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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Mais le
christianisme n’est, semble-t-il, pas encore de mode chez les filles du roi de
Grèce. Elles marchent vers l’intérieur des terres, « et elles n’aperçurent
aucune trace leur indiquant que des gens, un jour, y étaient venus ». Prenant
conscience qu’elles ne pourront jamais revenir dans leur pays, elles décident
de s’organiser. Cette terre est hospitalière, contenant en abondance des forêts,
des vallées accueillantes, le tout peuplé de gibier et d’oiseaux de toutes
espèces. Mais « elles éprouvaient une très grande envie de viande et leur
estomac la réclamait ». Elles s’arrangent donc pour fabriquer des pièges
et se nourrissent de gibier. C’est alors que l’histoire devient étrange.
    « Elles avaient repris sang et chair, et devenaient
grosses et grasses. La chaleur de la nature leur fit éprouver le pressant désir,
pour leur volupté, de chercher la compagnie d’un homme. C’était une envie qui
ne les quittait pas. Les démons qu’on appelle Incubes
s’en aperçurent . Ce sont des esprits, je vous le dis, pourvus du pouvoir
suivant : ils pouvaient prendre la forme d’un homme, avec toutes ses
caractéristiques ! Les voyant pleines de désir, ils s’unirent avec elles
et engendrèrent nombre d’enfants. Après cela ils disparurent. Et voilà comment
cela se passa pour les dames : quand la volupté se faisait sentir, les démons
étaient tout à fait prêts à combler leur désir sous la forme dont je viens de
parler. Toutes, petites et grandes, étaient possédées
par un démon , et c’est alors que furent engendrés des enfants qui
devaient être des géants et, par la suite, les futurs maîtres du pays. Les
démons les comblèrent, mais les dames ne virent aucunement ceux qui avaient
couché avec elles ; elles ne firent que sentir ce qu’une femme fait avec
un homme dans ces circonstances. »
    La source exacte de ce conte mythologique est aisée à trouver.
Elle figure dans la Genèse , au chapitre VI :
« Lorsque les hommes commencèrent d’être nombreux sur la face de la terre
et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu trouvèrent que les filles
des hommes leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qu’il leur
plut… Les Nephilim étaient sur la terre en ces jours-là (et aussi dans la suite)
quand les fils de Dieu s’unissaient aux filles des hommes et qu’elles leur donnaient
des enfants ; ce sont les héros du temps jadis, ces hommes fameux. »
Telle est la traduction de la Bible de Jérusalem ,
mais la T. O. B., ou « Traduction œcuménique de la Bible »,
interprète le mot Nephilim comme signifiant « géants ».
D’ailleurs, la Bible de Jérusalem propose une
explication à ce sujet : « Épisode difficile (de tradition yahviste).
L’auteur sacré se réfère à une légende populaire sur les Géants, en hébreu Nephilim , qui seraient des Titans orientaux, nés de
l’union entre des mortelles et des êtres célestes. » Et, bien entendu, on
en vient à une solution historique et rationaliste : « À partir du IV e  siècle, en fonction d’une notion plus
spirituelle des anges, les Pères ont communément interprété les « fils de
Dieu » comme la lignée de Seth et les « filles des hommes »
comme la descendance de Caïn. » On se demande bien pourquoi, ou plutôt, on
ne veut pas comprendre le racisme sournois qui oppose, chez les Pères de l’Église,
la civilisation pastorale de Seth, doublet d’Abel, et la civilisation agricole
et métallurgiste de Caïn, le « maudit », responsable de tous les maux
de l’humanité.
    En fait, on navigue dans le brouillard avec cette histoire
de « fils de Dieu » qui s’unissent aux « filles des hommes ».
La traduction du même chapitre, par l’hébraïsant André Chouraqui, si elle
restitue une atmosphère plus archaïque et en tout cas plus juive, ne nous
éclaire pas le moins du monde : « Et c’est quand le glébeux commence
à se multiplier sur les faces de la glèbe, des filles leur sont enfantées. Les
fils des Élohim voient les filles du glébeux : oui, elles sont bien. Ils
se prennent des femmes parmi toutes celles qu’ils ont choisies… Les Néphilim
sont sur terre en ces jours et même après : quand les fils des Élohim
viennent vers les filles du glébeux, elles enfantent pour eux. Ce sont les
héros de la pérennité, les hommes du Nom. » Et Chouraqui de traduire Néphilim par « tombés », tout en se

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