L'énigme de l'exode
d’œil à Peterson, qui ne lui fut d’aucun secours.
— Certains artefacts remontent à la dix-neuvième dynastie, mais la plupart sont gréco-romains. Les plus récents datent du début du V e siècle après Jésus-Christ. Il s’agit de quelques pièces de 413 ou 414, quelque chose comme ça. Apparemment, il y a eu un incendie à cette époque. Une chance pour nous.
Knox acquiesça. Le feu pouvait créer une sorte de carapace carbonisée au-dessus d’un site, qui le protégeait des ravages du temps et des intempéries, plus redoutables encore.
— Peut-être y a-t-il eu des émeutes chrétiennes, suggéra Knox.
— Pourquoi des chrétiens brûleraient-ils une ferme ? s’exclama Griffin.
— Je vous le demande, en effet...
— Peut-être pourriez-vous nous faire visiter le site, proposa Omar pour rompre le silence qui avait suivi la remarque de Knox. Et nous montrer ce que vous avez trouvé.
— Bien sûr, s’empressa de répondre Griffin, volontiers. Prenez rendez-vous auprès de Claire quand vous voudrez.
— Claire ?
— C’est notre administratrice. Elle parle arabe, il n’y a pas de problème.
— Tant mieux, ironisa Omar, car je ne parle pas un traître mot d’anglais.
Griffin eut la bonne grâce de rougir.
— Je suis désolé, ce n’est pas ce que je voulais dire. C’était au cas où vous feriez prendre le rendez-vous par un de vos employés.
— Ne pouvons-nous pas régler cela tout de suite ?
— Claire n’est pas sur place en ce moment. Et cette saison, ce ne sera pas facile. Nous avons beaucoup de travail. Il y a tant à faire, et nous avons si peu de temps...
Griffin fit un geste vague derrière lui, en direction du désert, comme si ses interlocuteurs pouvaient constater par eux-mêmes combien il était occupé. Mais il n’y avait absolument rien à voir.
— Nous ne vous dérangerions pas, insista Knox.
— C’est à moi d’en juger, vous ne croyez pas ?
— Non, trancha Omar avec fermeté. C’est à moi.
— Nous dépendons du Caire et non de vous, déclara Peterson, qui prenait la parole pour la première fois. Je ne suis pas sûr que ce site relève de votre juridiction.
— Avez-vous un représentant du CSA avec vous ? demanda Omar.
— Bien sûr, répondit Griffin. Abdel Lateef.
— Puis-je lui parler ?
— Il est au Caire aujourd’hui.
— Demain, alors ?
— Je ne sais pas exactement quand il va revenir.
Knox et Omar se regardèrent en silence. Le représentant du CSA était censé être sur le site en permanence.
— Vous avez une équipe d’ouvriers égyptiens, je suppose, reprit Omar. Puis-je parler à votre reis ?
— Mais certainement, répondit Peterson. Il vous suffit de nous montrer votre autorisation.
Il attendit qu’Omar la lui produise, puis secoua la tête avec une déception théâtrale.
— Dans ce cas, décréta-t-il, revenez quand vous l’aurez.
— Mais je suis le directeur du Conseil suprême d’Alexandrie, protesta Omar.
— Directeur par intérim, rétorqua Peterson. Bien. Soyez prudents sur la route.
Il tourna les talons et s’en alla à grandes enjambées, sans se soucier de Griffin, qui partit en trottinant derrière lui.
II
À quelques kilomètres au nord d’Assiout, Gaëlle arriva à un poste de contrôle. Un officier lui fit signe d’arrêter et lui attribua deux voitures de police pour l’escorter. C’était comme ça, ici. Avec son foulard sur la tête, elle serait facilement passée inaperçue, mais ce n’était pas le cas de ses passagers, clairement occidentaux. Elle ne put donc échapper à cette précaution. Pourtant, elle détestait ça. Les policiers roulaient toujours à tombeau ouvert en slalomant entre les voitures, ce qui l’obligeait à conduire à une vitesse effrayante. Ils arrivèrent au bout de la circonscription policière sans incident et les deux voitures disparurent aussi vite qu’elles étaient apparues.
— De quoi va traiter votre documentaire ? demanda Gaëlle, en revenant avec soulagement à une vitesse plus confortable.
— J’ai une copie du synopsis, si vous voulez, répondit Lily en ouvrant son sac.
— C’est confidentiel, déclara sèchement Stafford.
— Nous avons demandé à Gaëlle de nous aider, lui fit-elle remarquer. Je ne vois pas comment elle pourrait le faire sans savoir sur quoi nous travaillons.
— Très bien, soupira Stafford.
Il prit le synopsis des mains de Lily, le survola rapidement pour s’assurer qu’il ne contenait aucun secret d’État et
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