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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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autant en tirer le meilleur parti. Et le meilleur parti consiste à les utiliser à notre avantage. Il se trouve qu'une occasion s'est présentée. Si Yale nous déclare la guerre, nous lui ferons bien comprendre qu'il risque d'affronter la puissance de la France. Il n'avait certainement pas conscience de ce fait quand il a proféré sa menace. Or, comme nous ne voulons pas que le Siam paraisse esquiver ses responsabilités quand il est visiblement fautif, nous rejetterons carrément la responsabilité, en le faisant savoir haut et fort, sur les épaules de Sam White. Il recevra l'ordre de régler les dommages causés par Coates. S'il accepte, sa fortune — ou une bonne partie, je suppose — y passera, ce qui pour un homme si cupide est une punition suffisante ; et s'il refuse, il sera jugé ici à Ayuthia et sans aucun doute exécuté. Je nommerai alors un gouverneur français à Mergui et y installerai des garnisons françaises. Yale ravalera sa menace de guerre. Même les puissants Anglais y regarderont à deux fois avant de s'attaquer au grand monarque.
    — Et si White s'échappe ?
    — Alors il sera condamné à errer pour le restant de ses jours. Car il sera recherché pour trahison en Angleterre, en Inde et au Siam. Demarcora est sous la protection de la Compagnie. Ce sera une punition suffisante pour un homme qui rêve de se retirer comme gentleman-farmer dans le Somerset.
    — Et Coates ? s'enquit Ivatt. Il doit arriver ici dans un jour ou deux pour confesser ses crimes sur ordre de White.
    — Je ne le recevrai pas, Thomas. Au moins pas au début. Il n'y a rien de pire pour un homme prêt à se confesser que de se voir refuser un confesseur. »
    Phaulkon donnait l'impression que tout était facile, songea Ivatt. Il ne semblait même pas attacher d'importance à la menace française. « Pourquoi les Français ont-ils envoyé une armée si importante ? demanda-t-il. Ça m'étonnerait que leurs intentions soient amicales.
    — En effet. Ils veulent s'emparer du Siam. Le Roi-Soleil s'est forgé une réputation à travers toute l'Europe et il tient à l'étendre plus loin. Le soi-disant Défenseur de la Foi catholique cherche de grands trophées en Asie, et quel plus beau trophée que le Siam ? L'armée française est là pour convertir tous les Siamois, jusqu'au dernier, au catholicisme. » Phaulkon marqua un temps. « Par la force, j'imagine, si nécessaire. Les ambitions de la France sont le plus grand problème auquel nous ayons à faire face, Thomas. Bien plus grand que White ou même que Yale. Les Français veulent m'utiliser comme marchepied, c'est pourquoi ils m'ont fait comte de France. Si je néglige de les soutenir, ils tenteront de me renverser. Notre tâche sera très délicate. Nous devons encourager les Français en entretenant leurs espérances. Nous devons leur faire miroiter les fruits juteux de la possession tout en les maintenant hors de leur portée, comme dans le supplice de Tantale. Le Siam doit rester libre à jamais. Personne ne doit être autorisé à mettre ce beau pays sous le joug. Nous devons nous servir de la présence française pour dissuader les Hollandais et les Anglais tout en la contrôlant. La marge de manœuvre sera très étroite. C'est pourquoi j'aurai besoin de toi ici, Thomas. »
    Phaulkon se leva. « Je dois partir pour Louvo. Sa Majesté m'y attend. » Il sourit. « Nous fixerons une date pour ton investiture au mandarinat de deuxième classe. Mais que cela ne te monte pas à la tête, Thomas. Rappelle-toi ce qui est arrivé à White. »
    Ivatt eut un large sourire. « J'attendrai de voir comment il s'en sort avant de décider de ma conduite. Mais, dis-moi, combien de temps Sa Majesté restera-t-elle à Louvo ?
    — Oh, un certain temps, Thomas. Tu sais combien elle aime la chasse.
    — Et quand rentreras-tu ?
    — Demain au plus tard. Reste ici et repose-toi. » Il jeta un regard aux vêtements trop grands du petit homme. « A ce que je vois, il va aussi te falloir un tailleur. » Arrivé à la porte, Phaulkon se retourna. « Tu sais, Thomas, bien que je sois entouré de hordes d'admirateurs et de flagorneurs, d'hommes qui me jurent un dévouement éternel, il est possible que tu sois mon seul ami.
    — Sache de ton côté, Constant, que je te servirai jusqu'à ma mort. »
    22
    Les rameurs avaient l'air effrayé. Tous avaient la même idée en tête tandis qu'ils manœuvraient leur barque à fond plat vers la plage de Madras. Un de leurs collègues avait

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