L’élixir du diable
dit qu’il traversait une période difficile. J’espérais pouvoir en parler au professeur Stephenson.
— Vu les circonstances, répondit Marya, je suis sûre que Jim aura à cœur de vous aider, avec Alex. Le problème, c’est qu’il est absent.
— Ah ?
— Je le crains…
La femme semblait hésiter.
Tess attendit, sans savoir pourquoi le ton de Marya la mettait mal à l’aise.
— Quand sera-t-il de retour ?
— Je… n’en suis pas sûre, fit Marya, toujours hésitante.
Les antennes de Tess se dressèrent.
— Pourrais-je l’appeler ? Vous savez où je peux le toucher ?
— Non, je regrette. Il… Il ne m’a pas dit où il allait, et son portable est relié à sa boîte vocale.
Tess sentait qu’on lui envoyait toutes sortes de signaux d’alarme.
— Depuis quand est-il absent ?
— Une dizaine de jours. Depuis le début de la semaine dernière.
— Et il ne vous a pas dit où il allait ?
— Non. Il m’a laissé un message disant qu’il devait voir un nouveau patient et qu’il serait absent quelque temps.
Tess trouvait cela très bizarre.
— Il fait souvent cela ?
— Non, pas vraiment. D’habitude, il envoie d’abord un de ses chercheurs. Et ça ne lui ressemble pas d’être aussi vague. Son agenda est plein, je dois répondre à des appels très durs, et réorganiser les rendez-vous…
— Vous ne pouvez pas interroger quelqu’un de son entourage ? Sa femme ? Il ne vit pas avec quelqu’un ?
— Il est divorcé, fit Marya. Il vit seul.
Tess avait le cerveau en ébullition. Ses pensées se télescopaient, les associations d’idées étaient plus nombreuses.
— Dites-moi une chose, fit-elle, la gorge serrée. Est-ce que le professeur Stephenson porte des lentilles de contact ?
— Oui. Pourquoi cette question ? demanda Marya, perplexe.
Tess sentit la pression sur ses tempes. Elle ne savait que lui dire. Il fallait mettre un terme à cette conversation.
— Je vous rappellerai. J’ai quelques détails à vérifier. Merci, vous m’avez beaucoup aidée. Pouvez-vous m’informer, entre-temps, si vous avez de ses nouvelles ?
Tess coupa la communication et inspira profondément.
Elle ne pouvait plus tergiverser. Cela ruait et hurlait en elle. Tess s’arma de courage et entra dans la maison.
Elle alla prendre le dessin dans sa chambre. Dans la cuisine, Julia préparait un sandwich au beurre de cacahuète et un verre de lait pour Alex.
— Il est dans sa chambre ?
Julia acquiesça.
— Oui, j’allais l’appeler pour lui donner son sandwich…
— Laisse-moi une seconde avec lui, d’accord ?
Julia lui jeta un coup d’œil confus.
— Oui, bien sûr.
Assis par terre, Alex jouait avec ses figurines. Quand Tess entra dans la chambre, il la regarda sans rien dire.
— Salut, Alex. Comment va Ben, aujourd’hui ?
Alex haussa les épaules.
— Il aide son grand-père Max à sauver Gwen.
— On dirait qu’il a du pain sur la planche.
Elle s’assit à côté de lui, sur le plancher.
— Alex, je dois te parler de quelque chose.
Il ne la regardait pas.
— Je t’ai déjà posé la question, mais je dois te le demander encore une fois. Il faudra que tu me répondes, Alex. C’est très, très important.
Elle hésita, poursuivit :
— Je viens de parler à Jim, l’ami de ta maman. Il a dit que c’était d’accord. Il veut bien que tu m’en parles.
Elle posa le dessin sur le sol, juste devant Alex. Son cœur battait à tout rompre.
— Il faut que je le sache, Alex.
Elle montra la silhouette sur le dessin, celle qui semblait menacer Alex. Celle qui semblait maintenant le tenir en joue avec un revolver.
Elle tapota le dessin du doigt.
— Je dois savoir qui c’est, Alex. Il faut que tu me dises qui est ce monsieur.
Il se contentait de la fixer sans bouger. Presque sans respirer.
— Alex, s’il te plaît, répéta-t-elle, doucement. Il faut que je le sache. Juste toi et moi. Tu n’as aucune raison d’avoir peur. Absolument aucune. Je suis ton amie, Alex. Tu dois me faire confiance.
Alex ouvrit légèrement la bouche. Il la regarda de côté, hésitant.
Elle lui adressa un sourire rassurant.
— Dis-moi, Alex. Je suis ici pour t’aider.
Les yeux du petit garçon étaient agrandis par la peur.
— Mais c’est ton ami, marmonna-t-il.
Les mots la déchirèrent.
Elle connaissait la réponse, mais elle voulait l’entendre. Elle suffoquait, presque incapable de parler, mais elle s’arma de courage : — Qui, Alex ? Qui est mon ami ?
Ses
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