit de serrure, celle de sa
cellule et, bien qu’ils fussent totalement silencieux, le cardinal de Bellany
sut qu’ils étaient là !
    Plusieurs !
    « Ils » emplissaient la cellule d’une
chose qu’on ne pouvait point nommer, qui remontait peut-être à la nuit des
temps, celle de la barbarie absolue.
    Il sentit une douleur horrible au visage et
poussa un cri. Les frôlements s’éloignèrent, comme si on souhaitait lui laisser
le temps d’apprécier sa blessure.
    Le cardinal porta une main tremblante à son
visage et constata avec horreur qu’il n’avait plus de nez. En son cerveau
affolé, il comprit. Ce souffle chaud un instant au visage, le fugace contact de
poils : un loup venait de lui dévorer le nez.
    Mais il se trouvait debout en cet instant, or
le loup n’avait point bondi car il eût entendu le saut. Donc, l’animal se
trouvait debout sur ses pattes arrière ?… Impossible !… L’eût-il été
que sa taille n’eût point suffit.
    La vérité lui apparut d’un coup et grandit sa
peur. Cette… « chose » portait un nom. Elle était réputée pour n’avoir
point d’âme, et se trouver cruelle par état de nature. Et les deux mots qui la
nommaient ne laissaient point d’espoir de survie : loup-garou !…
    En outre, il n’était point seul, des
congénères l’accompagnaient. En son esprit calculateur, le cardinal de Bellany
songea à toutes les intrigues, toute la ruse et l’intelligence déployées pour
obtenir ce chapeau de cardinal et que tout cela menait en une cave repoussante
où des loups-garous l’allaient dévorer.
    Pitoyable !
    Il fut alors pris d’un remords. Craignant pour
sa vie en fournissant trop de renseignements, il n’avait point signalé que
Ravaillac, dont il avait donné le nom, était un homme roux à la barbe rouge, par
quoi on l’eût facilement reconnu.
    Brusquement, il fut attaqué des deux côtés, où
l’on venait de lui dévorer les oreilles mais curieusement, la douleur pourtant
vive lui fut moins désagréable que le bruit de ses cartilages broyés par de
puissantes mâchoires.
    Et la lumière fut. Le cardinal reconnut le
moine de la conjuration des douze, bien qu’un capuchon cachât son visage, à sa
petite voix désagréable :
    — Eh bien, gros porc, apprécies-tu les
compagnons que je t’ai donnés ?
    Le cardinal vit les trois loups-garous qui, oreilles
dressées, l’observaient en silence sous leur masque animal, puis, sous l’effet
de la terreur et de la douleur, il s’évanouit.
    Et l’on peut certes regretter pour lui que cet
évanouissement ne fut point la mort car la suite dépassa en horreur ce qui
avait précédé. Ainsi, sans nez ni oreilles, le cardinal de Bellany, tout vif, se
vit lentement ôter la peau comme on le fait à un lapin. Et cela terminé, cette
peau, bourrée de paille, forma grotesque pantin tel épouvantail que l’ambrosien
plaça en sa chambre.
    Satisfait, le moine défiguré conversa aussitôt
avec son pantin ne craignant point, sans doute, que le cardinal de paille et

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