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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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Celui-ci répond le 15 mai au « cher camarade Dorscht », pour l’informer que « la direction du service juridique va étudier la conformité éventuelle de cette affaire ». Il ajoute : « Vous pouvez être assuré que le Lebensborn fera tout ce qui est en son pouvoir pour que la naturalisation soit accélérée, dans la mesure du possible. » Le 16 juin suivant, Agnès B. est convoquée d’urgence en Bavière par le général Ebner : elle doit se présenter le surlendemain « pour régler une affaire importante ». Elle a probablement obtenu sa naturalisation, ainsi que celle de l’enfant, Peter, qui porte, lui aussi, le même prénom que son père. La naissance a été enregistrée à l’état civil secret Steinhöring II . Pourtant, in fine, sur un acte de naissance établi par la municipalité en 1946, le petit Peter Anton Georg porte toujours le nom de sa mère : B.
     

 
    VII
    La fuite des SS avec les nourrissons
    Au manoir de Bois-Larris, tout le monde est sur le pied de guerre depuis l’aube. Ce jeudi 10 août 1944, la maternité Westwald ferme ses portes. Le rêve d’une armée de petits français germanisés rejoignant l’élite du Reich n’aura été qu’un leurre. Depuis la veille, quelques berceaux bringuebalants, des caisses de médicaments et des cartons de paperasse ont été chargés dans un camion. Le sous-lieutenant Decker, accompagné d’un détachement SS, supervise l’opération. Le personnel de la pouponnière, ses derniers pensionnaires et leur escorte, une vingtaine de personnes au maximum, va prendre place dans les deux bus militaires garés devant l’entrée. Il y a là l’adjudant Engelien, le couple Grünwald, les infirmières. Et les nourrissons laissés par les mères entre les mains des nurses Nationales-socialistes.
    Selon les archives citées par l’historien Georg Lilienthal, trois enfants seulement sont encore là, le 10 août au matin. Pourtant, d’après les dossiers individuels conservés par la Croix-Rouge, au moins cinq des enfants qui seront retrouvés par les Alliés à la fin de la guerre venaient de Lamorlaye. Parmi eux figure par exemple le petit Jean-Pierre, né le 15 décembre 1943, c’est-à-dire avant l’inauguration de la maternité. Quelques poupons, « sélectionnés » par la SS, ont-ils été amenés au dernier moment à Westwald  ? C’est une éventualité. Juste après la Libération, les services français mentionneront les efforts déployés par une certaine Marta Unger – une pasionaria nazie, chargée des affaires sociales auprès de l’ambassade d’Allemagne à Paris 1 – pour emmener vers le Reich des enfants franco-allemands et leurs mères, qui avaient été placés « dans un château […] Menier à Chantilly ». Toutefois, il ne subsiste absolument aucune preuve de cette démarche, ni d’autres transferts collectifs effectués au départ de Paris ou d’ailleurs.
    Malgré ces incertitudes, on peut tout de même reconnaître trois des nouveau-nés qui quittent Westwald ce jeudi d’août. Ce sont trois petites filles : Édith de V., quatre mois ; Helga M., un mois et demi ; Ingrid de Fouw, née dix jours plus tôt. La mère d’Helga, Mariette, est peut-être du voyage – en 1946, elle expliquera à la Croix-Rouge avoir vu son enfant pour la dernière fois « quand elle avait cinq mois », autrement dit fin novembre 1944. Les trois bébés voyageront dans le bus des infirmières. Fanny Montulet fait partie de l’équipage, à moins qu’elle n’ait été autorisée à retourner en Belgique. Le commandant Günther Fritze est-il venu de Paris pour saluer une dernière fois ses employés ? Nous l’ignorons. Peu de temps après, il partira exercer ses talents de médecin SS, en compagnie de sa secrétaire, Fraulein Reindt, dans les Lebensborn de Norvège. Il y restera jusqu’à la fin de la guerre.
    Voilà, tout est prêt. Le sous-lieutenant Decker donne le signal. Un dernier regard sur le manoir qui disparaît bientôt derrière les bouquets d’arbres, au bout du chemin. Le convoi de quatre ou cinq véhicules tourne sur la gauche et descend doucement la côte de Lamorlaye, appelée aujourd’hui avenue de la Libération. Il longe le village pour rejoindre la route de Paris. À 60 kilomètres à l’heure de moyenne, il faut compter presque dix heures de voyage pour atteindre Wiesbaden.
    Meaux. Château-Thierry. La Champagne, Épernay, Châlons. Sainte-Menehould, les forêts de l’Argonne…

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