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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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essayaient d’abattre ou de profaner les temples païens. Les
événements d’Isca n’étaient qu’un début, les troubles se répandaient comme une
traînée de poudre, et l’un des symptômes de cette ébullition était le signe du
poisson  – un simple gribouillage fait de deux courbes  – que les
chrétiens peignaient sur les murs païens ou sculptaient sur les arbres des
bosquets druidiques. Culhwch avait raison : le poisson était un symbole
chrétien.
    « Parce
que poisson se dit ichthus en grec, nous expliqua Tewdric, et que les
lettres grecques résument le nom du Christ : Iesous Christos , Theou Uios , Soter , Jésus-Christ, fils de Dieu, Sauveur. C’est
simple, vraiment tout simple. » Il gloussa de plaisir, et l’on n’avait
aucune peine à voir de qui Meurig tenait son fâcheux pédantisme. « Naturellement,
reprit Tewdric, si je régnais encore, tous ces troubles me soucieraient, mais
en tant que chrétien je ne peux que m’en féliciter. Les saints pères nous
disent qu’il y aura pléthore de signes et de présages des derniers jours,
Seigneur Arthur, et les désordres civiques ne sont qu’un de ces signes. Peut-être
la fin est-elle proche ? »
    Arthur émietta
un bout de pain dans son écuelle. « Vous vous réjouissez vraiment de ces
émeutes ? Vous approuvez les attaques contre les païens ? Les sanctuaires
incendiés et saccagés ? »
    Par la porte
ouverte, Tewdric regarda les bois verts qui cernaient son petit monastère. « J’imagine
qu’il doit être difficile aux autres de comprendre, dit-il, évitant de répondre
directement à la question d’Arthur. Vous devez y voir des signes d’excitation,
Seigneur Arthur, non des signes de la grâce de Notre Seigneur. » Il
fit le signe de la croix et sourit. « Notre foi, dit-il sincèrement, est
une religion d’amour. Le Fils de Dieu s’est humilié pour nous sauver de nos
péchés et nous sommes instamment pressés de l’imiter dans tout ce que nous
faisons ou pensons. Nous sommes encouragés à aimer nos ennemis et à faire du
bien à ceux qui nous haïssent, mais ce sont des commandements difficiles, trop
difficiles pour la plupart des gens. Et vous ne devez pas oublier ce pour quoi
nous prions avec le plus de ferveur : le retour sur cette terre de Notre
Seigneur Jésus-Christ. » Il fit de nouveau le signe de la croix. « Les
gens prient et attendent impatiemment Son second avènement. Ils craignent qu’il
ne revienne pas si le monde est encore gouverné par des païens et se sentent
donc obligés de détruire l’idolâtrie.
    — Détruire
le paganisme, observa sèchement Arthur, ne semble guère conforme à une religion
qui prêche l’amour.
    — Détruire
le paganisme est un acte plein d’amour, insista Tewdric. Si vous, les païens,
vous refusez d’accepter le Christ, vous irez sûrement en Enfer. Peu importe que
vous ayez mené une vie vertueuse, vous serez la proie des flammes pour l’éternité.
Notre devoir à nous, chrétiens, c’est de vous arracher à ce destin. Ce devoir n’est-il
pas un acte d’amour ?
    — Pas si
je n’ai aucune envie d’être sauvé, répondit Arthur.
    — Alors
vous devez endurer l’inimitié de ceux qui vous aiment, fit Tewdric, ou tout au
moins l’endurer jusqu’à ce que l’excitation s’éteigne. Et elle s’éteindra. Ces
enthousiasmes ne durent jamais longtemps et, si Notre Seigneur Jésus-Christ ne
revient pas dans quatre ans, l’excitation retombera certainement jusqu’au
millenium. » Il fixa de nouveau les bois épais, puis reprit d’une voix émerveillée :
« Ce serait merveilleux s’il m’était donné de vivre assez longtemps pour
voir en Bretagne le visage de mon Sauveur ! » Il se retourna vers
Arthur : « Et les présages de Son retour seront des éléments de
troubles, je le crains. Sans nul doute les Saxons seront-ils une nuisance.
Font-ils beaucoup d’ennuis ces temps-ci ?
    — Non,
mais leur nombre croît d’année en année. Je crains qu’ils ne se tiennent plus
tranquilles bien longtemps.
    — Je
prierai pour que le Christ revienne avant, fit Tewdric. Je ne crois pas que je
supporterais que le pays tombe entre les mains des Saxons. Non que ce soit
encore mon affaire, bien entendu, s’empressa-t-il d’ajouter, car je laisse tout
cela aux soins de Meurig maintenant. » Une corne sonna depuis la chapelle
voisine. Il se leva. « L’heure des prières ! fit-il joyeusement.
Peut-être vous joindrez-vous à

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