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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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paraissait avoir retrouvé son calme. Elle reposait, comme assoupie. Nicolas prit les mains de Catherine et la regarda dans les yeux.
    — Parle-moi de Mme Lardin, demanda-t-il. Et ne me cache rien, car j'en sais déjà suffisamment pour discerner le vrai du faux. D'ailleurs, tu m'avais laissé un billet que j'ai trouvé dans la cuisine mardi soir, sous mon assiette...
    — Il fallait que tu abrennes qui était vraiment cette femme. Elle n'a cessé de tromper le pauvre Monsieur. Il ne savait que faire bour lui rendre la vie agréable. Toilettes, parures, bijoux, meubles tout son argent y passait. Et cette bête de l'enfer, blus il donnait, blus elle demandait. Et puis, elle avait des coquins, Descart, le bauvre Semacgus et un cavalier balafré. Celui-là, il me faisait beur. Tout cela lui estpassé sur le ventre, à cette garce ! Et toujours des demandes et des exigences. Elle s'est bien empli le jabot. Monsieur, lui, je l'aimais bien. Il était bon avec moi, lui, si dur et si revêche avec tout le monde et avec toi, mon bauvre Nicolas. Encore qu'il avait bien des torts, lui aussi. Il courait la gueuse quand elle se refusait. Il jouait gros jeu au lansquenet et au pharaon. Et blus il jouait, blus il berdait. Il me revenait au petit matin dans des états...
    — Mais alors, comment a-t-il pu continuer à mener un tel train ?
    Catherine sortit son mouchoir et s'essuya les yeux. Elle soupira, puis mouilla de salive le morceau de toile et tenta d'essuyer, comme on débarbouille un enfant, le noir qui couvrait le visage de Nicolas. Il se laissa faire ; il crut un instant se retrouver à Guérande et le visage de la vieille Fine se superposa à celui de Catherine.
    — C'est moi qui l'aidais. Toutes mes économies y sont bassées. La cantine ne nourrit pas sa femme. Quelquefois, des bénéfices de butins ou de pillages, mais seulement quand on est en veine de victoires. Une fois mon homme mort, j'ai hérité d'un petit bien que j'ai vendu. La somme était rondelette et je la gardais pour plus tard. Le commissaire m'a tellement serinée que j'ai fini par la lui donner à petits bouillons. Depuis un an, il ne me payait même plus mes gages. C'est moi qui ai fait tourner le pot, en faisant du ravaudage dans le voisinage. Et puis, il y avait Marie, si gentille, que je ne voulais bas abandonner et c'est à cause d'elle que je ne suis pas partie avant.
    — Tu as fini par le faire...
    Catherine soupira.
    — Mardi, il y a trois jours, j'ai entendu la marâtre ordonner à Marie de faire ses paquets. Ellevoulait qu'elle parte le lendemain à Orléans chez sa marraine, qu'on ne connaît ni d'Ève ni d'Adam. Marie criait, pleurait, suppliait, la bauvre brebis. Mon sang n'a fait qu'un tour, je suis entrée dans la danse et j'ai dit mes vérités à la dame. Elle a bris la chose de haut, me traitant comme un chien. Je n'ai pu emborter un pouce de terrain, la mauvaise avait du vif-argent dans la langue et, malgré tout ce que je disais, elle a rompu toutes mes mesures. Elle s'est jetée sur moi, griffes en avant, et a manqué m'étrangler. Je suis mordue et égratignée de bartout.
    Elle montrait ses gros bras couverts d'écorchures.
    — Elle m'a chassée sur-le-champ, malgré les cris de ma bauvrette. Que pouvais-je faire ? Je suis partie comme une folle. J'ai réfléchi toute la nuit pour savoir où aller. J'ai pensé à M. Semacgus, toujours si aimable et bon avec moi, et j'ai pris mes résolutions. Le lendemain, je suis arrivée ici. Je me disais : « Au moins lui, quoique tombé dans les pièges de la bête comme les autres, me comprendra beut-être. »
    Elle caressait le front de Nicolas.
    — Tu sais, Nicolas, je n'ai blus rien, je suis une pauvre femme qui sera bientôt vieille. Je suis gaillarde encore et peux rendre de bons services. Que vais-je devenir ? Il n'y a bas de remèdes à mon malheur. À mon âge, on tombe vite dans la misère pour finir à l'hôpital. Je bréfère mourir. J'irai me jeter dans la Seine. Je ne ferai honte à bersonne, puisque je suis seule 37 . Dommage, avec mon petit pécule, j'aurais pu faire binet 38 .
    Le pauvre visage ingrat de Catherine se crispa et les larmes coulèrent à nouveau. Elle hoquetait en tentant de se reprendre et sa large poitrine se soulevait de désespoir. Elle ne criait pas et laissait seulementéchapper un souffle rauque et contenu. Nicolas ne put supporter cette détresse.
    — Catherine, arrête, je te promets de t'aider, tu peux compter sur moi.
    Elle renifla et le

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