L'énigme de l'exode
noir. Il n’avait pas lâché, même lorsqu’il était remonté tout en haut de la filière. On l’avait prévenu, mais il détestait la culture de la corruption qui régnait en Égypte.
— On m’a dit que c’était une promotion, ironisa-t-il.
— Oui, à moi aussi, on m’a dit ça... Vous prenez un chaï avec nous ?
— Non, je dois rentrer au poste. Je voulais juste vous demander si vous aviez entendu parler de quelque chose.
— Non, désolé, mais je me renseignerai, si vous voulez. Je vais essayer d’en savoir plus.
— Merci, je vous en serais très reconnaissant.
Naguib retourna à sa Lada, le cœur léger. Sa femme disait toujours que la courtoisie pouvait guérir tous les maux. Et elle savait de quoi elle parlait, sa femme.
Chapitre 3
I
Gaëlle ouvrit la portière du Discovery et s’installa au volant. Le souffle court, elle resta là un moment, à se regarder dans le rétroviseur. Avec son bronzage, son foulard sur la tête et sa tenue locale, elle pouvait aisément passer inaperçue. Elle pouvait très bien s’en aller, personne n’en saurait rien. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai. Elle, elle saurait.
Elle prit son appareil photo dans la boîte à gants, et retourna d’un pas décidé dans le hall de la gare, où les policiers continuaient à se cacher. Stafford et sa suite étaient toujours bloqués sur le quai et tentaient de reprendre leurs bagages des mains de deux jeunes hommes. Gaëlle monta sur un banc et brandit son appareil photo comme une arme.
— CNN ! cria-t-elle. Al Jazira !
Tous les regards convergèrent immédiatement vers elle. Après un bref réflexe d’hostilité, la peur l’emporta, et toutes les personnes présentes baissèrent la tête pour ne pas être reconnues sur les clichés. Gaëlle se tourna vers les hommes des Forces centrales de sécurité. Visiblement contrarié, l’officier finit par aboyer des ordres. Ses hommes se déployèrent et, à l’aide de leurs matraques, ouvrirent une brèche dans laquelle Stafford, son assistante et Gaëlle s’engouffrèrent pour se précipiter vers le Discovery.
— Qu’est-ce que vous attendez ? rugit Stafford en claquant la portière derrière lui. Sortez-nous de là !
— Et votre porteur ? demanda Gaëlle.
— Qu’il aille se faire foutre ! Sortez-nous de là, je vous dis !
— Mais...
— Il est des leurs, non ? Il n’a pas besoin de nous.
Les hommes des Forces centrales de sécurité leur faisaient signe de partir, comme s’ils ne pouvaient pas assurer leur protection plus longtemps. Gaëlle démarra en trombe. Devant elle, la route était très embouteillée. Elle tourna à gauche. Les rues rétrécirent rapidement, devinrent de plus en cahoteuses, et débouchèrent dans un bazar, qui l’obligea à ralentir et à avancer au pas au milieu des vendeurs irrités. À force de détours, elle finit par se perdre. Penchée en avant, elle scruta la ligne d’horizon à la recherche d’un point de repère lui permettant de s’orienter.
II
Le capitaine Osman sourit jusqu’à ce que l’inspecteur soit hors de vue, mais son visage s’assombrit dès qu’il se tourna vers ses hommes.
— Allons faire une patrouille, dit-il. Faisal, Nasser, Abdallah, venez avec moi.
Il s’installa côté passager sans un mot et Nasser prit le volant. Abdallah et Faisal s’assirent à l’arrière. En-dehors du moteur, rien ne venait rompre le silence. Un silence de colère. Un silence de peur. Ils atteignirent les tombes du nord. Khaled descendit de voiture, suivi de ses subalternes avachis comme des sacs de riz, qui formaient une ligne irrégulière. Depuis que l’armée l’avait transféré au sein de la police touristique, il avait fait de son mieux pour inculquer à ces hommes la fierté de l’uniforme. Mais cela n’avait servi à rien. Il n’y avait rien à tirer d’eux. Tout ce qui les intéressait, c’était de soutirer des bakchichs aux touristes. Il se mit à faire les cent pas devant eux. Ils baissaient la tête honteusement, comme les pauvres gosses qu’ils étaient.
— Je vous ai confié une mission ! vociféra Khaled. Une seule mission ! Et vous n’êtes pas foutus de la mener à bien !
— Mais nous avons fait exactement ce que vous...
Khaled frappa Faisal au visage et le coup résonna contre les parois de la falaise, derrière lui.
— Il faut croire que non ! hurla-t-il en postillonnant. Puisqu’elle a été retrouvée !
Abdallah, visiblement soulagé de voir que c’était
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