Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Enfant-Roi

L'Enfant-Roi

Titel: L'Enfant-Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
et sinueux qui plissa de mille rides et en même temps égaya
son visage fripé.
    — Un compromis, Monsieur de Villeroy ! Et
lequel ?
    — On donna Amboise à Condé, mais en dépôt seulement et
jusqu’à la tenue des états généraux. De cette façon, Dieu merci, les intérêts
de la France furent gardés à carreau.
     
    *
    * *
     
    Je me souviens que le vingt-huit juin de cette année-là, le temps
était si torride et si sec que tout un chacun à Paris s’en trouvait incommodé
et d’autant qu’il n’avait pas plu depuis cinq mois et, les pluies s’asséchant,
la terre dans les jardins se craquelait, tant le soleil ardait sur elle et
ardait de plus en plus, si bien qu’il y eut des prêtres calamiteux pour prédire
du haut des chaires sacrées que ce monde n’allait pas tarder à devenir
fournaise où nous allions tous cramer pour la punition de nos péchés.
    Même en pourpoint de toile et sans me donner branle ni
mouvement, la sueur me coulait en grosses gouttes le long des joues et quand je
gagnai les appartements de Sa Majesté, je trouvai tous ceux qui étaient là fort
abattus et en même condition que moi. Le docteur Héroard me dit que le roi, du
fait de l’excessive chaleur, avait passé une nuit rêveuse et inquiète, et
s’était même réveillé à deux heures du matin quasi suffocant et, se levant, se
mit à la fenêtre, respirant l’air de la nuit et s’en trouvant mieux.
    À ce moment, Louis, de retour de la messe, apparut tout
suant et pria Berlinghen de lui changer de chemise, celle-ci étant aussi
trempée que s’il l’avait plongée dans la rivière de Seine.
    Bichonné, séché et revêtu de sec, Louis me pria de
l’accompagner chez Madame à qui il voulait, disait-il, remettre une
image de saint Irénée que le curé de Saint-Germain l’Auxerrois lui avait
donnée. Et en chemin, s’arrangeant pour se trouver seul avec moi, il me
dit :
    —  Sioac (j’aimais fort ce «  Sioac  »,
où je sentais tant de gentillesse), je voudrais que vous m’accompagniez dans ce
grand voyage à l’Ouest que je vais faire le premier juillet avec ma mère.
    — J’en serais très honoré, Sire.
    — Et je voudrais que le marquis votre père soit aussi
du voyage, car j’aurai à lui poser quelques questions sur Blois.
    — Sire, dis-je en cachant de mon mieux mon
ébahissement, mon père sera, lui aussi, très honoré de votre invitation.
    — Je gage qu’il voudra prendre son carrosse et que vous
voyagerez avec lui, ainsi que le chevalier de La Surie.
    Je fus béant, de nouveau, mais cette fois que Louis me
nommât le chevalier de La Surie, alors qu’il n’avait jamais eu l’occasion de
jeter l’œil sur lui. Mais peut-être savait-il par Héroard le grand rôle que
Miroul avait joué et jouait encore dans la vie de mon père. Quoi qu’il en fût,
je fus fort touché qu’il l’eût mentionné, me sentant heureux à l’avance du
bonheur qui allait transporter le chevalier quand je lui dirais que le roi
savait son nom.
    —  Sioac, reprit Louis, je pars après dînée pour
Saint-Germain-en-Laye, mais ne vous sentez point tenu de m’y accompagner. Vous
avez assurément quelques préparatifs à faire pour ce grand voyage.
    — Je vous adresse, Sire, mille mercis. Peux-je vous
demander combien de temps ce grand voyage à l’Ouest va consumer ?
    — D’après ce qu’on me dit, au moins deux mois, me
dit-il.
    Et me donnant sa main à baiser, il me bailla mon congé.
    Je le quittai avec des sentiments mêlés sur lesquels je ne
vais point m’attarder, pour la raison que le lecteur, oyant la nouvelle que je
viens de dire, les aura sans doute aussitôt démêlés.
    Je courus, ou plutôt galopai jusqu’à notre hôtel de la rue
du Champ Fleuri et à peine entré, je me jetai au cou de mon père et de La
Surie, bien assuré que j’allais leur donner, quant à eux, une joie sans
mélange.
    Je ne me trompai pas. La Surie pâlit, rougit, chancela et
eût pâmé, je crois, si mon père ne lui eût pas promptement entonné un verre de
vin dans le gargamel.
    — Quoi ! dit-il quand la langue lui revint, le roi
me connaît ! Moi ! Il connaît mon nom ! Il sait qui je
suis !
    — Qu’y a-t-il de si étonnant à cela ? dit mon
père. N’avez-vous pas, tout comme moi et à mes côtés, servi notre Henri ?
Et ne savez-vous pas avec quel zèle Louis fait des comptes et des dénombrements
de tous les vieux compagnons de son père ? Et comment peut-on nommer le
marquis

Weitere Kostenlose Bücher