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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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dans les appartements de la grande-duchesse. Un secrétaire a été forcé et… j’ose à peine le dire, un objet, enfin un bijou d’une valeur extrême, a été dérobé. Mais la question n’est pas là. Il se trouve que cette broche ornée de pierres incomparables et d’une émeraude unique est un présent que Sa Majesté impériale a offert à sa belle-fille à l’occasion de ses noces. L’annonce de sa perte aurait des conséquences… que je ne peux… que je ne dois…
    — N’ayez crainte, ce joyau sera retrouvé, je puis vous le garantir, et la police ne fera pas mentir sa réputation.
    Le Noir paraissait guilleret et soulagé. Pour Nicolas, le visage de Bariatinski était pourtant éloquent.
    — Monsieur le lieutenant général de police, je ne doute pas de l’efficacité de vos gens, mais je ne vous ai pas tout dit. Ce vol a été surpris par un des serviteurs du grand-duc. Que s’est-il passé ? Nous l’ignorons. Reste que nous sommes en présence de deux victimes.
    Nicolas ressentit physiquement le soupir qu’exhala M. Le Noir.
    — Que dites-vous là, monseigneur ? Deux morts !
    — Hélas ! Un malheureux frotteur embauché à l’occasion de la visite impériale et qui, sans doute, s’était opposé au péril de sa vie au voleur et un serviteur russe du prince, assassiné lui aussi sans doute pour les mêmes raisons.
    Un fleuve de glace parcourait les veines de Nicolas. Le Noir, pris à contre-pied, avait pâli et s’enfonçait dans son fauteuil.
    — Vous comprendrez, reprit l’ambassadeur, que, dans ces conditions, je ne pouvais tergiverser. Ce drame peut avoir des conséquences incalculables tant à Paris qu’à Saint-Pétersbourg. La chose doit rester secrète et ne pas transpirer à l’extérieur. Nous avons limité les choses à l’Hôtel de Lévi, mais plus les heures s’écoulent plus le risque s’accroît. Son Altesse impériale le grand-duc m’a donné carte blanche pour régler cette affaire avec vous. Il retardera le plus qu’il sera possible son retour de la comédie… le temps de… Enfin, vous me comprenez. Il souhaite aussi que vous déléguiez auprès de lui un homme de confiance qui enquêtera et lui rendra compte… Enfin autant que vous en déciderez, avec l’approbation de M. de Vergennes, cela va sans dire. Personne de notre côté ne désire que cette affaire soit éventée et n’embarrasse les heureuses relations entre nos deux États. La visite de Son Altesse impériale se déroule à merveille, rien ne doit venir en bousculer le cours. Donc le temps presse, il faut ôter les corps et peut-être, auparavant, faire certaines constatations.
    — Le marquis de Ranreuil est désigné pour cette mission. C’est un autre moi-même.
    — La discrétion…
    — Il est accoutumé aux affaires d’État et de surcroît est honoré de la confiance de Sa Majesté après avoir joui de celle du feu roi. Il bénéficie de l’entrée au petit lever, c’est tout dire.
    — Vraiment ! murmura Bariatinski, considérant Nicolas avec une attention redoublée.
    — Cependant, au préalable, je dois, monsieur l’ambassadeur, évoquer une autre affaire, je regrettede dire un autre drame, qui intéresse essentiellement votre chancellerie. Le comte de Vergennes venait d’ailleurs…
    Il agita un pli saisi sur la tablette de son bureau. Le commissaire ne douta pas qu’il s’agissait d’un pli sans importance.
    — … de m’ordonner de vous approcher afin de vous en informer.
    Bariatinski redressa la tête avec une sorte de haut-le-cœur.
    — Et donc, qu’auriez-vous donc à m’apprendre ? Vous ne laissez pas de m’inquiéter.
    — Il se trouve qu’un distingué sujet de votre nation, le comte Igor de Rovski qui séjournait à Paris à l’hôtel de Vauban, rue de Richelieu, a été découvert assassiné dans sa chambre. Les conditions plus qu’étranges de cette mort ont conduit la police du roi, en la personne du marquis de Ranreuil, à enquêter. Il apparaît en effet que votre compatriote était, comment dire, bien en cour à Saint-Pétersbourg, qu’on souhaitera peut-être connaître le détail de sa mort et être attaché à ce que son ou ses assassins soient retrouvés et punis.
    Une seconde fois le prince fixa Nicolas, puis soupira, se tournant vers Le Noir.
    — Et quand, monseigneur, ce meurtre a-t-il eu lieu ?
    — Il y a quelques jours.
    — Et je n’en suis informé qu’aujourd’hui.
    — Dans les circonstances présentes,

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