L'énigme de l'exode

une formation pour devenir médecin. Votre but est de sauver des vies. Vous devez l’aider, sinon elle risque de mourir.
    — Arrêtez ça tout de suite !
    — Vous n’aimez pas ce qui se passe ici et c’est pour cette raison que vous avez demandé à me voir. Je vais bien, ne vous faites pas de souci pour moi. Mais Gaëlle est en danger, et les deux autres otages également. Ils ont besoin de votre aide. Comment pouvez-vous refuser ?
    — Les responsables du site sont mes amis, déclara-t-elle en frappant frénétiquement à la porte.
    — Non, Claire. Ils se servent de vous parce que vous parlez arabe et connaissez la médecine. Ils savent que vous vous sentez redevable vis-à-vis d’eux à cause de ce qu’ils ont fait pour votre père, c’est tout. Ils se disent chrétiens, mais le Christ se serait-il conduit ainsi ? Aurait-il renversé un homme avant de l’enfermer ? Aurait-il dissimulé des informations susceptibles de sauver la vie de deux jeunes femmes et...
    — Laissez-moi partir !
    Ramiz finit par ouvrir la porte.
    — Claire, je vous en prie ! cria Augustin en la retenant.
    Mais elle se dégagea de son étreinte et s’en alla. La porte se referma derrière elle. Augustin s’assit avec précaution sur le tabouret, la tête dans les mains. Il venait de gâcher ses chances. Et peut-être celles de Gaëlle.

Chapitre 42

    I
    Le pare-brise de la Lada était embué par la pluie. Naguib n’y voyait rien. Il entrouvrit les vitres, alluma le chauffage et rumina sa conversation avec les ghaffirs . Les conséquences de ce qu’il venait d’apprendre le dépassaient complètement. Il devait en référer à son chef.
    — Ça ne peut pas attendre demain matin ? soupira Gamal. Je suis occupé.
    — Je crois que c’est important.
    — Je vous écoute.
    — Je crois qu’il se passe quelque chose à Amarna.
    — Encore cette histoire ! L’univers ne tourne pas autour de vous, Hussein !
    — Cette fille que nous avons trouvée, elle avait sur elle un artefact d’Amarna. Je pense qu’elle a découvert quelque chose, peut-être un site. Vous connaissez Khaled Osman, le chef de la police touristique ? Il a interdit aux ghaffirs de...
    — Doucement ! Attention à ce que vous allez dire, Hussein.
    — Je dis simplement que je crois qu’il sait quelque chose. Je pense qu’on devrait garder un œil sur...
    — Sur la police touristique ? Vous êtes dingue ! N’avez-vous pas retenu la leçon, après de ce qui vous est arrivé à Minya ?
    — C’était différent. Il s’agissait de l’armée.
    — Écoutez-moi : si vous n’êtes pas au chômage aujourd’hui, c’est grâce à vos amis. Mais si vous vous mettez encore dans la merde, ils ne viendront pas vous en tirer une seconde fois. Ni eux, ni personne.
    — Mais je veux juste...
    — Vous n’écoutez donc jamais ce qu’on vous dit ? Je ne veux plus vous entendre parler de ça ! Compris ?
    — Oui, chef, soupira Naguib. J’ai compris.

    II
    Claire trouva Griffin dans le bureau. Il remplissait de documents des cartons que Michael et Nathan chargeaient ensuite sur le pick-up.
    — Alors ? demanda-t-il d’un ton sec. Comment va notre invité ?
    — Il a besoin d’un médecin, répondit Claire.
    — Nous prenons le prochain vol pour Francfort au départ du Caire. Je dirai à Ramiz de le libérer dès que nous aurons décollé.
    — Où sont les autres ?
    — À l’hôtel. Ils font leurs bagages.
    Griffin regarda sa montre.
    — Il faut qu’on y aille, nous aussi, déclara-t-il. Vous avez cinq minutes pour rassembler vos affaires.
    — Tout est à l’hôtel.
    — Bien, dit-il en emportant son dernier carton. Alors allons-y !
    Ils montèrent dans le pick-up et quittèrent le site. Claire se retourna en regardant anxieusement la réserve.
    — Qu’y a-t-il ? demanda Griffin, qui avait perçu son trouble.
    — Il m’a dit quelque chose, avoua Claire. À propos des otages d’Assiout.
    — Il a essayé de vous influencer. Je vous avais dit de ne pas lui parler.
    Sur le plateau du pick-up, Claire vit Mickey et Nathan rebondir en riant comme des enfants au rythme des cahots. Elle se disait souvent qu’ils avaient une espèce de candeur enfantine. Ce n’était pas de leur faute s’il se passait des choses douteuses par ici. Ils avaient tout naturellement fait confiance à Peterson, car celui-ci était un homme de Dieu. Elle ne pouvait pas leur en vouloir ; elle avait eu la même réaction qu’eux. Et puis, quoi qu’en dise ce Français, ils étaient ses