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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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qui ne va pas arranger nos affaires. Il faut agir sans désemparer.
    — Au grand galop ! Fais appeler une voiture.
    — C’est fait et, pour gagner du temps, Sanson et Semacgus sont en voie d’être prévenus. Je vais aussi ordonner le charroi…
    — Pour Sanson, as-tu bien précisé sa nouvelle adresse au faubourg Saint-Martin, rue Neuve Saint-Nicolas, dans la partie aujourd’hui appelée Neuve Saint-Jean 14  ?
    — Quelle science ! Je tire mon tricorne et salue bien bas !
    — Je n’ai cessé, dit Nicolas, l’air faraud, de parfaire ma connaissance de la ville. On ne peut tenir Turgot, Vaugondez ou un autre dans la poche.
    — En parlant de cartes. La fréquentation des géographes a-t-elle profité à notre ami Naganda ?
    — Il adresse avec une régularité louable desexemplaires d’une précision extrême qui font l’admiration du roi. Il m’en parle avec délice à l’occasion.
    — Te rends-tu compte que tu parles de tes rencontres avec Sa Majesté comme tu le ferais du suisse de Saint-Eustache ?
    Le fou rire prit Nicolas jusqu’à l’apparition du père Marie venu lui indiquer qu’un fiacre les attendait sous le porche.
    Le trajet fut bref jusqu’à l’hôtel de Vauban. M. Sirebeau, prévenu par Le Noir de leur venue, les attendait avec l’air un peu pincé de quelqu’un qui aurait tiré les marrons du feu pour d’autres.
    — Je peux me flatter d’être chanceux de transmettre cette affaire au plus distingué de mes confrères.
    — Surtout, mon cher, n’y voyez pas malice ; je n’y suis pour rien. Nous ne décidons pas de ces choses-là. En revanche, votre aide me sera précieuse.
    — Elle sera limitée, mes connaissances sont courtes. J’en ferai le résumé et vous demanderai la permission de rejoindre mes bureaux. D’autres affaires m’attendent.
    — Comme il vous plaira. Je vous écoute.
    Il les entraîna dans un petit salon pourvu d’une bibliothèque, d’un guéridon et de trois fauteuils recouverts de cuir de Cordoue.
    — Lachère, l’hôtelier, m’a fait chercher ce matin.
    — À quelle heure ?
    — J’allais vous le préciser. À dix heures. Son valet…
    — Le sien ?
    — Certes. Le valet du voyageur. Il lui montait son chocolat le matin vers neuf heures. Il a gratté l’huis sans obtenir de réponse. Il s’est pourtant décidé à ouvrir la porte. Malheureusement, elle était ferméeà clé. Il est descendu avertir Lachère. Ils ont bien hésité sur la marche à suivre, supposant que M. de Rovski était rentré fort tard comme cela avait été le cas à plusieurs reprises depuis son arrivée à Paris. L’attente se prolongeant, l’hôte décida de faire forcer la porte par un serrurier et m’envoyer quérir.
    — Eh, quoi ! Il ne disposait pas du passe habituel ?
    — Apparemment non. Bref, il faut dire que ces gens-là sont toujours inquiets quand il s’agit de riches étrangers. J’ai fait prévenir monseigneur qui a intimé de ne rien faire sinon le constat d’usage et, surtout, de ne rien déranger et d’attendre votre venue.
    Nicolas ouvrit les bras, tout sourire.
    — Me voici ! Je vous rends à vos travaux.
    Le commissaire s’inclina sans un mot et sortit sans saluer.
    — Je crains que tu ne te sois fait un nouvel ami !
    — Oh ! Depuis vingt ans j’ai l’habitude. Il y a les bons et les autres. Au moins celui-là ne dissimule pas son sentiment ! Cours me chercher ce Lachère.
    — Tu ne veux pas voir le…
    — Plus tard. Il ne faut pas laisser refroidir le souvenir. Si tu laisses filer le temps, la mémoire n’a que trop tendance à battre la campagne.
    Bourdeau revint suivi d’un petit magot engoncé dans un habit grenat, poudré à frimas, son triple menton noyé dans une cravate de batiste serrée à l’excès. Il semblait ne pas tenir en place et sautillait d’un pied sur l’autre. Il avait d’évidence beaucoup de choses à dire. Sachant par expérience que le flot entraîne quelquefois des pépites, Nicolas considéra le nouveau venu d’un air engageant sans dire mot.
    — Serviteur, monsieur l’inspecteur, serviteur.
    — Commissaire, grommela Bourdeau.
    — Ah ! Commissaire. Voilà qui est mieux. Une maison si réputée le mérite bien. Quelle affaire ! Tout est là, avec ces jeunes étrangers. Paris, Paris, le miroir aux alouettes. Sont-ils niais ! À peine arrivée, une foule de quémandeurs se précipite sur eux. Quelle voracité ! Les filles, monsieur, les filles, une

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