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L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
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baptisez-les au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit. Enseignez-leur à garder toutes les choses que je vous ai
commandées. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la
consommation des siècles…
    Escartille se tenait agenouillé devant le
parfait. Ils se trouvaient quelque part au sommet d’une colline de l’Ariège, envahie
peu à peu par le crépuscule, au milieu des ruines d’une place forte aujourd’hui
rasée. Entre ces piliers effondrés, ces morceaux de roc qui affleuraient
par-dessus les herbes rases, le vent soufflait.
    —  … Ce saint baptême
par lequel le Saint-Esprit est donné, l’Église de Dieu l’a maintenu depuis les
Apôtres jusqu’à ce jour, et il est venu de Bons Hommes en Bons Hommes jusqu’ici.
Il le fera jusqu’à la fin du monde. Vous devez comprendre qu’il a été donné à l’Église
de Dieu de lier et de délier, de pardonner les péchés et de les retenir ; le
Christ l’a dit, dans l’Évangile de saint Jean : Comme le Père m’a
envoyé, je vous envoie aussi. Lorsqu’il eut prononcé ces paroles, il
souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint-Esprit ; ceux à qui
vous pardonnez les péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui vous les
retiendrez, ils seront retenus. Et, dans l’Évangile de saint Matthieu, il
dit encore à Simon Pierre : Je te dis que tu es Pierre, et sur cette
pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’Enfer n’auront point de force
contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux, et quelque chose que
tu lies sur terre, elle sera liée dans les cieux, et quelque chose que tu
délies sur terre, elle sera déliée dans les cieux…
    En ce 13 janvier 1214, Escartille était
méconnaissable. Les cheveux coupés, les traits tirés, les joues creuses. Il
avait maigri au point que ses membres semblaient des bâtons d’argile, noyés dans
les vêtements qu’il était sur le point de délaisser pour toujours. Il avait
réfléchi longtemps, jeûné longtemps ; il avait voulu son endura plus ascétique encore qu’à l’ordinaire ; seuls ses yeux brûlaient toujours
d’une flamme ardente. À genoux, les yeux baissés vers le sol, la mâchoire
serrée, il écoutait l’homme qui se tenait debout au-dessus de lui, dont la robe
noire s’agitait doucement. Autour de lui, la colline surplombait les vallées
lentement avalées par l’ombre. On pouvait encore distinguer au loin les
contreforts pyrénéens, et çà et là, le profil des châteaux conquis par les
soldats de l’ost.
    — Dans l’Évangile de saint Marc, il dit : Mais ceux qui croiront, ces signes les suivront : en mon nom ils
chasseront les démons, et ils parleront de nouvelles langues, et ils enlèveront
les serpents, et s’ils boivent quelque breuvage mortel, cela ne leur fera pas
de mal. Ils poseront les mains sur les malades et ils seront guéris. Il dit
encore dans l’Évangile de saint Luc : Voici que je vous ai donné le
pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la force du
Démon, rien ne vous nuira. Si vous voulez recevoir ce pouvoir, il faut que
vous respectiez tous les commandements du Christ et du Nouveau Testament. N’oubliez
pas qu’il a ordonné que l’homme ne commette ni adultère, ni homicide, ni
mensonge ; qu’il ne jure aucun serment, qu’il ne vole pas, qu’il ne fasse
pas aux autres ce qu’il ne veut pas qu’on lui fasse ; et que l’homme
pardonne à celui qui lui fait du mal, et qu’il aime ses ennemis, et qu’il prie
pour ses calomniateurs et pour ses accusateurs, et qu’il les bénisse. Si on le
frappe sur une joue, il doit tendre l’autre, et si on lui vole la tunique, qu’il
donne aussi le manteau, qu’il ne juge ni ne condamne.
    Le deuil, cette fois-ci, était consommé. Escartille
abandonnait ses oripeaux de troubadour. Il ne garderait que son rebec, en
souvenir de sa vie passée – ou plutôt, de ses vies passées. Sa première vie, celle
des chants, des bonheurs et des amours de Puivert. La seconde, celle où l’on
avait versé le sang des albigeois, celle de la guerre, celle de Louve. Comment
avait-il pu supporter tant de souffrance ? Maintes fois, il avait songé à
se donner la mort. Sa vie, pensait-il, n’avait plus le moindre sens. Débarrassée
de toute forme d’espoir. Il avait commencé par se laisser mourir. Mais Aimery
était encore là. C’était l’enfant qui l’avait sauvé. Alors, il était allé
trouver l’une de ces grandes dames

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