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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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le temps se
réchauffait. Les étoiles brillantes étaient embrumées, les cristaux de glace
collés aux rochers fondaient. Nous avions tous cessé de frissonner. De nouveau,
nous pouvions toucher la pointe de nos lances. Un brouillard se formait.
    « Les
Dumnoniens, naturellement, prétendent que leur fromage est le meilleur de
Bretagne, reprit Merlin d’un ton grave, comme si nous n’avions rien de mieux à
faire que de l’entendre parler de fromage. Et c’est vrai qu’il en est de bons,
mais il est parfois trop dur. Je me souviens qu’un jour Uther s’est cassé une
dent sur le fromage d’une ferme des environs de Lindinis. Cassée en deux !
Le malheureux en a souffert quinze jours. Il n’a jamais supporté de se faire
arracher une dent. Il voulait à tout prix que je fasse un tour de magie, mais c’est
étrange, la magie n’opère jamais sur les dents. Les yeux, oui, les intestins,
toujours les cerveaux, parfois, bien qu’il y en ait assez peu en Bretagne par
les temps qui courent. Mais les dents ? Jamais. Il faudra que je me penche
sur ce problème quand j’aurai du temps. Gare à vous, j’adore arracher les dents ! »
Il eut un large sourire, nous dévoilant ainsi sa denture d’une rare perfection.
Arthur avait la même chance, tandis que nous souffrions tous de maux de dents.
    Je levai les
yeux vers les rochers les plus hauts, presque cachés par le brouillard qui s’épaississait
à vue d’œil. Un brouillard de druide, un brouillard dense et blanc qui
enveloppait toute l’île d’Ynys Mon dans son épais manteau de vapeur.
    « En
Silurie, reprit Merlin, ils servent un bol de lavasse incolore, et ils
appellent ça du fromage. C’est si répugnant que même les souris n’en veulent
pas, mais qu’espérer d’autre de la Silurie ? Tu voulais me dire quelque
chose, Derfel ? Tu as l’air tout excité.
    — Le
brouillard, Seigneur.
    — Quel
observateur tu fais, fit-il d’un ton admiratif. Alors peut-être pourriez-vous
sortir le Chaudron de la fosse. Il est temps de partir, Derfel. Il est grand
temps. »
    Ce que nous
fîmes.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
DEUXIÈME PARTIE LA GUERRE AVORTÉE

 
     
    « Non !
protesta Igraine, jetant un coup d’œil au dernier parchemin de la pile.
    — Non ?
fis-je poliment.
    — Vous ne
pouvez pas arrêter l’histoire ici ! Que s’est-il passé ?
    — Nous
sommes repartis, naturellement.
    — Oh,
Derfel ! s’écria-t-elle en repoussant le parchemin. Il y a des marmitons
qui savent mieux que vous raconter une histoire ! Racontez-moi ce qui s’est
passé. J’insiste ! »
    Et je le lui
racontai.
    L’aube
approchait. Le brouillard formait une toison si épaisse que lorsque nous
réussîmes à descendre des rochers pour nous rassembler sur l’herbe au sommet du
tertre, nous risquions de nous perdre au moindre pas de côté. Merlin nous fit
former une chaîne, chacun tenant le manteau de celui qui le précédait. J’attachai
le Chaudron à mon dos et nous descendîmes en file indienne au pied de la
colline. Brandissant son bâton à bout de bras, Merlin nous conduisit au milieu
des Bloodshields sans qu’aucun d’eux ne nous vît. J’entendais Diwrnach leur
crier de se disperser, mais les cavaliers noirs savaient que c’était un
brouillard de magicien et préféraient ne pas s’éloigner de leurs brasiers. Reste
que ces quelques premiers pas furent la partie la plus dangereuse de notre
périple.
    « Mais,
protesta la reine, nos récits disent que vous avez tous disparu. Les hommes de
Diwrnach ont prétendu que vous aviez quitté l’île à tire-d’aile. C’est une
histoire bien connue ! Ma mère me l’a racontée. Vous ne pouvez pas dire
que vous avez filé, un point c’est tout.
    — C’est
pourtant ce que nous avons fait.
    — Derfel !
fit-elle d’un ton de reproche.
    — Nous n’avons
ni disparu, expliquai-je patiemment, ni volé, quoi que votre mère ait pu vous
raconter.
    — Alors,
qu’est-ce qui s’est passé ? » demanda-t-elle, encore déçue de ma
version par trop terre à terre.
    Nous avons
marché des heures durant en suivant Nimue qui possédait un don mystérieux pour
trouver son chemin dans l’obscurité ou le brouillard. C’est Nimue qui avait
conduit ma bande de guerre la veille de la bataille de Lugg Vale. Et maintenant,
dans l’épaisseur du brouillard hivernal qui enveloppait Ynys Mon, c’est elle
qui nous conduisait vers l’un des plus grands monticules herbus

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