Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
aimeriez vivre
dans un monde aussi terne ?
    — Cela n’a
rien à voir avec la beauté, protesta Igraine.
    — Tout a
à voir avec la beauté. Qu’est-ce que votre rang, sinon le hasard de votre
naissance ? Et qu’est-ce que votre beauté, sinon un autre accident ?
Si les Dieux... - je m’arrêtai pour me corriger  –, si Dieu nous voulait
égaux, il nous aurait faits égaux, et si nous étions tous pareils, où serait
votre romanesque ? »
    Elle abandonna
la discussion, pour me provoquer sur un autre terrain :
    « Croyez-vous
à la magie, Frère Derfel ?
    — Oui,
fis-je, après une minute de réflexion. Même en qualité de chrétiens, nous
pouvons y croire. Que sont les miracles, sinon de la magie ?
    — Et
Merlin a vraiment pu faire apparaître le brouillard ? »
    Je fronçai les
sourcils.
    « Tout ce
que faisait Merlin, ma Dame, avait une autre explication. Les brouillards
viennent de la mer et on trouve tous les jours des objets perdus.
    — Et les
morts reviennent à la vie ?
    — Lazare,
oui, ainsi que notre Sauveur. »
    Je me signai.
Igraine fit docilement le signe de la croix. « Mais Merlin est-il sorti du
royaume des morts ?
    — Je ne
suis pas bien sûr qu’il était mort, fis-je prudemment.
    — Mais
Ceinwyn en était certaine ?
    — Jusqu’à
son dernier jour, Dame. »
    Igraine
tripotait la ceinture tressée de sa robe.
    « Mais le
Chaudron n’était pas vraiment magique ? Il ne pouvait pas ramener quelqu’un
à la vie ?
    — À ce qu’on
disait.
    — Et la
découverte du Chaudron par Ceinwyn, c’était sûrement de la magie ! reprit
Igraine.
    — Peut-être,
mais sans doute n’était-ce que simple bon sens. Merlin avait passé des mois à
rassembler tout ce qu’on pouvait savoir d’Ynys Mon. Il savait où les druides
avaient leur centre sacré, à côté de Llyn Cerrig Bach, et Ceinwyn n’a fait que
nous conduire à l’endroit le plus proche où l’on avait pu cacher le Chaudron
sans crainte. Mais elle a eu ce rêve...
    — Et vous
aussi, sur le Dolforwyn. Qu’est-ce que Merlin vous a fait boire ?
    — La même
chose que Nimue à Ceinwyn à Llyn Cerrig Bach. Probablement une infusion de
chapeau rouge.
    — Le
champignon ! s’exclama Igraine d’un air épouvanté.
    — C’est
pour cela que j’avais des crampes et que je ne tenais plus debout, expliquai-je
en hochant la tête.
    — Mais
vous auriez pu mourir !
    — Non, il
est rare qu’on meure des chapeaux rouges. Qui plus est, Nimue était experte en
la matière. »
    Je décidai de
ne pas lui dire que la meilleure façon de le rendre inoffensif, c’était que le
magicien l’avale lui-même puis donne son urine à boire au rêveur.
    « Ou
peut-être était-ce la nielle du seigle ? Mais je crois plutôt que c’était
le chapeau rouge. »
    Igraine fronça
les sourcils lorsque saint Sansum ordonna au frère Maelgwyn de cesser de
chanter son chant païen. Le saint est plus irritable que d’ordinaire ces
jours-ci. Il souffre le martyre quand il pisse. Peut-être les calculs. Nous
prions pour lui.
    « Et
après ? demanda Igraine, feignant d’ignorer les rodomontades de Sansum.
    — Nous
sommes rentrés chez nous. Au Powys.
    — Pour
retrouver Arthur ? demanda-t-elle avidement.
    — Pour
retrouver Arthur aussi. » Car c’est son histoire à lui, l’histoire de notre
cher seigneur de la guerre, notre législateur, notre Arthur.
     
    *
     
    Le printemps
fut glorieux à Cwm Isaf. Ou peut-être est-ce que tout apparaît plus épanoui et
plus éclatant quand on est amoureux. Mais il me semblait que jamais le monde n’avait
été aussi plein de primevères et de mercuriales vivaces, de campanules et de
violettes, de lis et de grands tertres de renoncules. Les papillons bleus
hantaient les prairies tandis que nous arrachions des touffes de chiendent sous
les fleurs rosés des pommiers où chantaient les torcols. Il y avait des
bécasseaux près du ruisseau et une bergeronnette fit son nid sous le chaume de
Cwm Isaf. Nous eûmes cinq veaux à l’œil tendre, tous bien portants et gloutons.
Et Ceinwyn était enceinte.
    Je nous avais
fait des bagues d’amants à notre retour d’Ynys Mon. C’étaient des bagues
gravées d’une croix, mais pas la croix des chrétiens, de celles que les filles
portaient souvent quand elles étaient devenues femmes. La plupart des filles
prenaient un bout de tresse de leurs amants qu’elles portaient en badges et les
femmes des lanciers portaient

Weitere Kostenlose Bücher