Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
que j’ai cru comprendre un soir, l’abus du vin l’avait quelque peu submergé, aurait prodigué ses qualités d’étalon à la grande impératrice de Russie. Ainsi la Paulet s’efforçait de répondre à la demande, tout en rechignant ne pouvoir longtemps pourvoir à une répétition si particulière.
    — Soit ! Passons à l’événement présent. Qu’as-tu à nous en dire ?
    — Peu de choses. Hier soir j’ai habillé le jeune homme. Il devait souper je ne sais où.
    — L’as-tu attendu ? Qu’as-tu fait ?
    — Je n’avais pas à le faire, il m’avait donné soirée libre.
    Nicolas nota l’imperceptible crispation du visage ridé de Veyrat. Bourdeau s’en aperçut aussi. Tous deux eurent le sentiment que la question l’avait gêné et que le témoin était en train de leur celer quelque chose.
    — J’ai mangé dans une auberge cul-de-sac des Provençaux et j’ai regagné ma soupente rue Basse-des-Ursins en l’île.
    Nicolas n’appréciait guère qu’on donnât autant de détails qui n’avaient pas été demandés.
    — Non sans avoir, au préalable, rapporté l’emploi du temps de ce riche étranger à qui de droit. N’est-ce pas ?
    Veyrat accusa le coup et regarda Bourdeau avec effarement.
    — Bon ! Si tu refuses de jaser, je demanderai à l’intéressé que tu sais de me communiquer un certain registre…
    Ce fut le coup de grâce.
    — C’est facile de tout savoir quand on est de la pousse. C’est vrai que j’ai point dételé. On a trop sur moi pour me lâcher…
    Ce fut dit avec amertume et un mauvais sourire.
    — Y a toujours des gens qui vous tiennent et vous contraignent. Je fais rapport comme vous le savez. Moi aussi, je sers le roi, tout comme vous, itou !
    — Mais oui, tu as raison. La suite. Ce matin ?
    — Je suis arrivé à huit heures pour préparer le chocolat et son complément.
    — Complément ?
    — Oui, le jeune homme m’avait confié une bouteille d’une eau-de-vie de son pays, très forte !
    — Car tu l’as goûtée ?
    — Pouah ! Du feu. Bref il m’ordonnait d’en panacher le chocolat. Ce réconfortatif chassait, selon lui,les brumes de la nuit. À mon avis cela tuait le ver, à coup sûr.
    — Bon, nous nous dispersons. Tu prépares le chocolat à l’office, tu le bats, le fouettes, tu le coupes et…
    — Je monte réveiller monsieur, qui ne répond point. Je réitère. Je gratte, je toque. Rien. Au bout d’un moment je pousse la porte qui n’était jamais fermée. Seulement pour cette fois, elle l’était. Toujours pas de réponse. Je préviens M. Lachère qui m’accompagne au premier étage et tente à nouveau de réveiller M. de Rovski. Pour le coup et à bout de ressources, il faut avoir recours au commissaire. On préfère attendre et alors seulement M. Lachère songe à son passe, qu’il conserve dans sa caisse. Point de passe ! On fait chercher l’homme de l’art et, la police survenue, la porte est enfin ouverte.
    — Y avait-il une clé à l’intérieur ?
    — Pas de clé.
    — Aussi on peut penser, s’il y a eu meurtre, que…
    — Je vous arrête, monsieur.
    — Monsieur est le commissaire Le Floch.
    — Ah ! J’en ai entendu parler. Oh ! Il y a bien eu meurtre, vous le constaterez pour d’évidentes raisons.
    — Monsieur Veyrat…
    — Je préfère La Jeunesse .
    — Peu importe. Y a-t-il dès l’abord un détail qui te paraît devoir être relevé ? Un point curieux ou remarquable ?
    — Je sais qu’il écrivait beaucoup. Il rangeait soigneusement les feuilles dans une cassette en lentille qu’il fermait avec une petite clé.
    — En lentille ?
    — Oui, du beau bois avec des cercles.
    — Je suppose, murmura Nicolas, qu’il veut dire loupe de noyer.
    — Et cette cassette ?
    — L’horreur du spectacle ne m’a pas permis de vérifier sa présence dans l’appartement.
    — Et quoi d’autre encore ?
    — Les tableaux.
    — Disparus.
    — Oui… non… enfin des petits tableaux représentant le Seigneur, la Vierge, des saints, toujours alignés sur la commode. Et la lampe…
    — Que cela est confus ! Que nous dégoises-tu là ?
    — Je dis que j’ai vu ces tableaux retournés, faces contre le bois du meuble, la lampe à huile éteinte et renversée. M. Lachère en était fâché pour son tapis !
    — Voilà qui est curieux, mais je n’en distingue pas la signification. Est-ce là tout ce qui t’a frappé ?
    — Tout. Je le jure.
    — Ne jure point,

Weitere Kostenlose Bücher