Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS
15, leurs cadavres sont retrouvés par le dernier carré de fidèles. Heinz Linge, le majordome de Hitler, Martin Bormann, son conseiller personnel, Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, Arthur Axmann, chef des jeunesses hitlériennes. Il y a également le commandant SS Otto Günsche, à qui le Führer a confié la mission de détruire son corps après sa mort. Les dépouilles d’Adolf et Eva Hitler sont transportées dans les jardins de la chancellerie, aspergées d’essence et incinérées.
3 - Le récit des dernières heures du Reichsführer-SS figure en ouverture du livre Himmler, l’éclosion quotidienne d’un monstre ordinaire , de Peter Longerich (Héloïse d’Ormesson, 2010).
XI
La Babel des enfants perdus
L’histoire des enfants français et belges du Lebensborn touche-t-elle à sa fin ? Pas encore. En fait, elle recommence. Quand ils sont recueillis par les équipes de secours des Nations Unies, entre juillet et décembre 1945, les bambins de Steinhöring constituent une énigme vivante. Qui sont-ils ? Où sont-ils nés ? Quel est le nom de leur mère ? De leur père ? Eux-mêmes n’en savent rien et ils seraient d’ailleurs bien incapables de le dire : les plus âgés ont entre trois et quatre ans, mais la plupart d’entre eux ne savent pas parler. Ils s’expriment uniquement par petits cris et par onomatopées. C’est l’une des conséquences de « l’éducation » qu’ils ont reçue. Élevée en groupe par les infirmières Nationales-socialistes, enlevée à leur mère et n’ayant jamais connu de père, la supposée « race supérieure » a un comportement animal. Les petits fonctionnent en troupeau. Si l’un pleure ou réclame à manger, tous les autres l’imitent. Ils sont effrayés par le moindre geste de tendresse ou d’affection. Beaucoup d’entre eux présentent des retards de développement, des carences physiques et psychologiques. Beaucoup sont malades. Quelques-uns sont véritablement déficients mentaux.
Les apprentis sorciers du Lebensborn ont échoué à créer une super-race nordique. Les bébés « produits » ne sont ni plus beaux, ni plus forts que les autres. Et bien évidemment, en grandissant, nombre d’entre eux perdront leur blondeur initiale. Quant aux séquelles de leur prime enfance aux mains des SS, elles vont se révéler au fil des mois et des années suivantes.
C’est donc une horde d’enfants hagards que vont recueillir, soigner et tenter d’identifier les volontaires des Nations Unies. Plus précisément ceux de l’ UNRRA Team 182 : l’équipe n° 182 de l’Administration des Nations Unies pour les secours et la reconstruction. Ce groupe rassemblant une quinzaine de professionnels de l’enfance – infirmières pédiatriques, assistantes sociales, notamment – a été formé à Granville, après le débarquement de Normandie, en juin 1944. Car, avant même la fin du conflit, les Alliés savent qu’ils devront faire face à des urgences sanitaires et sociales dans les décombres du Troisième Reich.
Au sein des membres de la Team 182 , se dégage une figure charismatique. Greta Fischer est un personnage de roman. Une femme qui donne des raisons de croire en l’homme. Elle est née en Tchécoslovaquie, dans une famille juive. Peu après le déclenchement de la guerre, en septembre 1939, la jeune femme choisit de se réfugier en Angleterre. Ses parents, restés en Tchécoslovaquie, mourront à Theresienstadt 1 .
À Londres, Greta Fischer travaille dans des nurseries. Elle y rencontre Anna Freud, la fille du père de la psychanalyse, et exerce à ses côtés auprès d’enfants traumatisés par les bombardements intenses de l’aviation allemande. Rejoignant les rangs de l’UNRRA en 1944, Greta fait donc escale en Normandie avant de rallier Munich, en juin 1945. En Bavière, l’équipe n° 182, incorporée à la 3 rd U.S. army, va établir, dans la zone d’occupation américaine, le premier centre pour enfants et adolescents traumatisés par la guerre. Dans l’Allemagne dévastée, des dizaines de milliers de gosses et de jeunes gens isolés, de toutes nationalités, errent sur les routes, se terrent dans les ruines, forment des petites bandes obsédées par un seul objectif : survivre. Au début du mois de juillet 1945, l ’International displaced person children’s center , dirigé par l’Américaine Lilian Robbins, ouvre ses portes à Indersdorf, un village situé à 35 kilomètres au
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