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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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doigts. « Vous n'avez pas entendu parler de la proclamation de Sa Majesté le roi Jacques II ? »
    Ivatt le regarda sans comprendre. « Quelle proclamation ? » Il se sentit soudain mal à l'aise.
    « Monsieur Ivatt, bien que vous soyez au service du roi de Siam, vous êtes toujours anglais, je suppose ?
    — Oui, mais pourquoi cette question ? demanda Ivatt avec circonspection.
    — Parce que la proclamation royale que je viens de recevoir ordonne à tous les Anglais au service d'un prince étranger de quitter leur poste immédiatement et de se présenter à la colonie britannique la plus proche, ce qui dans votre cas serait Madras. De votre petit groupe de mandarins, monsieur Ivatt, il semblerait que seul M. Phaulkon ne soit pas concerné. » L'expression de Yale se fit grave. « Quiconque refuse d'obéir à cet ordre doit être arrêté et poursuivi. Je peux vous assurer que les peines sont sévères. Sa Majesté souhaite mettre un terme une fois pour toutes au fait que des citoyens britanniques servent des souverains étrangers dont les intérêts diffèrent immanquablement du sien. »
    Ivatt était abasourdi. Il maudit l'ironie du sort qui voulait qu'il apprit l'existence de la nouvelle loi de la bouche même de l'homme qui allait la faire appliquer. Le gouverneur allait-il vraiment le retenir prisonnier ?
    « Je viens d'envoyer à Mergui une frégate armée pour ramener tous les Anglais qui travaillent au service du Siam. Le commandant, le capitaine Weltden, a ordre d'arrêter tous ceux qui refusent d'obéir. Le Curtana a levé l'ancre hier seulement. Vous l'avez raté de peu. Quand avez-vous quitté Mergui, monsieur Ivatt ?
    — Il y a trois semaines.
    — Quel dommage ! Si vous étiez parti un peu plu ; tôt, vous auriez pu observer par vous-même avec quel sérieux je prends mes responsabilités. »
    Ivatt ravala son anxiété et regarda fixement Yale « Gouverneur Yale, je dois vous déconseiller forte • ment de me retenir ici contre ma volonté. Je suis ur mandarin siamois de haut rang, le bras droit de sor Premier ministre, et j'ai un accès direct à Sa Majesté le roi. Le seigneur Phaulkon considérerait ma détention, de même que celle de tout autre officiel du gouvernement siamois, comme un acte hostile. Les répercussions seraient de grande portée. Le règlement de la compensation par le Trésor serait certainement retardé, voire annulé. »
    Yale le contempla. « Dites-moi, monsieur Ivatt, en tant que citoyen britannique, pourquoi voudriez-vous défier un ordre royal ? N'êtes-vous pas fidèle à votre roi et à votre pays ?
    — Si fait, Votre Excellence. Le Siam est ma patrie et le roi siamois mon souverain. Puisque je suis sur le point d'être injustement arrêté par le pays qui m'a vu naître pour avoir commis une infraction dont je n'ai pas connaissance, je renonce présentement à ma nationalité. Je deviendrai un sujet siamois à part entière, ce à quoi mon mandarinat me donne droit.
    — Renoncer à votre nationalité ? » Yale paraissait sincèrement atterré. « Mais c'est non seulement illégal, c'est aussi grotesque ! Où est passée votre loyauté, monsieur ?
    — Votre famille n'a-t-elle pas également quitté l'Angleterre, gouverneur ?
    — C'est tout à fait différent, monsieur Ivatt. Elle s'est rendue en Nouvelle-Angleterre où je suis né. Il ne s'agit pas d'un pays étranger. Ce n'est qu'un morceau du vieux pays imbu d'idées nouvelles. J'ai la ferme intention d'y retourner un jour. » Il jeta à Ivatt un regard hautain. « Je ne suis pas un traître, monsieur.
    — Moi non plus. Un traître est quelqu'un qui se retourne contre son pays. Je ne me retourne pas contre le mien. Je ne fais qu'en choisir un autre. Je vis au Siam depuis sept ans maintenant, j'en parle la langue et j'aime son peuple. Je suis devenu siamois en esprit. Je le deviendrai dans les faits. Si vous m'arrêtez maintenant, gouverneur, il s'agira de votre part d'un acte illégal. »
    Yale haussa les épaules. « Illégal ? La loi, ici, c'est moi, monsieur Ivatt. Je dispose en ce lieu des pleins pouvoirs judiciaires.
    — En vertu desquels il semblerait que vous ayez pendu votre valet. Ou plutôt votre pirate. Une interprétation très commode de la loi et dont vous aurez peut-être à répondre un jour. » Ivatt vit que Yale se raidissait et sut qu'il avait fait mouche. Il poussa son avantage. « Je crois comprendre que votre prédécesseur, le gouverneur Gvfford, fait l'objet d'un procès pour

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