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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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avala avec une poignée de
neige fondue et protesta que tout allait bien.
    Le lendemain
matin, il avait l’air beaucoup plus mal en point. Nous avions passé la nuit
dans une crevasse au milieu des rochers où nous n’avions pas osé allumer de
feu, malgré le charme de dissimulation que Nimue avait concocté avec un crâne
de putois que nous avions trouvé plus haut, sur la route. Nos sentinelles
avaient observé la plaine côtière où trois petites lueurs trahissaient la
présence d’une vie humaine, tandis que nous nous étions blottis tous ensemble
au creux des rochers, frissonnant, maudissant le froid et nous demandant si le
matin se lèverait jamais. Il vint enfin avec un pâle rayon de lumière lépreuse,
qui rendait l’île lointaine plus sombre encore et plus menaçante que jamais.
Mais le charme de Nimue semblait avoir opéré, car nul lancier ne gardait le
bout de la Route de Ténèbre.
    Merlin
tremblait maintenant et était beaucoup trop faible pour marcher. Quatre de mes
lanciers le portèrent sur une litière faite de manteaux et de lances lorsque
nous nous dirigeâmes vers les premiers arbustes écrasés par le vent. La route
était encaissée et ses ornières étaient noyées sous la glace aux endroits où
elle serpentait entre les chênes voûtés, les maigres houx et les petits champs
à l’abandon. Merlin geignait et frissonnait. Issa se demandait si nous
rentrerions jamais. « Retraverser les montagnes ne manquerait pas de le
tuer, observa Nimue. Nous poursuivons. »
    Arrivés à une
fourche, nous vîmes notre premier signe de Diwrnach : un squelette
assemblé avec des cordes en crin de cheval et suspendu à un poteau si bien que
les os desséchés cliquetaient avec les rafales de vent d’ouest. Trois corbeaux
avaient été cloués sous les ossements humains. Nimue s’approcha et renifla
leurs corps raides pour s’assurer du genre de magie dont leur mort était
pénétrée. « Pisse, pisse ! lui lança Merlin depuis sa litière. Vite,
petite, pisse ! » Il fut pris d’une affreuse quinte de toux et tourna
la tête pour cracher la morve en direction du fossé. « Je ne mourrai pas,
se dit-il à lui-même, je ne mourrai pas ! » Il se rallongea tandis
que Nimue s’accroupissait à côté du poteau. « Il sait que nous sommes ici,
m’avertit Merlin.
    — Il est
ici ? demandai-je, me baissant à sa hauteur.
    — Il y a
quelqu’un. Sois prudent, Derfel. » Il ferma les yeux et soupira. « Je
suis si vieux, dit-il à voix basse, si affreusement vieux. Et tout n’est que
méchanceté autour de nous. » Il secoua la tête. « Conduisez-moi dans
l’île, et c’est tout. Rejoignons l’île, et le Chaudron guérira tout. »
    Quand Nimue
eut fini, elle attendit de voir quelle direction prendrait la vapeur de son
urine. Le vent l’entraîna vers la route de droite, et ce signe décida de notre
chemin. Avant de nous remettre en route, Nimue prit sur l’un des poneys une
sacoche de cuir d’où elle retira une poignée de rostres de bélemnites et d’émerillons
qu’elle distribua aux lanciers. « Protection », expliqua-t-elle en
déposant une pierre de serpent dans la litière de Merlin. Puis elle donna l’ordre
d’avancer.
    Nous marchâmes
toute la matinée, ralentis dans notre progression par la nécessité de porter
Merlin. Nous ne vîmes personne et l’absence de vie inspira l’épouvante à mes
hommes. Comme si nous étions arrivés au pays des morts. Il y avait des sorbes
et des cenelles dans les haies, des grives et des rouges-gorges dans les
branches, mais point de bétail. Ni moutons ni hommes. Nous ne vîmes qu’un seul
village avec son panache de fumée chassé par le vent, mais il était loin et nul
ne paraissait nous observer du haut de sa muraille.
    Mais il y
avait des hommes dans ce pays mort. Nous en eûmes la certitude lorsque nous
nous arrêtâmes pour prendre un peu de repos dans une petite vallée où un
ruisselet s’écoulait paresseusement entre des rives de glace à l’ombre d’un
bosquet de petits chênes noirs courbés par le vent. Les branches étaient toutes
délicatement soulignées d’une couche de givre blanc. Nous nous reposions à leur
abri lorsque Gwilym, l’un de mes lanciers restés à l’arrière pour monter la
garde, m’appela.
    J’allai à la
lisière de la chênaie et vis qu’on avait allumé un feu en bas des montagnes. On
ne voyait aucune flamme, juste un épais gruau de fumée grise qui s’élevait

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