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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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père Brouet au sujet de la santé de Sa Majesté.
    « Qu'il en soit donc ainsi, dit Sa Majesté d'une voix enrouée. Les émissaires français seront invités à débarquer aux conditions précédemment stipulées. S'ils les acceptent, ils seront reçus avec tous les honneurs qui leur sont dus. On ne regardera pas à la dépense, et nous-même recevrons en audience les chefs de leur délégation. Vichaiyen, vous avez l'autorisation de leur offrir les installations portuaires de Bangkok et de les informer que nous mettons nos infirmières à leur disposition pour s'occuper de leurs malades. Nous rassemblerons leurs troupes dans le fort afin de mieux les surveiller. Et nous les accueillerons à bras ouverts en prétendant ignorer leurs intentions réelles. Nous vous remercions de votre sagesse, Vichaiyen, et recommandons que vous prépariez le terrain dans le moindre détail avec Sunida avant le débarquement des troupes. Sachez aussi, Vichaiyen, que nous sommes satisfait de savoir qu'un pont aussi solide que vous se tient entre les intérêts français et les nôtres.
    — Puissant Seigneur et Souverain, votre bonté est sans limites », dit Phaulkon, à la fois touché et soulagé que les choses aient repris leur cours.
    « Veillons donc ensemble à ce que l'ancienne souveraineté du Siam soit maintenue encore quelques millénaires. L'audience est levée. »
    Une sonnerie des trompettes et un fracas des cymbales annoncèrent le départ de Sa Majesté. Phaulkon et Kosa sortirent respectueusement de la salle en rampant à reculons.
    Comme d'habitude, Phaulkon sentit un frisson le traverser lorsqu'il s'approcha de la porte de Sunida et vit qu'elle avait été laissée entrouverte. Elle devait avoir appris qu'il se trouvait avec le Seigneur de la Vie plus tôt que prévu.
    Une petite Eurasienne aux grands yeux et à la peau soyeuse, vêtue d'un minuscule sarong bleu, surgit en courant de derrière la porte et sauta dans ses bras. Ses anneaux de chevilles tintèrent agréablement lorsqu'il la souleva. Aucun enfant siamois ne pouvait se sauver bien loin avec ce bruit qui le suivait partout, songea-t-il. Elle tira affectueusement son menton et pouffa de rire. « Surplise », répétait-elle joyeusement, à peine capable de prononcer le mot. Il rit. Il adorait sa fille.
    Il serra Supinda contre lui et la porta dans l'appartement où une gouvernante royale se prosterna immédiatement. La pièce était peu meublée, mais avec goût. Mis à part les divers instruments de musique qui avaient autrefois accompagné les activités de Sunida, il y avait un cabinet laqué d'or, deux paravents de bambou et une courtepointe de coton à même le sol. Deux grandes tapisseries birmanes ornaient les murs. L'appartement était situé au premier étage du palais, juste à l'entrée du dédale de couloirs qui sillonnaient le harem royal, ce qui permettait à Phaulkon de rendre visite à Sunida sans passer par le quartier des femmes, strictement interdit à tous excepté aux essaims d'eunuques et à la ribambelle de pages impubères.
    « O toi, descendante d'une déesse et d'un aventurier, dit Phaulkon en chatouillant les pieds de sa fille, comment te portes-tu aujourd'hui ? »
    Supinda passa ses petits bras potelés autour de son cou et le serra. Bien qu'elle n'eût que quatre ans, il retrouvait beaucoup de Sunida en elle, surtout les pommettes hautes et les grands yeux en amande. Il continua à jouer avec elle un moment, la lançant en l'air tandis qu'elle poussait des cris de joie, jusqu'à ce que la toux discrète de la gouvernante l'avertît que c'était l'heure du repas.
    S'il la lui remit avec regret, elle ne montra aucun signe de mécontentement. Les enfants siamois étaient entourés d'une telle affection qu'ils avaient rarement l'occasion de se sentir négligés ou abandonnés : il n'était pas rare qu'ils fussent élevés par la famille étendue. Alors que Phaulkon regardait partir sa fille, Sunida se dressa dans l'embrasure de la porte telle une grande déesse exotique.
    Chaque fois, sa beauté lui coupait le souffle. Ses longs cheveux noirs, récemment lavés et parfumés, ruisselaient en une sombre cascade jusqu'à ses reins, et le haut de son panung de soie multicolore moulait sa taille dont il soulignait l'étroitesse. Sa peau lisse et sans défaut, couleur de teck clair, était aussi douce que la soie. Un châle de coton couvrait nonchalamment ses seins, non par un quelconque sentiment de pudeur mais parce qu'elle savait que

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