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L'Église de Satan

L'Église de Satan

Titel: L'Église de Satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arnaud Delalande
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pourquoi, mais quelque chose me
dit que tout cela ne va pas bien se passer.
    Aguilah attendit quelques secondes, puis se
pencha en avant.
    — Négocier… Mais négocier quoi ? Vos
puits sont à sec et l’eau vient à manquer dans toutes vos maisons… Le bétail
que vous avez rassemblé dans votre enceinte est abattu jour après jour, et nous
sentons d’ici les puanteurs des carcasses que vous entassez dans toutes vos
ruelles… À vrai dire, il vient de chez vous des parfums de putréfaction, vicomte.
Sans doute l’annonce de votre échec imminent. Et les mouches ! Ah, j’oubliais
les mouches ! Elles tournent, n’est-ce pas, par nuées ! Elles s’apprêtent
à faire de bons repas… Un vrai festin, comme celui de Béziers, que vous seul
avez préparé, messire Trencavel, par votre obstination ! Négocier ? C’est
la reddition immédiate, ou la mort par la soif et l’épidémie, vicomte. Quant à
nous, nous ne sommes pas pressés. Que voulez-vous, nous savons votre vaillance,
mais vous êtes trop jeune pour soutenir un siège, et vos gens trop peu nombreux.
    Les yeux de Trencavel étincelèrent.
    — Le sang que vous avez accumulé sur vos
mains éclabousse votre foi, et vous n’avez pas à vous targuer des misérables
forfaits que vos armées ont accomplis à Béziers ! Qu’êtes-vous venus
chercher ?
    À ces paroles, Arnaud-Amaury leva un sourcil. Il
sembla soudain à Trencavel que le prélat se crispait. Il se tut de longues
secondes, échangeant avec Aguilah un regard entendu. Tous deux, en fait, avaient
pâli.
    Voyant le champ libre, Simon de Montfort, sanguin,
intervint à son tour en rugissant :
    — Ne nous encouragez pas, messire, à dire
au monde ce que vous êtes ! Vous êtes un hérétique, un mécréant, tout
comme ceux que nous vous demandons de nous livrer maintenant ! Nous avons
avec nous des gens de Limousin, de Périgord, d’Auvergne, de Gascogne, de
Saintonge, de toute la France ! Nous défendrons la vraie foi d’ici jusqu’à
Constantinople, s’il le faut ! Il n’est plus temps de tergiverser. Que les
vôtres nous rejoignent, ou bien qu’ils meurent !
    Arnaud-Amaury s’amusait à présent de la colère
de Simon. Mais il paraissait avoir pris une subite résolution. Il laissa de
nouveau planer un instant de silence et reprit à son tour, en baissant d’un ton :
    — Vous voulez épargner votre ville ?
Vous y êtes parvenu, je vous le promets…
    Il tapota tranquillement de ses doigts sur l’accoudoir
de son siège et fit à Montfort un léger signe de tête. Alors, il ramena les
mains en coupe sous son menton et dit :
    — Le sire de Montfort s’emporte facilement,
mais il a raison, messire Trencavel. Ce jour est un jour faste, un de plus. En
Sa grande clémence, le Seigneur accepte que vous nous rendiez aujourd’hui les
armes.
    Trencavel regarda autour de lui.
    Un groupe de soldats, qui stationnait jusqu’alors
à l’entrée du pavillon, venait d’entrer. Le jeune vicomte lança au légat un
regard empli d’horreur et de dégoût.
    Escartille, qui n’avait pas perdu une miette
de cet échange, écarquilla les yeux.
    Voilà. Nous y sommes !
    J’en étais sûr.
    —  Je vais
retourner dans mes murs, s’écria le vicomte, tendant l’index devant lui. Et par
Dieu, nous nous battrons jusqu’à la mort !
    Les soldats s’approchèrent. Deux arbalétriers
pointaient leur arme sur Trencavel. Il tira l’épée, le comte de Nevers en fit
autant, imité par Montfort et le duc de Bourgogne. Les chevaliers du vicomte
sortirent leurs armes à leur tour.
    — Vous n’irez nulle part, messire.
    — J’étais venu pour négocier ! Pour
négocier, traître !
    Arnaud-Amaury plissa les yeux, un sourire sur
les lèvres.
    Escartille, à force de trembler, faillit
lâcher l’étendard qu’il tenait encore en main avec fébrilité. Il croisa les
yeux du page qui les avait accompagnés ; un garçon qui devait être plus
jeune que lui encore ; il était blême et suait à grosses gouttes. Ils
échangèrent un regard. Tout autour de lui, ce n’était plus qu’un cercle d’armes,
fers dégainés, pointés les uns contre les autres, prêts à se croiser. Il
suffisait d’un geste malheureux à présent. Trencavel et les barons n’osaient
bouger, assurant au sol leurs appuis, se tournant légèrement de droite et de
gauche, pour tenter de contrôler tous les fronts à la fois. Le temps sembla
ainsi suspendu durant presque une minute.
    Un piège. C’était

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