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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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yeux et prit sa respiration. « Ce que veut Cerdic, me dit-il en
rouvrant les yeux, c’est régner sur tout Llœgyr. Mais si nous le laissons
faire, nous aurons un terrible ennemi au lieu de deux plus faibles. » Il
fit quelques pas en silence, enjambant les corps des hommes morts au cours de
la charge d’Aelle. « Avant cette guerre, poursuivit-il avec aigreur, Aelle
était puissant, et Cerdic était une nuisance. Aelle détruit, nous aurions pu
nous retourner contre Cerdic. Aujourd’hui, c’est le contraire. Aelle est
affaibli, mais Cerdic est puissant.
    — Alors
combattons-le maintenant.
    — Sois
franc, Derfel, me répondit-il à voix basse et d’un air las. Pas de
fanfaronnades. Gagnerons-nous si nous nous battons ? »
    Je regardai l’armée
de Cerdic. Ses rangs étaient serrés et elle était prête pour la bataille,
tandis que nos hommes étaient fatigués et affamés, mais les hommes de Cerdic n’avaient
jamais affronté les cavaliers d’Arthur.
    « Je
crois que nous gagnerions, Seigneur, dis-je sincèrement.
    — Moi
aussi, fit Arthur, mais ce sera une rude bataille, Derfel, et à la fin nous
aurons au moins une centaine de blessés sur les bras qu’il nous faudra
rapatrier au pays pendant que les Saxons mobiliseront toutes les garnisons de Llœgyr
pour nous affronter. Nous pourrions le battre ici, mais jamais nous ne rentrerons
vivants au pays. Nous sommes trop enfoncés au cœur de Llœgyr. » Il
grimaça. « Et si nous nous affaiblissons contre Cerdic, tu ne penses pas
qu’Aelle va nous tendre une embuscade sur le chemin du retour ? » Il
frémit sous le coup d’une soudaine explosion de colère : « À quoi
pensait Lancelot ? Je ne peux avoir Cerdic pour allié ! Il gagnera la
moitié de la Bretagne, se retournera contre nous et nous aurons un ennemi saxon
deux fois plus terrible qu’auparavant. » Il marmonna l’un de ses rares
jurons, puis frotta son visage osseux de sa main gantée. « Eh bien, le bouillon
est raté, poursuivit-il avec amertume, mais il nous faudra le manger quand
même. La seule solution est de laisser assez de forces à Aelle pour qu’il
continue à effrayer Cerdic. Prends six de mes cavaliers et va le trouver.
Trouve-le, Derfel, et donne-lui ce truc minable en cadeau. » Il me fourra
dans la main le couteau de Cerdic. « Lave-le d’abord, dit-il avec irritation,
et tu peux lui porter aussi sa pelisse d’ours. Agravain l’a trouvée.
Donne-la-lui comme un second cadeau et dis-lui de venir à Londres. Dis-lui que
je me porte garant de sa sécurité et que c’est sa seule chance de garder
quelque terre. Tu as deux jours, Derfel, alors trouve-le. »
    J’hésitai. Non
que je fusse en désaccord, mais parce que je ne voyais pas quel besoin nous
avions d’Aelle à Londres. « Parce que, répondit Arthur d’un air las, je ne
puis rester à Londres en laissant Aelle en liberté au pays de Llœgyr. Sans
doute a-t-il perdu son armée ici, mais il a suffisamment de garnisons pour en
rassembler une autre, et pendant que nous nous sortirons des griffes de Cerdic
il pourrait bien ravager la moitié de la Dumnonie. » Il se retourna pour
fixer Lancelot et Cerdic d’un air lugubre. Je crus qu’il allait de nouveau
jurer, mais il se contenta de soupirer : « Je vais conclure une paix,
Derfel. Les Dieux savent que ce n’est pas celle que je souhaitais, mais autant
faire les choses convenablement. Maintenant, va, mon ami, va. »
    Je m’attardai
le temps de m’assurer qu’Issa prendrait soin de brûler le corps de Cavan puis
se mettrait à la recherche d’un lac pour y jeter l’épée de l’Irlandais. Et je
chevauchai dans le nord, sur la piste d’une armée en débandade.
    Tandis qu’Arthur,
son rêve compromis par un idiot, marchait sur Londres.
     
    *
     
    Il y a
longtemps que je rêvais de voir Londres, mais même dans mes rêves les plus fous
je n’avais pas imaginé la réalité. J’avais cru que ce serait comme Glevum,
peut-être un peu plus grand, mais tout de même un groupe de grands bâtiments regroupés
autour d’une place centrale et, derrière, un dédale de ruelles, le tout enfermé
dans un mur de pierre. Mais à Londres, il y avait six places de ce genre, avec
des salles à piliers, des temples à arcades et des palais de briques. Les
maisons ordinaires, toujours basses et au toit de chaume à Glevum ou à Durnovarie,
avaient toutes ici deux ou trois étages. Nombre des maisons s’étaient
effondrées au fil des ans, mais

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