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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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à Denis. Elle trouvait scandaleux qu’il se présentât à une réception tout en sachant qu’elle et Élisabeth y seraient. Denis cligna légèrement des yeux pour lui signifier qu’il accusait le coup.
    – Je pense que mon violon a une grande envie de dormir.
    M me Boisvert émit un petit ricanement.
    – Qu’est-ce qu’elle est mignonne! Et il a faim aussi, je suppose?
    – Non, pas aujourd’hui. Il n’a jamais faim quand il vient de donner un récital. Mais demain matin, il va dévorer.
    – Et qu’est-ce qu’il mange, votre violon?
    – De tout.
    Élisabeth mit fin à la comédie en annonçant qu’elle rentrait. Denis et sa femme leur serrèrent la main, et, en moins de deux, elles furent sur le trottoir, marchant sur les cartons et les banderoles abandonnés par les manifestants. Elles hélèrent finalement un taxi et s’affalèrent sur la banquette arrière sans avoir échangé une seule parole. Élisabeth ne savait si Florence lui en voulait et celle-ci se demandait si elle avait bien agi ou non.
    – Je te dépose, Florence?
    Florence haussa les épaules et poussa un petit grognement.
    – J’ai dit à ma grand-mère que je dormirais chez toi.
    Florence était assise au salon, les bras posés sur le dossier du canapé. Élisabeth la regarda et lui trouva un air de martyre. Sans rien dire, elle s’assit devant elle, cherchant les mots pour exprimer la profondeur de son regret. Puis elle vit les immenses larmes couler sur les joues de sa protégée. Florence courba l’échine et les gouttes commencèrent à foncer certaines fleurs de son corsage.
    – Je n’ai jamais été si malheureuse de ma vie, Élisabeth. Comment as-tu fait pour rester belle toute la soirée? Moi, j’avais envie de hurler tellement j’étais insultée.
    Élisabeth demeura muette devant les propos de Florence.
    – Avant la cérémonie, je les avais vus s’asseoir. J’ai essayé de jouer pour te consoler, Élisabeth. Parce que je savais que c’était ce soir que tu te faisais poignarder.Trop dure soirée, Élisabeth. Et puis moi, la grande idiote, je t’ai fait de la peine aussi.
    Florence raconta ensuite que pendant des années elle avait espéré qu’elle et Denis se marient et l’adoptent.
    – Ça aurait été beau comme dans les livres.
    Puis elle ajouta qu’elle avait remarqué l’alliance de Denis et avait demandé à sa grand-mère pourquoi les hommes portaient des bijoux. Elle avait alors compris que jamais ils ne l’adopteraient.
    – J’aurais tellement aimé, tellement aimé être de ta famille. J’aurais tout fait pour devenir polonaise, moi aussi. Pour connaître les chansons que tu sais. Apprendre l’histoire de Cracovie. Tout connaître.
    – Tu peux...
    – Non, parce que je ne serai jamais de ta famille, Élisabeth. Et j’ai fait une chose effrayante, dégueulasse.
    Élisabeth n’avait pas besoin qu’elle le lui dise. Stanislas avait éveillé chez Florence quelque chose qui avait l’odeur de la séduction.
    – Stanislas?
    – Oui. Mais je te jure que je l’aime. C’est dégueulasse. J’ai dix-huit ans, lui treize...
    – Il a l’air beaucoup plus vieux...
    – C’est ça, le problème. Je l’ai embrassé, Élisabeth. Devant le désarroi de Florence, Élisabeth se retint de sourire tant sa candeur était manifeste. Elle l’invita à se reposer pour se remettre de cette terrible soirée, mais Florence refusa. Elle semblait habitée par le spleen des derniers mois. C’était la première fois qu’elle lui avouait connaître sa relation avec Denis, mais Élisabeth n’en était pas étonnée, ayant toujours su que Florence avait un sonar greffé à son âme d’artiste.
    – Tu avais mon âge?
    Élisabeth n’avait pas envie de parler de Marek ni de son mariage. Elle était encore sous le choc de sa rencontre avec l’épouse de Denis et sous celui de l’aveu de Florence qui avait souhaité l’avoir pour mère. Elle avait l’impression que leur amour de la musique les avait rendues sœurs, et possédait depuis toujours la certitude que le destin les unirait jusqu’à la mort.
    – Je n’aurai jamais d’enfants, Florence. J’ai plus de trente ans et l’homme que j’aime ne pourrait pas être leur père. Si tu veux, je peux te prendre officiellement comme petite sœur. Veux-tu de moi comme sœur aînée?
    Florence releva le front et la regarda d’un air sceptique. Elle plissa les yeux et se tut pendant de longues minutes avant d’éclater de ce rire cristallin qui avait

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