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Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS

Titel: Lebensborn - la fabrique des enfants parfaits: Ces Français qui sont nés dans une maternité SS Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Boris Thiolay
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de bonnes conditions malgré la grosse chaleur. Les infirmières très dévouées et habituées aux convois, le wagon sanitaire pratique, une seule amélioration à y apporter : des filets pour empêcher les enfants de tomber [sic]. Les enfants étaient attendus à Commercy depuis le mois de mars [sic], ils furent très bien accueillis. Dès leur arrivée, ils ont été visités par un médecin qui les a trouvés en bon état. Deux nourrissons seulement semblaient assez déficients. […] Les enfants sont hébergés à l’hôpital où ils ne resteront que très peu de temps en attendant leur placement dans des familles et éventuellement une prise en charge en vue d’adoption […]. Dorénavant, les enfants seront reçus au centre d’accueil de Strasbourg, d’où ils seront dirigés dans les départements au prorata des demandes de l’Assistance à l’Enfance. »
    Les choses se sont globalement déroulées de cette façon. À ceci près que, en réalité, la quasi-totalité des nourrissons est très faible. Ils affichent un poids très insuffisant, certains sont malades et quatre d’entre eux vont mourir quelque temps après leur arrivée…
    Les huit enfants du Lebensborn , comme leurs autres compagnons de voyage, sont désormais entre les mains de l’Assistance publique de la Meuse. Ils vont être rejoints le 12 octobre suivant par trois de leurs petits semblables. Ce samedi-là, à 7 heures 47, un second train, le n° 120, transportant 24 enfants venus de la pouponnière française de Bad Durkheim, s’arrête en gare de Commercy. Ils ont entre 6 mois et 4 ans et sont accompagnés par mademoiselle Hamel. Elle les confie à l’orphelinat de la ville. Ce jour-là, sont ainsi admis à l’Assistance publique, Pierre T., né en juin 1944 à Chantilly (Lamorlaye), Walter Beausert et Anika Brantet, tous deux nés à Wégimont. Avec eux, se trouve aussi la petite Svetlana Semenkova, née en 1942 en Allemagne. Quelques années plus tard, Svetlana, rebaptisée Séverine, sera adoptée le même jour et par la même famille qu’Anika, devenue Annick 5 . Finalement, grâce aux archives de La Courneuve, j’ai constaté que les 17 enfants mentionnés sur la liste que m’avait fournie Gisèle Niango ont été rapatriés d’Allemagne par ces deux convois ferroviaires des 5 août et 12 octobre 1946. Sur ces 17 enfants, 11 sont issus des foyers Lebensborn  : 6 de Wégimont, 5 de Lamorlaye. Les 6 autres sont nés en Allemagne, entre 1942 et début 1945. J’ai retrouvé la trace de trois d’entre eux. La première, c’est Svetlana, la sœur adoptive d’Anika. La deuxième s’appelle Valentine T., née le 14 juin 1943, à Stuttgart. Le troisième : Armand P., né le 1 er  décembre 1944, dans un lieu indéterminé, en Allemagne.
    Valentine T., qui se prénommait Marie-Chantal à sa naissance, est décédée en mars 2009 dans le département de la Marne. Peu de temps après, j’ai parlé au téléphone avec l’une de ses filles. Valentine ne savait presque rien de ses origines et elle n’en parlait jamais.
    — Tout ce qu’elle nous a raconté, c’est qu’elle avait été trouvée dans la rue, à Stuttgart, à la fin de la guerre, m’a indiqué sa fille. Ensuite, en France, elle a été trimballée dans plein de familles d’accueil. Elle a rencontré notre père, un ouvrier algérien, dans les années 1960, à Bar-le-Duc. À sa majorité, elle avait essayé de faire des recherches. Cela n’a rien donné. Elle a fait une croix sur son passé…
    Toujours en mars 2009, j’ai téléphoné chez Armand P., dans la Meuse. C’est sa femme qui a décroché. J’ai expliqué la raison de mon appel. Armand était là, mais il a préféré laisser son épouse poursuivre la conversation. En fait, il parlait, à côté du téléphone, et elle répétait ses mots, en y ajoutant régulièrement son propre commentaire. « Mon mari est né en Allemagne, mais on ne sait pas où, dans un camp ou quelque chose comme ça. On dit qu’il a été sauvé par les Américains. Mais il n’a pas cherché plus loin… À quoi ça sert ? Il y a des gens qui s’esquintent la vie pour savoir. C’est pas la peine. Tout ce que je sais, c’est que mon mari, c’est pas un Boche ! Sa vraie mère, c’est la personne qui l’a élevé, qui l’a reconnu. Il avait 3 ans quand madame C. l’a recueilli. Elle avait 28 ans, elle était déjà veuve. Elle a élevé six gosses de l’Assistance publique, toute seule. Et

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