Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
l’épée d’Arthur :
Excalibur ! Les chrétiens ne firent aucune suggestion, parce que c’était
une démarche de païens, et qu’ils n’offriraient que leurs prières. En revanche,
un homme du Powys suggéra que nous sacrifions un chrétien, et cette idée
suscita de vives acclamations. Meurig piqua de nouveau un fard.
    « Je me
dis parfois, dit Merlin quand plus personne n’eut de suggestions à lui faire,
que je suis condamné à vivre parmi des idiots. Le monde entier serait-il fou,
sauf moi ? Il n’y a donc pas même un seul malheureux imbécile étriqué
parmi vous pour voir ce que nous avons de plus précieux ? Pas un seul ?
    — Les
vivres, fis-je.
    — Ah !
s’exclama Merlin, ravi. Bien joué, malheureux imbécile étriqué ! Les
vivres, bande d’idiots. » Il avait craché l’insulte à l’adresse du
Conseil. « Tous les plans d’Aelle se fondent sur l’idée que nous manquons
de nourriture. À nous de démontrer le contraire. Il nous faut gaspiller les
vivres comme les chrétiens les prières. Nous devons les répandre à tous les
vents, les dilapider, les balancer. Nous devons, fit-il en marquant un temps de
pause pour bien souligner le dernier mot, nous devons les sacrifier. » Il
attendit un instant, le temps qu’une voix s’élève pour lui apporter la
contradiction, mais personne ne dit mot. « Trouvez un endroit par ici,
ordonna Merlin à Arthur, où il vous conviendrait d’offrir la bataille à Aelle.
Qu’il ne soit pas trop retranché, car il ne s’agit pas qu’il refuse le combat.
N’oubliez pas : vous le tentez et vous devez lui laisser croire qu’il peut
vous vaincre. Combien de temps lui faudra-t-il pour préparer ses forces à la
bataille ?
    — Trois
jours », répondit Arthur. Il soupçonnait que les hommes d’Aelle étaient
largement éparpillés dans le grand cercle qui nous escortait et qu’il faudrait
au moins deux jours aux Saxons pour se resserrer en une armée compacte et
encore une bonne journée pour la faire marcher en ordre de bataille.
    « Quant à
moi, ajouta Merlin, j’aurai besoin de deux jours afin de cuire assez de pain
dur pour nous permettre de tenir cinq jours. Pas une ration bien généreuse,
Arthur, car ce doit être un véritable sacrifice. Allez donc vous trouver un
champ de bataille et attendez. Laissez-moi faire le reste, mais je veux Derfel
et une douzaine de ses hommes pour accomplir une rude besogne. » Il éleva
la voix afin que tous les hommes attroupés autour du Conseil pussent l’entendre :
« Y a-t-il ici des hommes habiles à tailler le bois ? »
    Il en choisit
six. Deux étaient du Powys, un portait sur son bouclier l’aigle du Kernow, et
les autres étaient de Dumnonie. Ils reçurent des haches et des couteaux, mais
rien à sculpter tant qu’Arthur n’eut pas découvert son champ de bataille.
    Il le trouva
sur une grande bruyère qui s’élevait jusqu’à un petit sommet couronné par un
bosquet clairsemé d’ifs et d’alisiers blancs. Nulle part la pente n’était
raide, mais il nous faudrait tout de même occuper la partie la plus haute. C’est
donc là qu’Arthur planta ses étendards et organisa un campement d’abris de
branches et de chaumes. Nos lanciers formeraient un cercle autour des étendards
et, espérions-nous, attendraient Aelle de pied ferme. Le pain qui devait nous
permettre de tenir en attendant les Saxons fut cuit dans des fours de tourbe.
    Merlin se
choisit un coin au nord de la lande. Il y avait là une prairie, quelques aulnes
rabougris et une herbe drue bordant un cours d’eau qui ondulait pour aller se
jeter, au sud, dans la lointaine Tamise. Mes hommes reçurent l’ordre d’abattre
trois chênes, puis de dépouiller les troncs de leurs branches et de leur
écorce, et ensuite de creuser trois fosses dans lesquelles on pourrait dresser
les chênes comme des colonnes. Mais Merlin commença par demander aux six
sculpteurs de tailler les chênes pour en faire des idoles en forme de goules. Iorweth
donna un coup de main à Nimue et à Merlin : tous trois aimaient à
travailler ensemble, car cela leur permettait d’imaginer les choses les plus
redoutables et terrifiques qui ne ressemblaient guère aux dieux que je
connaissais. Mais Merlin n’en avait cure. Ces idoles, expliqua-t-il, n’étaient
pas pour nous, mais pour les Saxons, et ses sculpteurs et lui firent trois horreurs
avec des têtes d’animaux, une poitrine de femme et des génitoires d’homme.
Lorsqu’ils

Weitere Kostenlose Bücher