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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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capuchon fut baissé d’un coup sec, découvrant
abominable visage. Les quatre hommes du gouverneur d’Anjou eurent un
haut-le-corps et aucun ne remarqua que l’escorte de l’horrible moine avait
changé sa disposition. « Rouge », « Vert », « Bleu »
et « Jaune », chacun se trouvait à proximité d’un des soldats.
    Puis le sergent comprit. Il comprit ce qui
allait arriver et qu’il était déjà trop tard pour l’empêcher.
    Fasciné, il regarda bouche affreusement
mutilée du moine qui lança ordre unique :
    — Tuez !…
    Les trois loups-garous ouvrirent des bouches
qui semblèrent démesurées aux soldats puis bondirent sur trois de ceux-ci, les
faisant tomber de cheval. Bientôt, alors qu’ayant vidé les étriers, ils
roulaient sur le sol avec leurs agresseurs, des dents puissantes leur
arrachèrent pommes d’Adam, libérant des flots de sang en les convulsions de la
mort. À l’exception du sergent, maintenu en selle par les mains puissantes de « Rouge »
qui lui goba les yeux avant de lui arracher le nez.
    À cet effrayant spectacle, les enfants
hurlèrent de terreur.
    Aldomontano observa « Rouge » en
esquissant affreux sourire puis, d’une voix où perçait l’indulgence :
    — « Rouge », tu ne changeras
donc jamais ?

25
    Le vice-amiral Thomas de Pomonne, comte de
Nissac, n’avait jamais, en sa vie, dérobé devant une épée mais en cet instant
où le regard lourd d’Élisabeth de La Tomlaye ne faisait pourtant que l’effleurer,
il eût préféré s’enfuir fût-ce – fuite bien illusoire ! – sur le « Cheval
de la Sainte Inquisition [12]  ».
    Les choses, une nouvelle fois, s’étaient
passées en manière désagréable. À Toulon, le comte avait été retardé par des
problèmes d’approvisionnements de son navire. S’imaginant, par on ne sait
quelle folie, que le commandant du Dragon Vert partageait les trésors
des galions capturés avec le roi, ce qui en ferait un homme d’immense richesse,
commerçants et fournisseurs de marine affichaient de grandes prétentions. À ces
conditions, la corde coûtait plus cher que le fil d’or, le hauban valait le
prix de l’argent et les balancines, celui des topazes. Il avait fallu que le
comte de Nissac menace de faire dès ce jour escale en un autre port que Toulon
pour que certains retrouvent le bon usage de leur tête.
    Le vice-amiral était donc arrivé au château
des La Tomlaye plus tard qu’il n’escomptait et déjà, le pâle soleil d’hiver se
trouvait voilé de brouillards vespéraux.
    Certes, Louis lui avait fait accueil des plus
chaleureux et, chez cet homme, Nissac ne l’ignorait point, rien n’était
fausseté car il s’opiniâtrait à porter grande reconnaissance à celui qui l’avait
arraché aux bancs des galères barbaresques.
    Mais, par un hasard des plus malheureux, Louis
et sa sœur recevaient visite inopinée d’un vieil ami de feu leur père, le
chevalier Simon de Brenne, ancien jurisconsulte en la ville de Marseille. L’homme,
quoiqu’aimable, était plus sourd qu’un pot et bavait d’abondance sur son
pourpoint si bien qu’entretenir conversation avec le chevalier s’avérait plus
fatigant qu’un abordage de galère barbaresque.
    Ajoutant aux contrariétés du comte, Élisabeth
ne se montrait point depuis plus d’une heure qu’il était en les lieux.
    Enfin, Louis, qui n’entendait pas que Nissac
reparte comme la fois dernière, lui avait montré sa chambre, de sorte que ce
coup-ci, le vice-amiral ne se trouvait point libre de fuir les lieux à son
envie – lui qui avait toute contrainte en horreur.
    Cependant, la visite de ce qui allait être sa
chambre l’émut. Il se trouvait fleurs fraîches, venues de la serre, en un petit
vase bleu et, même à trois pas, les draps sentaient les roses et la lavande. Enfin,
la pièce était aussi propre – davantage eût été impossible – que le pont du Dragon Vert.
    Puis Élisabeth s’était montrée. Ravissante, un
bleuet piqué en sa chevelure brune. Mais Nissac la trouva amaigrie, et s’en
inquiéta fort sans oser cependant en demander la raison.
    Le comte de Nissac recula devant l’abondance
des mets car, en raison de la présence du jurisconsulte de Marseille, on avait
compté large, l’homme étant réputé pour son gros appétit.
    On goûta donc une panade où se mélangeaient en
bonne harmonie eau de source, pain clair et beurre, liés avec des jaunes d’œufs,
puis du hachis de chapon bouilli, ailes et

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