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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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faisait une bien
meilleure histoire. » Elle soupira après son rêve perdu. « Mais l’histoire
du Chaudron ne s’arrête pas là, n’est-ce pas ?
    — Hélas,
non.
    — Alors...
    — Alors,
je vous la raconterai le moment venu. »
    Elle fit la
moue. Aujourd’hui, elle porte son manteau de laine grise bordé de loutre qui la
rend si jolie. Elle n’est toujours pas enceinte, ce qui me fait penser soit qu’elle
n’est pas destinée à avoir des enfants, soit que son mari, le roi Brochvael,
passe beaucoup trop de temps avec Nwylle, sa maîtresse. Il fait froid aujourd’hui
et les rafales de vent qui s’engouffrent par ma fenêtre fouettent les petites
flammes d’un âtre qui supporterait un feu dix fois plus important que ne veut
bien me le permettre l’évêque Sansum. J’entends le saint gronder frère Arun, le
cuistot du monastère. Le gruau était trop chaud ce matin, et saint Tudwal s’est
brûlé la langue. Tudwal est un enfant, le compagnon de l’évêque en
Jésus-Christ. Et, l’an dernier, l’évêque l’a proclamé saint. Le démon multiplie
les pièges sur la voie de la vraie foi.
    « Ainsi,
c’était vous ? accusa Igraine.
    — Moi ?
    — Vous
qui avez été l’amant de Ceinwyn.
    — L’amant
de toute une vie, Dame, avouai-je.
    — Et vous
ne vous êtes jamais mariés ?
    — Jamais.
Elle en avait fait le serment, vous vous souvenez ?
    — Mais le
bébé ne l’a pas déchiré en deux ?
    — Le
troisième enfant a failli la tuer, mais les autres naissances ont été beaucoup
plus faciles. »
    Igraine était
accroupie près du feu, ses mains pâles tendues vers les flammes pathétiques.
    « Tu as
bien de la chance, Derfel.
    — Et
pourquoi donc ?
    — D’avoir
connu pareil amour. »
    Elle avait l’air
désenchanté. La reine n’est pas plus âgée que Ceinwyn quand je l’ai connue. Et,
comme Ceinwyn, Igraine mérite un amour digne d’être chanté par les bardes.
    « J’ai eu
de la chance, je le reconnais. »
    Devant ma
fenêtre, frère Maelgwyn achève le tas de bois du monastère, fendant les troncs
à l’aide d’une masse et d’un maillet et chante en vaquant à ses affaires. Il
chante les amours de Rhydderch et de Morag, ce qui veut dire qu’il se fera
réprimander dès que saint Sansum aura fini d’humilier Arun. Nous sommes frères
en Christ, nous dit le saint, unis dans l’amour.
    « Cuneglas
n’était pas fâché que sa sœur s’enfuie avec toi ? voulut savoir Igraine.
Pas même un petit peu ?
    — Pas le
moins du monde. Il voulait que nous retournions à Caer Sws, mais nous nous
plaisions tous les deux à Cwm Isaf. Et Ceinwyn n’a jamais vraiment aimé sa belle-sœur.
Helledd était ronchonne, vous comprenez, et elle avait deux tantes acariâtres.
Toutes désapprouvaient Ceinwyn, et ce sont elles qui ont fait courir toutes ces
rumeurs, alors que nous n’avons jamais mené une vie de scandale. » Je m’arrêtai,
songeant aux premiers jours de notre amour. « En vérité, la plupart des
gens étaient fort bons, continuai-je. Au Powys, toute rancœur n’était pas
éteinte après Lugg Vale. Trop de gens y avaient perdu un père, un frère ou un
mari, et le défi de Ceinwyn leur apparut comme une récompense. Il leur était
agréable de voir Arthur et Lancelot dans l’embarras si bien que, en dehors de
Helledd et de ses horribles tantes, personne n’a été méchant avec nous.
    — Et
Lancelot ne s’est pas battu pour la récupérer ? demanda Igraine, choquée.
    — J’aurais
bien voulu voir ça, dis-je sèchement. Ça m’aurait bien plu.
    — Et
Ceinwyn a pris sa décision toute seule ? » insista Igraine, s’étonnant
de l’idée même qu’une femme fît montre d’une pareille audace. Elle se leva et
se dirigea à la fenêtre où elle écouta un moment Maelgwyn chanter. « Pauvre
Gwenhwyvach, reprit-elle soudain. Quel portrait ! une grosse gourde, tout
ce qu’il y a de plus ordinaire.
    — Son
portrait tout craché, hélas.
    — Tout le
monde ne saurait être beau, fit-elle avec l’assurance d’une femme qui se savait
belle.
    — Non,
admis-je, mais vous ne voulez pas d’histoires banales. Vous rêvez d’une
Bretagne arthurienne tout feu tout flammes. Et Gwenhwyvach ne m’inspirait pas
la moindre passion. L’amour ne se commande pas, Dame. Seuls commandent la
beauté ou le désir. Voulez-vous un monde juste ? Alors imaginez un monde
sans rois ni reines, sans seigneurs, sans passion ni magie. Vous

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